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Tribune : Hommage au Professeur Youssouf Tata CISSÉ
Publié le mercredi 29 janvier 2014  |  Le Progres




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La disparition de ce colosse, par la taille et l’esprit, endeuille la communauté scientifique et tous ceux pour qui les valeurs prônées dans la « Charte du Mandé » offrent l’exemple de ce qui pourrait constituer les fondements de l’unité africaine en cette période si tourmentée pour tout le continent d’Africa, notre Mère à toutes et à tous.

Célébré par tous pour son honnêteté et sa rigueur intellectuelles, pour son engagement en faveur du patrimoine culturel de l’Afrique de l’Ouest Youssouf Tata Cissé se consacra avec le djali (griot traditionaliste) Wa Kamissoko à la recherche sur l’histoire et la littérature orale du Mali.
La « Charte du Mandé » – document de portée universelle, s’insurge contre l’esclavage et l’exploitation honteuse de l’homme par l’homme, contre l’intolérance, promeut la liberté de circuler, le respect mutuel, la protection des femmes, des orphelins, des faibles et de l’étranger, et proclame l’équité et l’unité au sein d’une patrie multiraciale
L’ethnologue malien Youssouf Tata Cissé, né en 1935 à San (région de Ségou), est décédé à Paris le 10 décembre 2013.

Il soutint sa thèse intitulée Un récit initiatique de chasse Boli-Nyanan à l’École pratique des Hautes Études de Paris, en 1973, sous la direction de Germaine Dieterlen.
Chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), il enseigna à la Sorbonne.
Célébré par tous pour son honnêteté et sa rigueur intellectuelles, pour son engagement en faveur du patrimoine culturel de l’Afrique de l’Ouest Youssouf Tata Cissé se consacra avec le djali (griot traditionaliste) Wa Kamissoko à la recherche sur l’histoire et la littérature orale du Mali.
Membre de la Confrérie des Chasseurs depuis 1959, ses travaux ont préservé des savoirs plusieurs fois millénaires.

Pour reprendre l’expression de Jean Rouch, en abattant un mur de silence et en rendant directement la parole à la tradition orale, Youssouf Tata Cissé a contribué à revivifier l’identité culturelle des Maliens après l’Indépendance et à promouvoir les valeurs humanistes de la Charte du Mandé, proclamée en 1236 lors de l’intronisation de Soundiata Kéïta comme empereur du Mali.

Ce document de portée universelle s’insurge contre l’esclavage et l’exploitation honteuse de l’homme par l’homme, contre l’intolérance, promeut la liberté de circuler, le respect mutuel, la protection des femmes, des orphelins, des faibles et de l’étranger, et proclame l’équité et l’unité au sein d’une patrie multiraciale.

Avec la Magna Carta britannique de 1215, la Charte du Mandé constitue historiquement l’une des deux premières proclamations des droits humains. L’on doit aux incessants efforts de Youssouf Tata Cissé d’avoir obtenu l’inscription de la Charte du Mandé, en 2009, sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en tant que patrimoine immatériel de l’Humanité, puis son adoption en tant que patrimoine culturel national par le gouvernement du Mali, le 16 mars 2011.
La disparition de ce colosse, par la taille et l’esprit, endeuille la communauté scientifique et tous ceux pour qui les valeurs prônées dans la Charte du Mandé offrent l’exemple de ce qui pourrait constituer les fondements de l’unité africaine en cette période si tourmentée pour tout le continent d’Africa, notre Mère à toutes et à tous.
Dr Claudine Brelet, HDR

Anthropologue – ancien membre du personnel de I’OMS
Rédigé le Mercredi 22 Janvier 2014

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