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La diplomatie malienne en panne : Le ministre des Affaires étrangères tourne en rond
Publié le lundi 23 juillet 2012   |  Le Prétoire


Présentation
© aBamako.com par sa
Présentation de la feuille de route du gouvernement pour la sortie de crise
Lundi 16 juillet 2012. Bamako. Ministere des Affaires Etrangeres. Presentation de la feuille de route du gouvernement pour la sortie de crise par le ministre des Affaires Etrangeres et de la Cooperation Internationale, Sadio Lamine Sow au corps diplomatique. Sadio Lamine Sow, Ministre des Aaffaires Etrangeres et de la Cooperation Internationale.


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Le Mali est un pays en guerre, on ne voit aucune offensive diplomatique tendant à ameuter la communauté internationale sur la nécessite d’aider le Mali dans cette phase difficile dont la reprise immédiate des aides budgétaires et des dons. Les pays donateurs dont les représentants sont à Bamako devraient faire l’objet d’un briefing au cours d’une grande réunion pour leur montrer l’impact de l’absence de leur aide pour le Mali, secteur par secteur.

Une fois ces réunions enclenchées, le Ministre doit susciter l’organisation de colloques au niveau des pays donateurs, auxquels seront associées les organisations qui soutiennent les pays émergents en cas de difficultés post crise. Parallèlement, nos diplomates à l’étranger favorables à l’ancien régime, doivent être rappelés afin de les faire remplacer par d’autres diplomates de carrière qui sont légion et qui ont été, pour certains, victimes de la règle des cinq ans.

Il y a des pays stratégiques dans lesquels les diplomates ont dénoncé le coup de force comme au Gabon, au Maroc et à Washington. D’autres, s’ils n’ont pas franchi ce pas, n’ont pas aussi apporté de soutien au nouveau régime. Comment voulez-vous que ces diplomates soutiennent le changement de régime opéré dans les enceintes ou la voix du Mali doit expliquer le pourquoi du changement intervenu et l’effectivité du retour à l’ordre constitutionnel. On n’a donc pas à attendre l’organisation d’élections pour que les pays donateurs renouent avec le déblocage des financements.

Une note diplomatique circonstanciée doit être adressée à tous nos diplomates à l’étranger avec les éléments et le langage appropriés. Le Ministre doit pouvoir mesurer l’impact des interventions de nos diplomates à l’étranger. Ce ne sont pas ceux qui doivent leurs postes à l’ancien régime qui seront les meilleurs ambassadeurs du Mali en ce moment.

Le ministre doit prendre la bonne mesure des failles dans l’action de nos diplomates à l’étranger. ATT a mis les diplomates professionnels au frigo pour distribuer les postes à ses amis et courtisans, privant la diplomatie malienne d’une «task force». C’est bien la raison pour laquelle notre diplomatie est inaudible et aphone.

Tièbilé Dramé, aurait fait un excellent ministre des Affaires étrangères, lui qui est plus patriote que partisan. Il en apporte la preuve chaque fois que de besoin.

Au plan sous régional, les ambassadeurs dans les pays membres de la Cédéao doivent expliquer les raisons pour lesquelles les élections n’auraient pas eu lieu, et justifier le coup de force qui n’avait pas été prémédité, ni planifié à l’avance. Mettre la bonne foi du Gouvernement depuis le retour progressif à l’ordre constitutionnel notamment comme l’exil d’ATT et la prorogation de l’intérim de Dioncounda.

Expliquer que le Comite militaire n’interfère en rien dans la marche de l’Etat, mais démontrer que ses actions sont tournées vers la consolidation de la transition. Expliquer l’impact du contre coup d’Etat comme une preuve évidente des actions de déstabilisation des organes de la transition et des menaces sur leur propre existence, par le fait des partisans armés de l’ancien régime.

Il n’est pas inutile de rencontrer les diplomates pour leur montrer les preuves irréfutables des actes de subversions et des tentatives en cours. Pour toutes ces raisons, étant donné l’absence d’un leadership clair et consensuel, les militaires ont dû assumer, à leur corps défendant, le volet relatif à la sécurisation des organes de la transition, même si l’agression contre le président par intérim a montré les faiblesses de la sécurité. Le gouvernement, en créant les forces spéciales, comble cette lacune.

Quant au président en exercice de la Cédeao, une attention particulière doit lui être consacrée par un diplomate connaissant les rouages de la société ivoirienne. On doit convaincre ADO qu’aucune élection n’était possible au Mali et que le Président sortant s’apprêtait à rempiler par la ruse. Au moment de la prise du pouvoir par la junte, les jeux étaient faits. ADO est un expert en élection et il sait ce qui est possible ou pas sur l’organisation d’une élection crédible et transparente. Tessalit, Ménaka, Anderboukane et 320 .000 Maliens avaient trouvés refuge dans les pays voisins.

Quant à la rupture violente de l’ordre constitutionnel intervenue par un engrenage implacable des événements, la junte a ramassé un pouvoir qui était dans la rue. La suite, on la connaît.

ADO lui même, démocrate bon teint, a été amené à soutenir une rébellion qui a déclenché une action en 2002 qui, en cas de réussite, aurait conduit à une rupture de l’ordre constitutionnel. Ce combat était celui de l’actuel président de son Assemblée nationale qui a revendiqué le statut de rebelle, donc quelqu’un de réfractaire à l’ordre constitutionnel. Si ADO a compris leur combat, il devrait comprendre celui des jeunes officiers confrontés à une situation inédite, la division du pays en deux, la connivence présumée entre le pouvoir et la rébellion.

Les raisons pour une rupture de l’ordre constitutionnel étaient nées du sentiment très fort que le pouvoir d’ATT avait été permissif et semblait boire du Thé avec les rebelles et pactiser avec Aqmi. Les pactes et autres accords signés avec la rébellion ont ouvert la voie à une véritable démilitarisation du Nord. C’est cette démilitarisation qui a conduit à la chute des villes du Nord et non le putsch du 22 mars.

Les diplomates doivent expliquer en quoi le Mali avait été considéré comme le maillon faible de la lutte contre Aqmi et les trafiquants de drogue. Si réellement le régime n’avait pas perdu toute légitimité et le soutien du peuple, les populations allaient se révolter et demander le retour d’ATT. Ce qui n’a pas été le cas, pas même de la part de la Cédéao qui a exigé sa démission contre son exfiltration.

Les diplomates du Mali doivent préparer un véritable réquisitoire, preuves à l’appui, pour convaincre la Cédéao et la communauté internationale du bien-fondé de la rupture violente de l’ordre constitutionnel.

Dioncounda devrait être mis à contribution pour réunir les organisations internationales sur Paris et mouiller le maillot pour que le robinet de l’aide autre qu’humanitaire soit rouvert.

Birama FALL

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