La lutte contre la corruption et la délinquance financière constitue l’une des grandes priorités de nos nouvelles autorités. Elles l’ont confirmé par une voix autorisée à la cérémonie d’ouverture d’un forum national sur la lutte contre la corruption et la délinquance financière, dont les travaux ont débuté jeudi dernier au Cicb sous la présidence du Premier ministre, Oumar Tatam Ly.
L’événement a réuni des présidents d’institutions de la République, des membres du gouvernement, le gouverneur du District de Bamako et des gouverneurs de régions, le Maire du District, les représentants des PTF, des organisations de la société civile et du secteur privé.
À cette occasion, la présidente du Comité de suivi et d’évaluation des recommandations du Plan national d’actions de mise en œuvre des recommandations des Etats généraux sur la corruption et la délinquance financière de 2008, Mme Sy Aminata Konaté, a fait le point de la situation des résultats de la mission qui a été confiée à la structure qu’elle pilote. Elle a aussi rappelé que le Comité de suivi et d’évaluation a été créé en 2010, suite à l’organisation des Etats généraux sur la corruption et la délinquance financière.
Ses membres ont été nommés en janvier 2011, et dès mars 2011, le Comité est devenu opérationnel. Il s’est doté d’un bureau, d’un règlement intérieur, d’un programme annuel d’activités et d’un projet de budget triennal. Il a ensuite commencé son travail par une série de rencontres avec les cabinets ministériels pour recueillir les rapports sectoriels de ceux-ci sur la mise en œuvre du Plan d’actions.
La présidente a dressé un constat négatif. «Quelle ne fut notre surprise de constater que l’écrasante majorité des départements ministériels ne disposaient même pas de textes du Plan et en ignoraient le contenu. C’est ainsi que nous avons demandé au Premier ministre de l’époque de nous aider en instruisant à chaque ministère de désigner un point focal pour coordonner nos activités. Après deux ateliers de formation et de mise à niveau, ces points focaux ont commencé à nous faire parvenir leurs rapports sectoriels. Mais, certains ne l’ont pas encore fait», a déploré Mme Sy.
Au terme d’une synthèse des différents rapports sectoriels, le Comité a établi un taux de réalisation du plan d’actions à hauteur de 20%. «C’est dire que l’administration malienne n’a pas bien accueilli ce Plan d’actions. Chose paradoxale au vu des multiples déclarations des différents gouvernements sur le phénomène de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Aussi, nous, membres du Comité de suivi et d’évaluation, nous nous sommes posé la question de savoir pourquoi l’administration n’a pu exécuter de 2009 à 2013 que 20% des activités que le plan national a programmées. Et surtout que faire pour remédier à la situation ?», s’interroge-telle.
Pour sa part, le Premier ministre Oumar Tatam Ly dira que collectivement, les Maliens veulent changer et veulent une correction des comportements. Mais, qu’individuellement, c’est plus compliqué et que personne ne change. Or, a-t-il insisté, «il n’y aura de changement collectif que s’il y a des changements individuels. Le changement collectif ne sera que la somme, la juxtaposition des changements individuels».
Selon lui, de nombreuses initiatives ont déjà été entreprises pour lutter contre la corruption dans notre pays. Les résultats de la mise en œuvre du Plan d’actions évoqué par la présidente du Comité de suivi sont assez édifiants. De tels résultats traduisent l’incohérence dans le Plan, sa non-appropriation par les points focaux et un accompagnement insuffisant des autorités.
«La persistance de la corruption dans notre pays ne doit pas, au demeurant, nous conduire à considérer le phénomène comme une fatalité. L’inaction serait suicidaire. Raison pour laquelle le président de la République a fait de la lutte contre la corruption un acte fort de son programme. Il a proprement déclaré la guerre à la corruption et a décrété, à cet effet, 2014 comme une année où des résultats significatifs devraient être enregistrés dans cette bataille», a t-il fait remarquer.
Le chef du gouvernement a par ailleurs ajouté que le gouvernement s’est doté d’un programme d’actions pour la période 2014- 2018, qui a retenu comme acte premier la mise en place d’institutions fortes et crédibles. Dans cette perspective, il entend relancer le processus de mise en œuvre des recommandations des Etats généraux, après les ajustements nécessaires, pour imprimer plus d’efficacité à la lutte contre la corruption.
Le chef de l’exécutif a aussi laissé entendre que le gouvernement a également inscrit à son agenda un projet de loi contre l’enrichissement illicite, contenant des mesures nouvelles, qui a été discuté en Conseil des ministres et qui figure à l’ordre du jour de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale, qui vient de s’ouvrir.
Oumar Tatam Ly a exhorté les participants à examiner le Plan national d’actions de lutte contre la corruption et la délinquance financière à travers des débats francs et constructifs, à l’enrichir, à l’amender et à formuler des propositions pertinentes et des pistes de solutions susceptibles de faire progresser efficacement cette lutte.
Durant deux jours, les participants ont échangé, réorienté le Plan national d’actions et procédé à la relecture des textes portant création du Comité de suivi et d’évaluation.