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Nord du Mali: le Mujao a marchandé la libération des otages européens
Publié le vendredi 20 juillet 2012   |  RFI


Mali
© AFP par DR
Mali : Les 3 otages européens libérés évacués au Burkina
Jeudi 19 Juillet 2012. Burkina Faso, Gorom-Gorom Les deux coopérants espagnols, Enric Gonyalons et Ainhoa Fernández Rincón, et l`Italienne Rossella Urru


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Les trois otages européens ont été libérés au Mali, en échange de la libération de trois islamistes. Ils sont arrivés, jeudi 19 juillet, « sains et saufs » au Burkina Faso et sont aussitôt repartis à bord de deux avions pour leurs pays respectifs. « Il y a eu une contrepartie, ça a été libérations contre libérations », a indiqué la médiation burkinabè.

A leur arrivée à Ouagadougou, à bord d’un avion militaire burkinabè, les ex-otages étaient visiblement très fatigués : deux femmes – une Espagnole et une Italienne – et un homme d’origine espagnole. Celui-ci était blessé ; « il y a un moudjahidine (combattant) qui a tiré sur lui de façon délibérée », a déclaré un membre de la médiation burkinabè. Fatigués mais soulagés, ils ont remercié le Burkina Faso qui a mené les négociations. Ils ont ensuite embarqué, avec des membres des services de renseignements de leurs pays, dans deux avions qui les ont ramenés chez eux.
Rossella Urru
Ex-otage italienne

Les deux coopérants espagnols, Enric Gonyalons et Ainhoa Fernandez Rincon ainsi que Rossella Urru avaient été enlevés le 23 octobre 2011 près de Tindouf, dans l’ouest de l’Algérie – région qui est le fief des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.

Depuis cinq mois, ils étaient séparés jusqu’à ce mercredi 18 juillet, jour où les émissaires du Burkina Faso sont venus les récupérer. Ils se trouvaient alors près de la grande ville de Gao, dans le nord du Mali, fief du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) – groupe allié d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) – qui les a enlevés.

« Libérations contre libérations »

Mohamed Ould Hicham, un dirigeant du Mujao, avait affirmé, mercredi 18 juillet, que ces libérations avaient été obtenues, en échange de celles de trois prisonniers islamistes « dans un pays musulman » qu’il n’avait pas cité et du paiement d’une rançon dont il n’a pas donné le montant.

Un membre de la médiation burkinabè a confirmé, ce jeudi, qu’ « il y a eu une contrepartie, ça a été libérations contre libérations » sans toutefois confirmer s’il y avait eu rançon, assurant n’avoir aucune information sur cette question.

Trois islamistes ont donc été ainsi libérés : deux Sahraouis qui avaient été arrêtés à Nouadibou, en Mauritanie, peu de temps après l’enlèvement des trois Européens. Ils étaient précisément suspectés d’être impliqués dans le rapt des deux Espagnols et de l’Italienne. Le troisième islamiste, lui, «doit être libéré au Niger » a indiqué le membre de la médiation burkinabè, sans préciser de date.

Une rançon aurait été versée

En une dizaine de jours, le Mujao a réussi une opération financière juteuse, même si, dans ce genre d’affaires, personne ne veut jamais confirmer le paiement de rançon et qu’il est également extrêmement difficile de connaître le montant de ce type de transaction. On peut probablement, sans trop se tromper, avancer le chiffre de plusieurs millions de dollars. Le Mujao, lui, évoque la somme de 15 millions d’euros, une allégation qui a peu de chance d’être confirmée de source officielle.

La première opération s’est déroulée le week-end dernier lorsque les islamistes du Mujao ont relâché trois des sept diplomates algériens, capturés à Gao. Alger affirme qu’il applique toujours le sacro-saint principe du refus de tout paiement de rançon. Pourtant, selon des sources diplomatiques régionales, il y aurait eu remise d’argent par l’entremise d’un grand commerçant du Sud-saharien qui a donc joué les banquiers. En échange, le Mujao a obtenu également la libération d’un groupe d’islamistes algériens et d’arabes maliens qui étaient détenus en Algérie pour suspicion de collaboration avec les terroristes d’Aqmi, installés au Mali.

Selon le correspondant de RFI, Serge Daniel, qui revient tout juste de Gao, quelques jours avant la libération des trois Européens, il y avait un véritable remue-ménage dans la ville malienne. Il fait état notamment d’un impressionnant dispositif de sécurité qui était visible autour d’un bâtiment par où, peut-être, ont transité les otages avant leur libération.

Il souligne, par ailleurs, que le chef des islamistes de Gao, Abdel Hakim, a directement participé au processus de libération et qu’une rançon, dont le montant exact n’est pas connu, a été versée aux ravisseurs. Au départ, ils exigeaient 30 millions d’euros pour libérer les deux femmes du groupe.

Aujourd’hui, dans le Sahel, et après les libérations de mercredi, onze otages, dont six ressortissants français, sont toujours aux mains d’islamistes.

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