La transhumance est un fléau pour la démocratie, en ce qu’elle instrumentalise les élus en quête de quelques avantages matériels et de promotion politique, affaiblit les oppositions dont les élus sont à la merci des majorités au pouvoir. Elle fragilise, aussi, les équilibres et les contrepoids nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie, cultive et entretient l’immoralisme en politique. Choses qui ne semblent pas poser de problèmes aux politiques maliens.
C’est ainsi que des nouveaux députés ont d’ores et déjà retourné leurs veste. C’est le cas des honorables : Souleymane Seydou Ouattara, député Parena élu à Kadiolo et Fatoumata dite Tenin Simpara, députée CNID élue en Commune I. Tous deux quittent leurs partis au profit de l’ADP-Maliba (mouvance présidentielle). Ces transhumants politiques donnent ainsi l’impression qu’il n’y a point de salut en dehors d’une proximité avec le pouvoir en place. Comment dans ces conditions, bâtir une nation, lorsque les fondations restent chevillées à des convictions frivoles, ballottées au gré du vent ? En effet, lorsque la population perd toute confiance et tout respect envers ses dirigeants politiques, le spectre de l’anarchie, de la désobéissance civile, du désordre et du chaos social guette.
Or, lorsque les citoyens constatent que des élus qui se sont présentés sous les couleurs d’un parti et en défendant les principes et le programme de ce parti, rompent en quelque sorte ce « contrat moral » et renient leurs présumées convictions d’hier pour adhérer à un parti qu’ils dénigraient auparavant, on peut comprendre que cela alimente le cynisme. Des réflexions doivent être vite menées pour trouver une solution à ce cancer de notre démocratie. Et rien qu’à voir la manière dont le transhumant est élu, il n’est pas acceptable qu’on lui laisse cette possibilité de transhumer sans la déchéance du mandat sollicité par le parti ou le regroupement des partis politiques et accordé par l’électeur.
Madiassa Kaba Diakité