Oumar Tatam Ly qui installait, hier, le comité chargé de réfléchir à l’avenir de notre enseignement supérieur n’a pas tourné autour du pot.
Il faut casser « la spirale de la décadence », et re-« convoquer l’intelligence ». La même qui permit, dans un passé pas si lointain, sur notre terre, des « centres de savoir » qui furent parmi les plus grands pôles d’excellence au monde. Et pour ce faire, il n’y a pas d’autre solution que de rapatrier les valeurs par lesquelles Tombouctou abrita hier des universités de renom. Rétablir donc « le fil de la brillance » pour répéter les mots du Premier ministre. Naturellement, universitaires et citoyens ordinaires qui étaient dans la salle ne pouvaient entendre musique plus douce à leurs oreilles.
Car il ne faut pas s’illusionner. : l’enseignement supérieur au Mali est sur la civière et, reflet exact d’une globalité malade, il n’augure rien de bon pour l’avenir du pays. Les professeurs Koumaré, Ogobara et d’autres cités par le chef du gouvernement sont l’exception d’un système où la médiocrité demeure la règle. Niveaux désastreux malgré des diplômes ronflants, corruption allant jusqu’au système de notation des étudiants, débrayages à tout vent, années académiques interminables, et tout cela dans un impitoyable contexte de concurrence communautaire qui finira par nous imposer des ingénieurs sénégalais et des chimistes ivoiriens.
Si rien n’est fait. Si on n’agit pas ici et tout de suite. Si le président Kéita, par un trésor de volonté, ne met pas fin à la descente aux enfers. Hier, l’installation dudit comité nous a donné un grand espoir. Reste à voir comment tout le reste sera conduit, entre l’incapacité locale à ne pas enfoncer les portes ouvertes, la fièvre du perdiem, les querelles d’ego et bien d’autres travers qui plombent nos initiatives. En tout cas, pour nos enfants, il nous faut espérer et surtout il faut que les Maliens veuillent vraiment être des peuples qui gagnent.