Dans une contribution qu’il nous a envoyée, le président du parti Avenir et développement du Mali (ADM), Madani Amadou Tall donne une véritable leçon religieuse au Jihadistes qui nous parlent de Charia au Nord-Mali. Nous proposons le document.
Mon premier propos est :
Alif : Hors Dieu tout est relatif.
Lam : Le Coran est un livre révélé.
Mim : Tout le reste n’est qu’interprétation humaine, normative et relative.
N’étant qu’un simple musulman et convaincu que l’humain est fait pour se tromper j’invite chacun à me compléter ou me corriger. Et m’excuse par avance de mes erreurs.
L’époque avant le Prophète s’appelait «Jahilya» (ignorance), ainsi le plus grand mal pour l’homme est l’ignorance. Inversement le savoir son plus grand bien.
Or c’est l’ignorance qui pousse certains faire de la Charî’a un instrument de répression et de pouvoir et de dogme. Or c’est le savoir qui justifie le Khalifa d’Adama (voir Baqara).
Du peu que je sais, Dieu exerce avant tout sa Miséricorde sur l’homme, le Rahmatoullahi qui maintient l’univers et préserve l’humain, malgré nos multiples péchés. L’homme dans son Khalifa, ne peut qu’imiter cela à travers le pardon et la générosité.
Du peu que je sais, dans le Saint Coran, la Charî’a n’est pas qu’une loi, mais le chemin du bon musulman. Ainsi, c’est l’homme qui a ramené cela à une simple loi. Cette loi n’est pas plus divine que toute autre chose créée, puisque tout vient de Dieu.
La Charî’a composé de l’lm ut-tawhid (système théologique), du Tasawwuf (chemin de bienfaisance) et du Fiqh (système législatif), son interprétation reste une opinion humaine de ce que l’homme pense que Dieu veut, mais ne saurait définir la Volonté Divine.
Dans sa partie purement législative, la Charî’a résulte d’un système normatif résultant uniquement d’opinions humaines provenant de nombreuses sources, donc relatives.
Aujourd’hui, lorsque l’on parle de «charia» c’est de ce composant juridique qu’il s’agit (le Fiqh). Qui s’appuie sur des fondements immuables (Al ‘Ibadat) et des préceptes relatifs aux interactions humaines (Al Mu’amalat) pour former la loi et la jurisprudence musulmane.
Ainsi, si la Charî’a est immuable, PERSONNE du peu que je sais ne peut affirmer que le Fiqh (partie juridique) soit aussi immuable puisqu’il se fonde sur l’Ijtihad (effort d’interprétation). Ainsi, qui peut affirmer avoir la bonne interprétation s’il n’est pas prophète lui même?
Du peu que je sais, le Fiqh est assis sur les hadiths et la sunna qui découle non pas de l’absolu, mais du Ijma (consensus) et du Qiyas (raisonnement par analogie).
En plus de l’effort d’interprétation et du raisonnement dans l’application du Fiqh de la Charî’a, il est demandé :
De relativiser (Istihsân) tout élément dans son contexte de temps, de lieu et de circonstance. Et on veut couper des mains au XXIème siècle ?D’intégrer les coutumes (Ma’rouf et Taqlid) et les pratiques en vigueur (Istihsâb). Et on veut changer la tradition de tolérance notre pays ?De toujours considérer l’intérêt général (Istislâh). Et une poignée d’hommes prétendent représenter l’Islam, sans Khalifa reconnu.
Comment peut on ainsi concevoir que certains prétendent détenir la vérité absolue quant à l’application de la Charî’a au Mali, alors qu’ils ne sont pas certains d’être dans la Sunna, Tasawwuf ? De quelle prétention découle cette affirmation de maitriser l’usul ud-din ?
Du peu que je sais, nul hors les Prophètes (PSSE) maitrisent l’lm ut-tawhid. Pourtant, dans notre pays certains prétendent appliquer LEUR loi sans faire l’effort du raisonnement.
Du peu que je sais, les sentences se divisent en peines modulables (Ta’zîr) et peines prescrites par le Coran (Hudûd). Or il n’y a que 7 crimes Hudud (Zina, qadf bil zina, sariqa, qat al tariq, ‘isyan, rida, et surb al hamr), je préciserais juste que le Surb al Hamr est la boisson d’alcool dont beaucoup de Jihadistes devraient se répentir…
Ainsi, dans le Saint Coran, du peu que je sais, il n’y a que 7 crimes pour lesquels une sentence est prescrite. Pourtant même pour ces 7 crimes Dieu donne le choix d’appliquer des peines clémentes.
Le seul crime ou le Saint Coran mentionne la peine de mort est contre «ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s’efforcent de semer la corruption sur la terre» et même là il laisse le choix de bannir. Mais l’homme préfère toujours tuer.
Du peu que je sais, dans le saint Coran, il n’y a pas de crime pour lequel le regret n’entraine pas le pardon. Toutes les sourates qui mentionnent une punition mentionnent le pardon.
Ainsi, le Prophète (PSL) pardonnait. L’Islam est pour toutes les époques, les hommes font de la Charî’a ce qu’ils veulent. Dans des société peu évoluées comme l’Arabie du VIème siècle, il est Il est adapté aux coutumes (ma’rouf) tout en faisant preuve de raisonnement (jtihad). Au XXIème siècle il faut aussi s’adapter au contexte (Istihsân), ce n’est pas moi qui le dit c’est sur la base de Hanbali, Anafi, Muslim, Buqari, Malick et tous les savants que vous connaissez mieux que moi.
Ainsi, l’esclavage qui est codifié dans la Charî’a parce qu’il existait, il y a mille ans, doit-il encore être à l’ordre du jour, sans que les Thiam et les Sow se révoltent ?
Un malékite peut dire «il faut tuer», un hanbalite peu dire «cela est discutable». Après cela chaque juge agis selon sa conscience, mais même le juge ne pourra échapper au jugement de Dieu.
Quand ils coupent une main, sont t-ils plus musulmans que le Saint Khalife Omar Ibn Al Kattab qui refuse de le faire ?
Quand, ils lapident à mort, sont-il plus sages que le Prophète qui refuse de le faire et récrimine ceux qui l’ont fait ?
Ainsi, je pose la question, de quoi parle t-on lorsque l’on veut appliquer la Charî’a au Mali ? Qui est l’Ouléma qui viendra nous expliquer que le Mali n’est pas un pays musulman et que Dieu ne lui permet pas de vivre selon les lois civiles et laïques ?