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Accords de défense Mali-France Et si on se disait la vérité ?
Publié le lundi 27 janvier 2014  |  Le Pouce




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Les fameux accords, largement annoncés pour être signés le 20 janvier dernier, ont finalement été reportés, peut-être même sine die. Pour des tas de raisons certes, mais aussi certainement par déficit de vérité, doux euphémisme pour ne pas dire par lâcheté.


Le premier à attirer l’attention populaire aura été la CNAS Faso Héré de Soumana Sacko. Il sera largement relayé, avec l’efficacité redoutable qu’on lui connait, par le MP22, les pro-putschistes fidèles au Capitaine Amadou Aya Sanogo. Finalement et fort opportunément, le MODEC de Konimba Sidibé récupéra un mouvement à vrai dire largement impopulaire que constitue ces accords de défense qui font une actualité brulante et ultra sensible. En fait de quoi parle t-on ?
Puisque l’opacité entoure un texte préjugé attentatoire à la dignité nationale, on peut logiquement penser qu’il s’agit, comme le présente le Ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga, d’un support juridique aux différentes interventions militaires françaises dans notre pays. En d’autre terme, donner un cadre légal aux opérations françaises, aussi bien en termes de prévention, renseignements et intervention. Cela de façon automatique, sans se référer aux structures internationales, de la CEDEAO de l’Union Africaine en passant par le gros machin dénommé par le défunt président de la république la France, De Gaulle qu’est l’ONU.
Passons sur la maladresse partagée des autorités maliennes et françaises qu’est la date symbolique du 20 janvier pour la signature de tels accords. Les maliens, fort logiquement y ont vu une riposte à la gifle faite, il y a 53 ans par le président de la république du Mali, Modibo Keita, qui ce jour, avait renvoyé l’armée coloniale française ce qui, assurément est toujours resté au travers de la gorge des descendant gaulois. L’invention revancharde était-elle fondée ? Nul ne le sait.


Par contre, par analogie malencontreuse, on ne peut s’empêcher de penser à la Guinée voisine. Le 28 septembre était la date du « Non » au Président De Gaulle et à la France. Une date mythique pour les africains de la génération de la décolonisation, confortée par le baptême du plus grand Stade de Conakry. Malheureusement, cette date historique du 28 septembre sera galvaudée par la triste péripétie du massacre du 28 septembre , dans le Stade du même nom. A l’origine du sinistre le Capitaine Moussa Dadis Camara, qui finalement sera estropié par l’obscur officier de l’armée Guinéen Tumba Diakité, qui trouvera refuge, pour longtemps… à l’ambassade de France ! Depuis, en Guinée, le 28 septembre a une symbolique autre que le glorieux combat pour l’indépendance.



Revenant sur les accords de défense pour lesquels le Ministre français Le Driant avait fait le déplacement express, l’autre aspect défavorable aura été le déficit de communication. Comment pouvait-on côté malien, imaginer mener à bonne fin de tels accords en catimini? Comment pouvait on ne pas savoir, qu’après les accords de Tamanrasset, d’Alger, de Ouaga, que le terme générique même d’accords était devenu plus que suspect aux yeux des maliens, car source de tant de désillusions ?


Donc, prenant le pouls de la désapprobation populaire, le pouvoir IBK sera contraint à la reculade, un report pour information et examen préalable par la nouvelle Assemblée Nationale que préside Issiaka Sidibé. Décision politique courageuse certes, mais qui, sans mesures appropriées conduira à la mort d’accords pourtant hautement stratégiques pour le Mali.


Stratégiques, ces accords le sont pour notre pays à plus d’un titre. D’abord, la menace djihadistes est loin d’être éteinte et à présent, nul n’ignore que notre armée nationale, grande laissée en rade par la démocratie, ne peut ni faire face, à plus forte raison mener ses missions statutaires de sécurisation des population et de préservation de l’intégrité territoriale. Ensuite, pourquoi ne pas positiver notre approche du septentrion national pressenti si riche en ressources multiples, uranium, pétrole, etc….Quand aurons-nous les moyens d’exploiter ces ressources pour un développement harmonieux et efficient de notre pays ? Pourquoi ne pas, en toute franchise, comme l’aura été Hong kong pendant des décennies, en toute transparence convenu avec la France qui convoite depuis toujours Tessalit, pour des raisons géo stratégiques, d’un accord gagnant – gagnant ?


Pourquoi avoir peur de se rappeler qu’un principe majeur de la politique extérieure de la France, édicté par De Gaulle est que « la France n’a pas que des amis mais a surtout des intérêts » ? Comment continuer à croire naïvement que l’opération Serval n’est que paiement d’une dette de sang de la guerre mondiale ? Faut-il seulement prendre au mot le président français François Hollande, si ému de voir une telle spontanéité d’un peuple reconnaissant envers celui qui l‘a sauvé d’une extermination certaine dans son parcours démocratique républicain ?


N’est il pas temps de se dire la vérité et dire la vérité au peuple malien ? C’est à ce seul prix que le Mali pourra tirer profit d’accords qui, aujourd’hui sont incontournables.

Tiémoko TRAORE

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