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Son Excellence Monsieur le président de la République du Mali, chef de l’Etat.
Koulouba – Bamako
Objet : Lettre ouverte relative au 1er Forum de la jeunesse d’Afrique et de sa diaspora
Excellence Monsieur le président de la République,
Vous avez, à l’instar de vos pairs d’Afrique et de France, participé à Paris, du 6 au 7 décembre 2013 au sommet consacré à la paix et à la sécurité en Afrique. L’objectif de cette rencontre de haut niveau était de permettre à l’Afrique d’assurer sa propre sécurité en se dotant d’une armée forte, capable de relever les défis en la matière.
Prise dans la nasse du terrorisme et du trafic en tous genres (drogues, armes, êtres humains, espèces protégées) entre autres, l’Afrique, aux dires du président François Hollande, doit nécessairement s’ouvrir à la démocratie, gage de la bonne gouvernance afin d’apporter une réponse appropriée aux maux qui gangrènent le continent. Fort de ce constat vous avez, lors de votre passage à Berlin, à l’occasion de votre visite d’Etat en Allemagne, abondé dans le même sens.
Aux termes des travaux du sommet de Paris, notre pays a été choisi pour abriter les prochaines assises de la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique et de France qui se tiendront en 2016. Cette décision de portée éminemment politique et diplomatique, signe le retour définitif du Mali dans la communauté des nations libres, démocratiques et ce, de la manière la plus éloquente.
Pour un rappel utile, Excellence Monsieur le président de la République, le prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique et de France se tiendra une décennie après celui de Bamako des 4 et 5 décembre 2005. En prélude à ce conclave dont la thématique a porté sur la Jeunesse africaine, sa créativité, sa vitalité et ses aspirations, la jeunesse africaine et sa diaspora avaient organisé le 1er Forum de la jeunesse africaine, à l’issue duquel Mlle Marie Tamoifo N’Kom du Cameroun, a été désignée pour porter la voix de la jeunesse.
Ainsi, dans une déclaration qui a valeur d’interpellation, la jeunesse d’Afrique, s’adressait aux dirigeants du continent en ces termes : « Si les politiques ne s’occupent pas de la jeunesse, le vent du changement, en contexte démocratique, conduira la jeunesse à s’occuper des politiques afin que les engagements aient un sens ».
En réponse, les dirigeants du continent africain et de la France prirent l’engagement ferme d’assumer, face à l’histoire les responsabilités qui sont les leurs à œuvrer pour la paix afin que s’arrêtent ces conflits absurdes et intolérables qui posent l’hypothèque sur le futur de l’Afrique.
Aussi ont-ils fait la promesse d’assurer à tous les jeunes Africains la santé, l’éducation, l’emploi et une formation adéquate, leur permettant de s’attaquer aux racines des défis qui jonchent le chemin de l’avenir ; l’objectif étant de faire des jeunes des citoyens responsables à part entière.
A peine que les rideaux ont été tirés sur le sommet de Bamako, de nouveaux foyers de tensions éclaboussent l’Afrique. De nombreux pays, pour ne citer que la Côte d’Ivoire, la Tunisie, l’Egypte, la Libye, la Guinée-Conakry, le Nigeria, le Mali, la Guinée-Bissau, en proie à des crises aux dimensions multiples voient fondre, comme beurre au soleil, les espoirs que le 23e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernements d’Afrique et de France avait fait naître. Il est important de rappeler que ce sommet fut la première rencontre de haut niveau à avoir enregistré la participation effective de la jeunesse africaine et sa diaspora.
Dix ans après, le constat est des plus amers. Les fruits n’ayant pas tenu la promesse des fleurs, la dégradation des contextes sécuritaire, politique, économique et social n’en finit de plonger l’ensemble du continent dans une précarité, telle qu’il serait risqué d’engager un pari sur l’avenir de celui-ci.
Que d’espoirs déçus ! Eu égard à leur vulnérabilité, les jeunes paient le lourd tribut des crises en Afrique. Recrutés à tour de bras et à vils prix par les forces rétrogrades du mal (terroristes, jihadistes, indépendantistes…), ils constituent les victimes expiatoires de conflits qui n’auraient pas dû les concerner. Force capable d’impulser les changements indispensables au décollage économique du continent, la jeunesse assiste, impuissante au dévoiement de son énergie pour servir des desseins inavouables.
En ma qualité d’acteur du 1er Forum, je retiens que le sommet de l’Elysée, tenu les 6 et 7 décembre 2013 à Paris a superbement occulté le rôle que peut jouer la jeunesse dans l’instauration de la paix et de la sécurité sur le continent.
C’est pourquoi, à deux ans du 10e anniversaire du 1er Forum de la jeunesse africaine et à trois années de la tenue du sommet de 2016, je voudrais vous suggérer d’organiser courant 2015, un forum préparatoire dont la thématique se rapporterait à la démocratie, la bonne gouvernance : le rôle et les responsabilités de la jeunesse d’Afrique et de sa diaspora, de France, voire celle d’Europe.
Ma démarche est celle d’un citoyen soucieux du continent qui apporte sa modeste pierre à l’édification d’une Afrique démocratique, conquérante avec à la pointe du combat une jeunesse à hauteur de responsabilités.
Vous remerciant d’avance pour votre compréhension et votre sens élevé de la République, je vous prie, Excellence Monsieur le président de la République du Mali, de recevoir l’assurance de ma très haute considération.
Ampliation :
Ambassade de France au Mali : 1
Pièces-jointes :
1 copie de l’adresse de la jeunesse africaine et de sa diaspore
1 copie de la réponse des Chefs d’Etats et de Gouvernements
Moussa Diakité
Ancien membre du Comité de pilotage du 1er Forum de la jeunesse d’Afrique et de sa diaspora
Bamako-Commune VI – Missabougou, Tél. : 76 30 13 55 ou 69 17 66 15