Dans le nord du Mali, c’est ce vendredi 20 juillet que commence le mois de jeûne islamique. Un ramadan qui commence avec un goût amer pour les habitants de la région. Après six mois de violences, la population de Tombouctou soumise au diktat des islamistes armés s’attend à vivre l’un des ramadans les plus difficiles de sa longue histoire.
Déjà oppressés par les islamistes, une grande majorité de Tombouctiens craignent que les hommes d’Aqmi et des autres groupes utilisent le Ramadan pour imposer un peu plus leur charia.
Les « fous de Dieu », comme les surnomme un artisan, ont déjà prévu de contrôler les imams : « La ramadan est très, très difficile, parce que depuis quatre mois on est otage d’Aqmi, d’Ansar Dine, du Mujao. Ils vont envoyer des gens dans les mosquées qui contrôlent les imams. Tout imam qui ne connaît pas son rôle, ils vont le changer. C’est ça les grands problèmes. Quand ils viennent dans les mosquées, il viennent avec des armes, des grenades. Donc, vraiment, on ne pense pas que ce sont de bons musulmans ».
Autre difficulté pour ce ramadan : l’alimentation. La présence des hommes en armes bloque tout acheminement de vivres, et l’économie de Tombouctou est au point mort.
« Ce sera vraiment l’un des ramadans les plus difficiles, explique cet artisan. Le mil est excessivement cher ici. Les autres produits sont là, mais il n’y a pas d’argent. Et c’est vraiment difficile. Mais que faire ? On n’a pas du tout d’espoir. Ce que nous, nous souhaitons aujourd’hui vraiment, c’est que Dieu nous donne la force pour faire face à ce ramadan, jusqu’à sa fin ! »
Dans Tombouctou déserté, un doyen resté seul, qui entame son soixantième ramadan, conclut : « Dans l’islam, toute chose a une fin. On espère donc que cette sale période va finir bientôt. Comme ça, la paix reviendra ».