Le patron de l’ONU au Mali, Anders Koenders, n’est plus en odeur de sainteté auprès des autorités maliennes. En plus du soutien de façade que l’ensemble de ses partenaires lui apportent tout en vitupérant en coulisses contre son inaction et son incompétence, il est en revanche ouvertement boycotté par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita.
Le chef de l’Etat refuse de le voir depuis son investiture en septembre dernier ! En novembre, il a même profité d’un incident pour demander sa tête : son Premier ministre avait dû renoncer à se rendre à Kidal, le fief des rebelles touaregs, où l’aéroport avait été pris d’assaut par des manifestants sous le nez des casques bleus.
Un bouc émissaire idéal pour ce président qui, en réalité, ne veut pas de cette force des Nations unies qu’il juge inutile. « Il estime que les opérations de maintien de la paix sont plus formatées pour des pays sans Etat, sans gouvernement », observe un connaisseur du dossier malien, « d’autant que ce n’est pas la Minusma qui va lutter contre les jihadistes ». Signe de ce dédain, dans ses vœux à la nation le 31 décembre, Ibrahim Boubacar Kéita a remercié tous les acteurs venus au secours du Mali… sauf l’ONU, mais le Conseil de sécurité a quand même réaffirmé hier son soutien à l’action de la Minusma.
Y. C.