Ils sont lourdement armés et très bien entraînés pour faire face à n’importe quel assaut militaire.
Le Sahel se transforme en véritable bourbier. Selon une étude du Centre de recherches sécuritaires américain, AGWoold, le nombre des terroristes activant au Sahel s’est multiplié par 20 entre 2010 et 2012.
Selon cette étude, de 300 à 500 en 2010, on est passé à plus de 6 000 terroristes, équipés et entraînés en 2012. Une véritable aubaine pour les troupes d’Al Qaîda au Maghreb islamique qui veut implanter des principautés théologiques dans la région. Mais comment se recrutent les terroristes dans cette région notamment au nord du Mali? «Nous sommes beaucoup d’Africains venus d’un peu partout rejoindre les moujahidine à Gao», affirme un jeune Ivoirien à l’AFP. Ce jeune change même de prénom et se fait désormais appeler
Ahmed El Guédir. Il fait partie des centaines de recrues dans cette ville du nord du Mali contrôlée par les islamistes radicaux.
Des jeunes Ouest-Africains en armes débarquent à Gao en provenance du Gourma, une province de l’est du Burkina Faso, pays voisin du Mali mais aussi des Sénégalais. Selon l’agence française, en moins de deux jours, plus de 200 Africains, âgés en moyenne de 16 ans, ont été enrôlés par le Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Les nouvelles recrues sont regroupées dans deux camps de la ville et doivent subir une formation militaire et religieuse, explique l’un des chefs terroristes dans la région. Des centaines de combattants de Boko Haram, groupe islamiste radical à l’origine de nombreux attentats au Nigeria, sont actuellement présents dans le nord du Mali aux côtés des islamistes, selon Bilal Hicham, un des dirigeants du Mujao à Gao. «Il y a ici des Maliens, des Somaliens, des Ivoiriens, des Sénégalais, des Ghanéens, des Gambiens, des Mauritaniens, des Algériens, des Guinéens, des Nigériens, il y a tous les musulmans ici», affirme-t-il à l’AFP, ajoutant que pour un musulman, il n’y a pas de nationalité ni de frontière. Originaire du Niger voisin du Mali, Bilal Hicham est le premier Noir à diriger une katiba, brigade de combattants, dans le Nord-Mali. «Il va y avoir d’autres Noirs (à la tête de katiba). Le monde est le même pour les musulmans noirs, blancs ou d’autres couleurs», dit-il.
«Le président du Niger (Mahamadou Issoufou) parle de nous attaquer. Dieu seul sait. 40% de nos effectifs sont des Nigériens. Le jihad, s’il plaît à Dieu, on va l’amener rapidement au Niger», menace-t-il encore.
M. Issoufou s’est déclaré favorable à une intervention militaire dans le nord du Mali, envisagée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), pour chasser les islamistes.
Bilal Hicham évacue ce risque en lançant: «Quelle force est plus forte que celle de Dieu? Qu’ils viennent nous bombarder.» «Nous sommes tous des musulmans, en tout cas à plus de 90% dans la sous-région (ouest-africaine). Nous pouvons parler entre nous pour trouver une solution. Mais si quelqu’un décide d’utiliser la force, alors la force de Dieu sera plus forte», estime-t-il. Pour lui, le jihad doit aller partout en Afrique de l’Ouest. Il se dit d’ailleurs prêt à poser des bombes dans des pays d’Afrique de l’Ouest «si c’est nécessaire».
Le Mujao et Ansar Eddine (Défenseurs de l’Islam), tous deux alliés à Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), contrôlent depuis fin mars les trois régions administratives du nord du Mali, Gao, Tombouctou et Kidal, après avoir évincé les rebelles touareg laïcs et sécessionnistes.
Ils ont commencé à y imposer la charia et ont détruit à Tombouctou des mausolées de saints musulmans, provoquant l’indignation au Mali et à l’étranger. Pour leur part, les habitants de Gao se sentent abandonnés et s’accommodent tant bien que mal de la présence des islamistes radicaux sur leur territoire.
Hormis les banques et quelques bâtiments détruits lors de la prise de la ville fin mars et les séquelles des combats de juin à proximité du Palais du gouverneur, Gao présente un visage presque normal, sauf qu’on n’y trouve plus un seul bar ou hôtel, tous fermés par les islamistes.