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Le COREN répond à Oumar Mariko: «Les populations du Nord ne sont ni des traîtres ni des apatrides»
Publié le lundi 23 juillet 2012   |  Le 22 Septembre


Sit-in
© aBamako.com par sa
Sit-in du Collectif des Ressortissants du Nord Mali(COREN)
Mercredi 4 juillet 2012. Bamako. Place de l`Indépendance. Manifestants sous la pluie battante.


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Dans une interview accordée au journal Info-Matin en date du mardi 10 juillet dernier, Oumar Mariko a multiplié des insinuations et des accusations graves à l’encontre des populations de la ville de Gao. Le Collectif des ressortissants du Nord (COREN) apporte des éléments de réponse pour éclairer la lanterne de Mariko tout en dénonçant son inacceptable discours. Le COREN remercie le journal Info-Matin qui a publié dans sa parution du mercredi 18 juillet un droit de réponse destiné à Mariko.

Pour rappel, voilà quelques extraits de l’interview de Mariko:

«Ce qui m’a frappé, c’est l’échange sur la manière dont Gao a été pris. Ceci est important à savoir pour les Maliens. Ce n’est pas l’armée malienne, qui par couardise, a abandonné Gao. N’importe quelle armée au monde, face à une situation comme celle-ci allait abandonner le terrain. Ce qui s’est passé, c’est que les rebelles sont rentrés à Gao discrètement, ont été hébergés et entretenus par des gens. Les armes ont été ont été cachées à l’intérieur de Gao par une partie de la population civile. Lorsque les rebelles ont suffisamment inondé la ville, ils ont fait bouger des voitures vers des alentours de Gao et l’assaut a été donné à partir de l’intérieur. Les militaires qui étaient arrêtés aux portes de Gao, depuis le camp, ne savaient pas que la ville était en train de brûler.

Alors, quand les militaires ont compris, ils ont commencé à se débattre, ils ont réussi à pousser dehors ceux qui sont rentrés par l’autre porte, à dégager le pont. Au moment où les troupes avançaient pour chasser les rebelles, les balles sortaient des maisons, de gauche à droite. C’est là où les militaires ont commencé à se défaire de leurs armes, de leur tenue pour se transformer en civil. Même là, certaines populations ne sont pas arrêtées là, elles sont allées jusqu’à dénoncer leurs compatriotes militaires pour les tuer allègrement en échange, d’argent, de promesses de vie meilleure… Cela doit être su des Maliens. Parce que nous devons profondément réfléchir sur les causes de la guerre, les raisons qui ont conduit à la débandade de l’armée pour pouvoir nous organiser.

Les éléments de Gandakoye qui m’ont donné ces informations le disent avec beaucoup de regret. Ça veut dire déjà que la population elle-même prend conscience déjà de son erreur. Mais je dirai qu’elle a certes fauté, mais n’est pas responsable de la situation. Pour la simple raison que pour que les populations arrivent à refuser les services de sécurité, l’armée, cela veut dire que la politique en cours dans le pays ne faisait pas son bonheur. Donc, l’armée, la police et la gendarmerie apparaissent comme des corps étrangers…». Ces propos sont pour le moins outrageants.

Nous apprécions les efforts déployés par le député Oumar Mariko afin de contraindre le gouvernement à s’expliquer sur ce qui se passait au Nord. Mais nous ne pouvons accepter les accusations portées contre les populations de Gao. En effet, il aurait été intéressant pour l’éclairage des lecteurs que Mariko dise précisément quelle est cette «partie de la population civile» qui a aidé les rebelles et qui est «allée jusqu’à dénoncer leurs compatriotes militaires pour les tuer allègrement en échange, d’argent, de promesses de vie meilleure». Tout comme il aurait fort utile qu’il donne le nom des militaires ou des éléments de Ganda Koy avec qui il a échangé à Sévaré.

