Laïcité du Mali en péril : Le ministre délégué chargé des affaires religieuses et le président du haut conseil islamique font le lobbying d’une république islamique
La laïcité de la République du Mali est en danger de mort. Le ministre délégué chargé du Culte et des affaires religieuses, Tierno Amadou Omar Hass Diallo, et le président du Haut conseil islamique, Mahamoud Dicko, en sont les premiers bourreaux. Ils y travaillent.
Le week-end dernier, ces deux personnalités ont, sur RFI, démontré, à travers leurs propos, que leur mission est de tuer la laïcité du Mali et d’instaurer une République purement islamique. Au Mali on nous a, de tout le temps, enseigné que le rôle d’un Etat qui se dit laïc est de rester neutre vis-à-vis des convictions religieuses et qu’il n’a pas de religion. Notre Constitution, en son article 25, le précise : « Le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale ». C’est désolant de voir aujourd’hui que les artisans d’un Mali islamique s’attèlent à faire de cette religion l’identité politique même de notre pays. « Aucun article de la Constitution malienne n’empêche les religieux de se mêler de la politique », dixit Mahamoud Dicko.
En effet, sur RFI, ce dernier a clairement dit qu’en sa qualité de leader religieux, il a bel et bien «le droit et le devoir » d’influer sur la politique du Mali. Avant de dire qu’il ne voit pas le mal dans le fait d’indiquer un choix politique aux fidèles. « S’il faut leur dire un choix judicieux en matière politique, il faut le faire. Je ne vois pas en quoi cela est un mal », a soutenu l’imam Dicko. Il est certes vrai que les musulmans constituent environ 90 % de la population malienne. Il ignore certainement, lui qui croit que l’islam est le plus grand parti politique du Mali lorsqu’il remplit un stade, que l’islam n’est apparu au Mali qu’aux XIe siècle, bien après que les grands empires aient atteint la cime de leurs civilisations.
Quant au ministre délégué chargé du Culte et des affaires religieuses, Tierno Amadou Omar Hass Diallo, on se pose réellement des questions à son sujet. D’un, il a une définition totalement biscornue de la laïcité de l’Etat, lorsqu’il soutient : « Le Mali est un Etat laïc lié avec les religions ». Cela sous entend que la religion est liée à la gestion de l’Etat. Selon l’entendement du ministre, la croyance religieuse ne relève pas de la sphère privée, un État laïc est un État athée. De ce fait, l’Etat intervient dans la religion du citoyen ; la religion intervient dans le fonctionnement de l’Etat, vice-versa. Où va donc le Mali laïc ? Pourquoi le ministre, représentant de l’Etat, se permet de défendre que la laïcité est le refus des religions, que c’est la critique méthodique et la mise en cause des religions ?
Si leur mission est d’instaurer une République laïque, ils mènent une fausse lutte, parce que « la forme républicaine et la laïcité de l’Etat ainsi que le multipartisme ne peuvent faire l’objet de révision », dit article 118.