De par sa position géostratégique, l’Algérie est un allié incontournable de notre pays pour la paix et la sécurité dans le nord. De ce fait, son rôle est déterminant dans les négociations en cours entre le gouvernement et les groupes armés.
En visite de travail en Algérie le week-end dernier, le président de la république, Ibrahim Boubacar Kéïta donnera du souffle nouveau aux relations entre nos deux pays. Sur place, IBK s’est investi à faire entendre la voix du Mali et surtout solliciter le pays de Bouteflika pour la résolution de la crise que traverse le Mali. Dans la capitale algérienne, il a été question de sécurité face à la présence des groupes armés du septentrion. C’est pour marquer le retour de l’Algérie dans la gestion de la crise du nord qu’elle a eu à traiter par le passé. De l’accord de Tamanrasset à celui d’Alger, il s’agit de voir ce qui a marché et ce qui n’a pas évolué pour créer les conditions d’une paix définitive. Dans cette optique, les différents groupes armés, notamment, le Haut conseil de l’Unité de l’Azawad (Hcua), le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), le Mouvement arabe de l’Azawad (Maa), les Forces patriotiques, républicaines (Fpr) vont tenter d’accorder leurs violents. Mais, l’on est en droit de se demander qu’adviendra l’accord de Ouagadougou parrainé par la communauté internationale. Est-ce désormais c’est l’Algérie qui va conduire les négociations entre groupes armés et gouvernement? Si l’on s’en tient aux déclarations faites récemment au Maroc par le ministre des Affaires étrangères, Zahaby Ould Sidi Ahmed, les négociations se feront désormais en terre malienne. En tout cas, le retour en catimini de l’Algérie dans la question du nord est interprété différemment et montre sa totale mainmise sur les acteurs de la crise. D’aucuns se demandent, qu’est ce qui explique le silence de ce pays pendant tout au long de l’occupation. Mieux, à la veille de la signature de l’accord de Ouagadougou, l’émissaire du Mali, Tiébilé Dramé, devrait rencontrer les autorités algériennes. Mais, celles-ci n’avaient pas montré de signes d’ouverture.
Que de points d’interrogations?
La présence de l’Algérie dans ce dossier remonte à plusieurs années et confirme, si besoin en est, son poids pour la paix et la sécurité dans le sahel. Ce pays voisin dispose des forces aguerries, capables de faire face à la menace terroriste. Car, l’Algérie, c’est d’abord l’armée régulière bien formée, mais aussi un grand nombre de réservistes et une multitude de malices dans les villages et hameaux. Ce qui donne au pays de Bouteflika une certaine marge de manœuvre dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et pour tout besoin d’assistance à apporter aux pays voisins comme le nôtre à garantir sa sécurité dans la partie septentrionale où l’Etat est quasi absent. Un autre détail important, nombre de leaders de la rébellion ont des ramifications dans l’Algérie; car, il est difficile de faire la différence entre un habitant des deux Tinzawaténes. C’est pourquoi, l’Algérie s’intéresse à la question. Sa connaissance du terrain et la familiarité de ses troupes avec les conditions climatiques du nord compte beaucoup encore. Pendant longtemps, le leader d’Ansardine, Iyad Ag Aghaly, a été le protégé d’Alger. Idem pour l’un des leaders du Hcua, Algébass Ag Intallah, qui a eu le soutien de l’Algérie, mieux sa mère est de ce pays. D’ailleurs, certains observateurs estiment que c’est sur insistance de ces deux vétérans que l’Algérie a accepté de parrainer les pourparlers. Du coup, les apprentis sorciers du Mnla se voient isolés et condamnés à reconstituer leurs positions. Dans la foulée, il faut mettre toutes les forces au même niveau de responsabilité. C’est là où les représentants des forces patriotiques peuvent apporter leurs contributions; eux qui ont été toujours marginalisés. Alors qu’ils constituent l’écrasante majorité de la population du nord. De nos jours, l’Algérie a compris la place de ses forces et l’obligation morale qui reste la sienne dans la restauration définitive d’un climat de paix et de sécurité pour tous au Nord.
D’autres interrogations: celle de savoir comment est ce que les pays comme le Maroc et la Mauritanie vont interpréter ce retour d’Alger dans la gestion de la crise du nord? Le premier a pourtant la ferme intention de peser dans la balance, alors que le second abrite les bases du Mnla.
En clair, l’Algérie s’impose comme l’interlocuteur le plus crédible pour la sortie de crise; puisqu’elle est écoutée et maitrise mieux les enjeux.