Mais puisqu’il est arrivé jusqu’à Sévaré, il aurait pu continuer à Gao pour recouper les informations qu’il a recueillies dans sa quête d’information (nous rappelons que Mariko est un représentant du peuple et possède des radios). Pour sa gouverne, les populations de Gao n’ont commis aucune erreur encore moins une faute. Au contraire, elles sont les victimes de la barbarie qui a tout dévasté sur son passage. Nous ne pouvons pas imaginer un seul instant Mariko inscrire sa démarche dans une logique d’opposer les populations à l’armée malienne, mais qui sait. Toutefois nous faisons le constat qu’il ne favorise pas la cicatrisation des plaies car les populations de Gao estiment qu’elles ont été abandonnées par leur armée au moment des faits et qu’elles sont abandonnées par le gouvernement qui, depuis plus de trois mois, n’a rien entrepris pour les aider ou les libérer de l’occupation.

Comme lui-même déclare que c’est important pour les Maliens de savoir ce qui s’est passé, nous nous faisons un devoir et un plaisir d’éclairer sa lanterne.

1. Contrairement à ce qu’il affirme, il n’y a pas deux portes à Gao. Il y a plusieurs portes d’entrée dans la ville parce que la Cité des Askia est le symbole même de l’ouverture.

2. Avant même l’attaque du 31 mars, de nombreux militaires avaient commencé à quitter la ville.

3. Le jour de l’attaque, ce sont les populations de Gao qui ont aidé les militaires (soldats, sous-officiers et officiers) en détresse à se cacher. En effet, elles leur ont offert le gîte, le couvert et ont pu les « exfiltrer » du théâtre des opérations.

4. Les militaires qui n’avaient pas pu quitter la ville dans les premières heures de l’attaque sont restés sous la protection des populations qui les ont hébergés des jours durant avant de trouver une porte de sortie pour ne pas dire une échappatoire.

5. Ce sont les populations qui se sont organisées pour trouver de nouvelles pièces d’identité pour les militaires. C’est ainsi de nombreux militaires (soldats, sous-officiers, officiers) ont pu bénéficier de carte d’identité scolaire qui leur ont permis de franchir les barrages et les contrôles.

6. Ce sont les populations qui ont transporté certains militaires à bord de leur voiture personnelle de Gao à Bamako.

7. Ce sont les populations de Gao qui ont voyagé avec les épouses et enfants de militaires en les faisant passer pour leurs propres épouses et enfants.

8. Ce sont les populations de Gao qui ont assuré leur sécurité en les faisant transiter par Niamey et Ouagadougou.

9. Ce sont les populations de Gao qui ont gardé leurs bagages en sécurité. Jusqu’au moment où nous écrivons cette réponse, elles continuent à les envoyer à Bamako à leurs propriétaires par petits lots pour ne pas éveiller les soupçons des occupants.

10. Ce sont les populations de Gao qui aujourd’hui font l’objet de toutes les tracasseries. En effet, il n’est un secret pour personne que les passagers en partance ou en provenance de Gao vivent un véritable calvaire de la part des éléments des forces armées et de sécurité postées à Sévaré.

Où est l’erreur commise par les populations Où est la faute commise par «une partie de la population civile»? Les populations de Gao ne sont ni des traîtres ni des apatrides. Elles se battent à main nue contre les assaillants. Et personne ne les a entendues réclamer autre chose pour le Mali que leur appartenance à la République laïque, une et indivisible. Nous n’inscrivons pas notre réponse dans une logique de polémique. Mais nous rappelons à Oumar Mariko que c’est l’Etat qui a rendu public un communiqué pour demander aux militaires qui défendaient farouchement la ville et qui attendaient des renforts de Sévaré d’opérer un repli tactique pour épargner la vie des populations.

Le moment viendra où les Maliens réclameront la lumière sur les conditions qui ont permis la prise des villes de Kidal, de Gao et de Tombouctou. Toutes les responsabilités seront situées. En attendant, nous demandons à Oumar Mariko de travailler à panser les plaies. Qu’il veuille se faire de la publicité, c’est bien; mais qu’il ne le fasse pas en jouant avec l’honneur et la dignité des populations de la ville de Gao.

Le Secrétaire à la Communication du COREN

Tiégoum Boubèye Maïga

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