C’est ce jour que les députés sont convoqués en session extraordinaire par le président de la République. Ils auront à élire leur président et le bureau parlementaire. Pour le perchoir, alors que le nom du député élu à Ténenkou et doyen de la présente législature, Abdrahamane Niang, était le plus cité, c’est finalement le beau-père de son fils, Isaac Sidibé député élu à Koulikoro, qui a été choisi pour occuper le poste, deuxième personnalité du pays. La monarchie des Keïta est en marche.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a convoqué en session extraordinaire la nouvelle Assemblée nationale pour ce mercredi 22 janvier 2014.
Les 147 députés, nouvellement élus, vont procéder dès ce matin à l’élection du président de l’institution parlementaire avant de mettre en place un bureau. Les jours suivants, il sera question de la mise en place des commissions de travail, puis la création d’une commission ad hoc qui sera chargée de la relecture du règlement intérieur.
Ce règlement intérieur, une fois relu, sera par la suite envoyé à la Cour constitutionnelle pour validation. C’est après quoi les groupes parlementaires vont être constitués. Une fois ce travail fait, le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, va normalement démissionner.
Abdramane Niang évincé au profit du beau-père de Karim Keïta
Le nouveau gouvernement qui sera constitué reflétera alors la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale. Au cours de cette session extraordinaire, les députés auront aussi à voter des projets de loi.
C’est dire que ce mercredi sera la fin de toutes les spéculations à propos du titulaire du perchoir.
A qui va revenir cette charge de deuxième personnalité de la République ? Plusieurs noms avaient cités, comme celui du doyen d’âge de la présente législature, Abdrahamane Niang, député élu à Ténenkou. Il aurait été même informé par le président de la République, mais finalement c’est Issaka Sidibé (élu à Koulikoro) et surtout beau-père du fils du chef de l’Etat, et député élu en Commune II, Karim Keïta, qui a été choisi par la direction nationale du parti présidentiel à l’issue d’une réunion tenue hier dans l’après-midi. Un choix qui vient d’IBK lui-même puisque les cadres du RPM dont le secrétaire général Boucary Tréta avait prévenu lors des journées parlementaires du parti que le dernier mot revenait au chef de l’Etat.
Dans tous les cas, contrairement aux législatures passées, le futur patron des députés devra se mettre au-dessus de la mêlée, des considérations mesquines et de la politique politicienne pour ne considérer que l’intérêt supérieur de la nation.
Le peuple électeur du Mali veut savoir si le changement clamé par le président de la République sera effectif au niveau de toutes les institutions de la République, en particulier le Parlement qui contrôle l’action gouvernementale. Il faut croire que l’Assemblée nationale est réellement le premier contre-pouvoir dans une vraie démocratie.
Son bon fonctionnement découle en partie de la personnalité du titulaire du perchoir. Avec 66 députés, il est évident que le nouveau patron de l’hémicycle sortira des rangs du Rassemblement pour le Mali (RPM).
Il faudrait que l’Assemblée nationale retrouve sa vocation première qui est le débat responsable. Le titulaire du perchoir devra aussi instauré une discipline rigoureuse pour que les élus participent pleinement à tous les travaux. Les questions orales et les interpellations du gouvernement sur des sujets de préoccupation majeure conforteraient l’assise du Parlement national.
Co responsable du drame malien
Jusque-là le pouvoir législatif, malheureusement, s’est révélé un faire-valoir en accompagnant tous les régimes de l’ère démocratique dans leurs errements. Il est l’accusé n°2 de la déchéance dans laquelle notre pays s’était retrouvé. Et dire que le nouveau président de la République vient de cette institution dont il a été le président de 2002 à 2007 !
IBK veut sonner le renouveau dans la gouvernance institutionnelle dans notre pays, mais acceptera-t-il que le Parlement, au sein duquel son parti est majoritaire sans avoir la majorité absolue, soit celui que le peuple attend, c’est-à-dire qui dira non au gouvernement s’il le faut ?
Une chose est de chanter le changement, mais une autre chose est d’en accepter les principes. Beaucoup de présidents africains évoquent l’indépendance dans les relations entre les institutions, mais ne l’acceptent pas dans la pratique surtout au niveau des parlements qui sont transformés en caisses de résonance pour la seule cause du prince du jour. C’est à ce spectacle déshonorant auquel nous assistions ces 20 dernières années dans notre pays et qu’on n’aimerait voir relégué dans les oubliettes de l’Histoire.
Ce serait dommageable qu’après toute la tragédie que notre pays a vécue, par l’irresponsabilité politique au Parlement, qu’on se retrouve encore avec une Assemblée nationale légataire de pratiques décriées.
La nouvelle Assemblée nationale devra alors marquer son territoire en suivant la voie du peuple et non celle du prince. Elle ne doit aucunement être l’Assemblée nationale de nos habitudes, mais celle de nos besoins.