Les démocrates et les pseudos patriotes ont une grande responsabilité dans la descente aux enfers de l’armée malienne. Ils n’ont rien pu faire que de laisser un pays sans armée.
La date du 20 janvier est inscrite, en lettres d’or, depuis 1961 dans les annales de l’histoire de la République du Mali. Un jour de gloire et de liberté ! Une date mémorable non seulement pour les forces de défense et de sécurité mais aussi pour tous les Maliens qui saluent ainsi l’expression de la fierté nationale. En témoignent les festivités en grande pompe d’hier et l’adresse à la nation du Président de République Ibrahim Boubacar Keita au journal de 20 heures.
En effet, les Forces Armées du Mali(FAMA) ont soufflé leurs cinquante troisième bougies, hier 20 janvier 2014. 53 ans est naturellement une belle occasion pour la nation tout entière, de rendre une fière chandelle à son armée, et de jeter un regard rétrospectif en vue de se mettre à l’abri des erreurs du passé.
Faut-il rappeler que 53 ans est un bel âge. Certes un âge de la maturité, mais il est également celui qui autorise de frapper à la porte de la sagesse. Du haut de cet âge, Maliennes et Maliens se doivent d’analyser en toute froideur les forces et les faiblesses, les victoires et les défaites de son armée ; les causes et les conséquences de son effondrement afin de tirer les meilleurs enseignements.
Si le peuple du Mali vouait une estime inégalée à son armée jusque dans un passé récent, c’est parce qu’elle a fait preuve de patriotisme, de courage et d’abnégation en tous temps et en tous lieux. Ce fut une armée patriotique, une armée de métier avec un sens élevé du devoir.
Mais hélas depuis une bonne vingtaine d’années, notre armée à l’image de tous les autres secteurs de la vie socioéconomique de notre pays a commencé à péricliter. C’est la décente aux enfers sans précédent.
Les événements tragiques de 2012 qu’il est inutile de rappeler ici, illustrent à souhait, l’état mental et physique de notre armée Nationale. D’où la question suivante. Comment l’armée la plus puissante et combattante en Afrique Francophone s’est-elle muée en une armée d’opérette. Cette question trouve sa réponse dans la façon par laquelle les autorités politiques de 1992 à nos jours ont dirigé l’armée.
Malgré ce qu’on peut reprocher à la première et à la deuxième République en termes de déficit démocratique et de libertés fondamentales, c’est bel et bien sous le régime des pseudo-démocrates, patriotes, convaincus et sincères que l’armée malienne a commencé sa descente aux enfers au point que certains observateurs avisés parlent de trahison du peuple par son élite.
Les causes de cette tragédie sont connues de tous et ont pour noms : la collision entre les groupes armés de Kidal et les mouvements de contestation à Bamako, la corruption et le favoritisme, le recrutement contre toutes règles d’éthique et de déontologie, les nominations anarchiques, l’abandon de tout programme de renouvellement et d’entretien des équipements, le sabotage des programmes dans les centres d’instruction et le tout couronné par l’absence notoire de toute notion de discipline qui fait sous tous les cieux, la force principale d’une armée.
Nos pseudo-démocrates n’ont eu rien de mieux à faire que de laisser un pays sans armée, sans école, sans ….
En cela, un homme politique bien connu de notre pays rappelait et de quelle belle manière à l’occasion de l’élection présidentielle passée que ceux-ci n’ont pas suffisamment médité ce passage du discours prononcé par un ancien premier Britannique, Winston Churchill le 12 octobre 1942 : « Lorsque des gens pacifiques ; en temps de paix ne se préoccupent nullement de leur défense, lorsque des nations et des peuples sans soucis et confiants, je dirai imprudents, méprisent l’art militaire et croient la guerre unique pour qu’elle puisse jamais revenir, lorsque ces nations sont attaquées par des conspirateurs hautement armés et lourdement organisés, qui depuis des années complotent en secret, célébrant la guerre comme la forme la plus élevée de l’effort humain, glorifient le meurtre et l’agression, préparés et entrainés jusqu’aux limites permises par la science et la discipline, il est dans l’ordre naturel des choses que ces nations imprévoyantes souffrent terriblement et que les agresseurs intrigants et cruels donnent libre cours à leur exultation sauvage ». A vous de juger.
Idrissa I. MAIGA