Décidément, la diplomatie malienne, sous IBK, cherche encore ses marques, pour ne pas dire sa voie. En attendant, cette diplomatie donne l’image d’un bateau ivre. Jugez-en.
Au moment où la Cédéao, via le Burkina, attend toujours le feu vert de Bamako pour l’ouverture de négociations entre l’Etat malien et les groupes armés de Kidal, un coup de théâtre vient de se produire avec le retour de l’Algérie dans le dossier. Mieux, le président IBK vient d’effectuer un séjour dans ce pays voisin qui n’est pas à sa première tentative d’écarter la Cédéao de la médiation. Jusqu’ici, l’Algérie avait échoué dans cette tentative aussi maladroite qu’inopportune. Mais profitant du tâtonnement ambiant qui règne au sommet de l’Etat malien, Alger tente actuellement un coup de force : dessaisir à la fois le Burkina Faso et la Cedeao du dossier (brûlant) du nord.
Au même moment, les observateurs attendent que Bamako clarifie la situation et désigne clairement qui de la Cédéao ou de l’Algérie conduira les prochaines négociations. En claire, IBK doit sortir de ce cafouillage (entre Ouaga et Alger) qui risque de nous conduire dans une confusion au moment où la situation à Kidal est loin d’être réglée politiquement et militairement.
Malgré le forcing algérien, la Cedeao n’entend pas sortir du jeu. Elle n’a pas tort.
Autre cafouillage de la diplomatie malienne, c’est le jeu auquel se livre Bamako, depuis quelque temps, entre Rabat et Alger. En effet, depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir, l’on a assisté à une percée diplomatique du Maroc en direction du Mali.
La tâche du Royaume a été facilitée par Toumani Djimé Diallo, secrétaire général de la présidence de la République et ancien ambassadeur du Mali à Rabat. Ainsi, le Roi du Maroc assista personnellement à l’investiture d’IBK au mois de septembre 2013. A l’occasion, le souverain chérifien avait passé près de six jours à Bamako. Au paravent, IBK avait discrètement séjourné à Rabat (en juillet 2013) lors de la campagne électorale pour la présidentielle. Il avait interrompu sa campagne à Bamako pour effectuer ce déplacement qui disait-on à l’époque avait été préparée par Toumani Djimé Diallo. Cependant, l’objectif de Rabat était surtout de nouer des contacts avec IBK qui était proche, voire très proche de l’Algérie.
L’on se souvient encore de certaines prises de position de Keïta en faveur de la politique algérienne au Mali, précisément dans le septentrion. Aujourd’hui, l’évidence est là. Le chef de l’Etat malien donne l’impression d’un homme inconfortablement assis entre deux chaises : Le Maroc et l’Algérie. Or qui connait la rivalité entre les deux Etats à cause du dossier du Sahara, ni IBK, encore moins la diplomatie malienne ne peut continuer à entretenir un jeu d’équilibriste ente Alger et Rabat. De même qu’entre Alger, Ouaga et la Cedeao.