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Rétrospection – Gestion du pouvoir : Les deux mal nommés
Publié le lundi 23 juillet 2012   |  Le Prétoire


Crise
© L'Indépendant par DR
Crise politique au Mali : Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra


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Le dérapage incontrôlé de la mutinerie du 21 mars s’est malheureusement mal terminée par un coup d’Etat renversant le pouvoir du général bien élu Amadou Toumani Touré. Depuis, cela fait quand même quatre mois, il s’est passé bien de choses, et rarement des bonnes, notamment en ce qui concerne la gestion du pouvoir au sommet.
Un pouvoir que le chef de la junte militaire, Amadou Haya Sanogo, n’a pas pu garder officiellement. Il a été contraint de laisser la place aux tripatouillages.

Si la Constitution du Mali, suspendue puis rétablie par les militaires, prévoit qu’en cas de vacance du poste de chef d’Etat celui-ci est remplacé par le président de l’Assemblée nationale pour une période d’intérim de quarante jours maximum, nulle part elle ne fait cas d’une période de transition. Or, par la magie du médiateur dans la crise malienne, Dioncounda Traoré, président du parlement, a été propulsé à la tête de l’Etat comme président de transition, le 20 mai. Quarante jours plus tôt, il avait été «investi» (une autre hérésie juridique) intérimaire. Le 21 mai, deux mois, jour pour jour, après l’agression du président bien élu, ATT, dans son palais de Koulouba, le président mal nommé est agressé à son tour et au même endroit. Le matheux prendra la tangente vers Paris et n’est pas encore revenu.

Mais auparavant, le médiateur magicien de Ouagadougou et l’apprenti sorcier de Kati vont lui faire commettre d’autres hérésies juridiques qui violent les lois fondamentales du Mali, sa constitution du 12 février 1992 et l’accord-cadre du 06 avril 2012 : la nomination d’un Premier ministre, le 17 avril, et la formation d’un gouvernement, sept jours plus tard. Mais ces infractions ne résoudront pas les problèmes car jusqu’à il y a seulement une semaine, la transition n’avait aucune feuille de route ni lettre de cadrage ou d’encrage.

C’est en effet le 16 juillet que le Premier ministre a informé le peuple malien qu’il dispose enfin d’une feuille de route pour la transition entamée depuis trois mois. Mais d’après certaines personnes qui ont approché le candidat Cheick Modibo Diarra, cette feuille de route serait le projet de société avec lequel le Martien comptait battre campagne et atterrir à Koulouba, à l’issue de la présidentielle ratée du 29 avril dernier. Or, selon un très haut responsable de la Cstm (Confédération syndicale des travailleurs du Mali), de tous les candidats qui ont approché la centrale syndicale, Cheick Modibo Diarra a le meilleur programme de gouvernement. Ce qui est contredit dans d’autres milieux, y compris diplomatiques, où on fustige la fameuse feuille de route. Dans tous les cas, on aura peut-être l’occasion de la juger dans son application. Du moins si les deux autres têtes de l’hydre, Dioncounda Traoré, actuel président de la République, et Amadou Haya Sanogo, ancien chef de l’Etat, y trouvaient tous leurs comptes. Pour le capitaine, la réserve est toujours de mise. Mais concernant le président de l’Adéma, il devient de plus en plus évident que le mathématicien ne peut plus sentir l’astrophysicien. S’il n’y a seulement que dix petites années d’âge entre les deux hommes, trop de choses les séparent.

Pendant que le premier, ici même au Mali, payait de sa liberté et risquait sa vie pour l’instauration de la démocratie et du multipartisme, le second était occupé à chercher de l’eau sur la planète Mars. Autrement dit, pendant que le mathématicien tentait de résoudre la difficile équation de la dictature politico-militaire au Mali, l’astrophysicien avait son télescope matrimonial braqué sur la fille du dictateur. Et aujourd’hui, alors que les acteurs du mouvement démocratique se félicitent encore de la chute du général Moussa Traoré, certains acteurs clés de son système sont récupérés par le Premier ministre, gendre du général, et remis en selle.

Difficile donc pour Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra d’être sur la même longueur d’onde. A vrai dire, ils n’ont pas, pour commencer, la même perception et compréhension du pouvoir ni même de sa réalité. Le premier est à Paris et se fait appeler «président par intérim» par le second qui sait que la période d’intérim est finie depuis le 20 mai. Et l’intérim est caduc, «président par intérim» n’est que de la poudre aux yeux et Dioncounda Traoré ne représenterait rien, en réalité, aux yeux de Cheick Modibo Diarra, souvent à Bamako. C’est le Premier ministre qui s’octroie les prérogatives présidentielles de faire une adresse à la Nation, de convoquer une session extraordinaire de l’Assemblée nationale, d’organiser des concertations nationales, de nommer un gouvernement d’union nationale. C’est encore lui le Premier ministre qui voyage dans l’avion présidentiel et rencontre des chefs d’Etat.

Enfin, tandis que le président de la transition se couche à Paris, le chef du gouvernement exerce ses «pleins pouvoirs».

Il ne pouvait en être autrement quand on se rappelle que l’un et l’autre occupent leur poste respectif «grâce» à un magicien et à un apprenti sorcier. Et sont donc des mal nommés.

Cheick Tandina

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