L’Afghanistan, le Mali et le Sinaï. Tels sont les trois pays et régions dans le monde dans lesquels la République tchèque devrait envoyer ses soldats en 2015 et 2016. C’est du moins ce que prévoit le plan de participation aux missions à l’étranger sur lequel planche actuellement l’état-major de l’Armée tchèque et qui sera présenté à un premier examen de la Chambre des députés début mars.
Chaque année, la République tchèque consacre environ 55 millions d’euros aux missions à l’étranger de son armée, soit un peu moins de 5 % du budget de celle-ci. A compter de l’année prochaine, 600 militaires au maximum devraient opérer dans ces diverses missions. Le plus gros d’entre eux se trouvera toujours en Afghanistan, où la République tchèque est engagée depuis 2002 dans le cadre de l’opération menée par l’alliance de la Force d’assistance et de sécurité de l’OTAN (ISAF). En l’espace de près de douze ans, près de 5 000 soldats tchèques s’y sont relayés
On le sait depuis quelques mois déjà. Malgré le retrait initialement envisagé en 2012, malgré le départ des troupes américaines et malgré une nette réduction de ses effectifs sur place (270 soldats cette année contre 640 encore en 2012 et 539 en 2013), la République tchèque maintiendra un contingent en Afghanistan au-delà de 2014 et de la fin de l’opération ISAF, comme l’a confirmé Petr Pavel, le chef d’état-major des Armées :
« Nous allons effectivement poursuivre notre travail de formation et d’entraînement des pilotes d’hélicoptères et du personnel technique de l’armée de l’air afghane, mais aussi des forces spéciales armées ou du commandement. Selon le programme en cours, il y a encore beaucoup de travail au moins jusqu’en 2017. »
Vendredi et samedi derniers, Miloš Zeman a été le premier président tchèque à se rendre en Afghanistan. Lors de celle-ci, le chef de l’Etat a bien entendu rendu visite aux soldats tchèques se trouvant à Kaboul et à la base aérienne de Bagram, mais aussi rencontré son homologue Hamid Karzai. A son retour à Prague, Miloš Zeman a expliqué la raison de la poursuite de l’engagement tchèque en Afghanistan:
« Plus l’action d’Al-Qaïda en Afghanistan sera combattue, plus le risque qu’elle menace Prague sera moindre. »
Même si le président Zeman affirme vouloir faire de la lutte contre le terrorisme une des priorités de son mandat, on ne peut s’empêcher de penser que sa courte déclaration était pour lui avant tout un moyen de se débarrasser poliment des journalistes qui l’attendaient à l’aéroport. Car si la République tchèque souhaite laisser en Afghanistan jusqu’à 300 de ses soldats y compris à compter de 2015, c’est bien aussi parce que cela est dans son intérêt, notamment commercial.
Les importants besoins afghans en équipements et infrastructures de toutes sortes ne laissent insensibles ni le gouvernement, ni un certain nombre de sociétés tchèques réputées dans le monde pour leur savoir-faire dans des domaines comme les transports ou le génie mécanique.
La mission de l’Armée tchèque devrait également se poursuivre au Mali, où ses soldats participent depuis mars 2013 à la mission européenne de formation et de conseil des troupes maliennes. Comme en Afghanistan, les Tchèques font valoir en Afrique leur riche expérience d’entraînement des forces armées d’autres pays. Jusqu’à 200 soldats pourraient ainsi opérer dans le cadre de la mission de formation de l’ONU et une quarantaine d’autres dans celle de l’Union européenne.
Enfin, un avion de transport militaire CASA et une vingtaine d’hommes devraient être envoyés dans la péninsule de Sinaï, leur mission consistant alors à veiller à la surveillance de la frontière entre Israël et l’Egypte. En revanche, une contribution tchèque sur le plateau du Golan ou à la mission européenne en Centrafrique n’est pour l’instant plus ou pas envisagée.