A la suite d’une conférence de presse, le mardi dernier, le chef de la Délégation de l’Union Européenne au Mali a souhaité que le Gouvernement et les groupes armés reprennent les discussions pour le règlement définitif de la crise sécuritaire au nord du Mali. L’Ambassadeur Richard Zink a également évoqué l’accord de Ouaga, le bilan et les perspectives de la coopération avec le Mali, en présence du Commandant de l’EUTM, Gal. Bruno Guibert.
Richard Zink(1)L’ambassadeur Richard Zink est arrivé au Mali en février 2012, à la veille de la double crise institutionnelle et sécuritaire. Le diplomate européen dit avoir vécu dans notre pays deux années qui ont marqué son existence : l’année la plus longue (2012) et celle plus courte (2013). A cet effet, il rappelle que la première est celle qui consacre le coup d’Etat ; l’occupation des régions du nord ; la transition et ses gouvernements successifs ; la démission (forcée ?) du Premier ministre, Cheick Modibo Diarra….
Quant à la seconde, elle a été marquée par l’intervention de la communauté internationale au Mali à travers la Misma, la Force Serval et la Minusma ; la reprise de la coopération au développement ; les élections présidentielles et législatives ; le retour de l’ordre constitutionnel avec la mise en place d’un gouvernement légitime ; le démantèlement de la junte ; la signature de l’accord de Ouaga… Bref, « l’année où tout le monde est convaincu que les choses vont changer », a affirmé le chef de la délégation de l’Union Européenne. Pendant ces deux années de crise, l’UE est restée aux côtés du Mali et s’est engagée sur tous les fronts (sécurité, politique, développement et humanitaire) avec plus de 200 milliards de FCFA décaissés gratuitement pour les besoins des populations et du Gouvernement maliens.
Au plan politique, l’Union Européenne a accompagné notre pays dans la recherche de la paix et le règlement définitif de la crise. Elle a appuyé le processus électoral en envoyant deux missions d’observation électorale au Mali pour la présidentielle et les législatives. La mission était conduite par le commissaire européen, Louis Michel, qui va rendre public, à la mi-février, son rapport définitif sur l’état des élections au Mali. L’Europe a également contribué à hauteur de 11 milliards de FCFA dans le financement des élections. Ajoutez-y les visites des présidents Dioncounda et IBK à Bruxelles ; et le discours ce dernier à Strasbourg (en France) devant le parlement européen, en décembre 2013.
Aussi, l’UE est co-signataire de l’accord de Ouagadougou que l’Ambassadeur de l’UE demande de ne pas sous-estimer. Car, disait-il, contrairement à ce qu’on fait croire aux gens, « l’accord de Ouaga n’a pas permis que les élections. Il a également confirmé les principes de la laïcité et de l’intégrité territoriale du Mali ». Pour Richard Zink, il faut nécessairement en tenir compte. C’est pourquoi, il souhaite la reprise des discussions avec les groupes armés.
Une armée malienne confiante
Dans le domaine de la sécurité, le diplomate s’est dit fier de l’apport de l’EUTM à l’armée malienne. L’EUTM est la mission de formation de l’Union Européenne au Mali. Dirigée depuis le 1er Août 2013 par le Général Bruno Guibert, l’EUTM se repose sur deux piliers notamment une mission de formation des unités combattantes des forces armées maliennes ; et une mission d’expertise et de conseil aux réformes structurelles de l’armée malienne. Déjà 3 bataillons sur les 4 prévus ont été formés et se trouvent sur le théâtre des opérations. La formation du 4ème bataillon est actuellement en cours. L’Europe envisage de prolonger la mission de l’EUTM jusqu’en 2016 pour former 4 autres bataillons qui vont probablement permettre à l’armée malienne d’avoir une certaine autonomie dans la conduite des opérations.
Le Commandant de l’EUTM, Gal. Bruno Guibert, a affirmé d’ors et déjà, que l’armée malienne a retrouvé aujourd’hui « la confiance, la fierté et la capacité » qui lui permet de conduire des opérations et des missions, notamment au nord du Mali.
En outre, l’UE n’est pas restée en marge du développement. Bien au contraire. La conférence des bailleurs à Bruxelles (Belgique) est une des preuves de son implication dans la mobilisation des ressources au profit du Mali. Elle a fait deux décaissements de 60 et 20 milliards de FCFA dans le cadre de l’appui budgétaire. Elle est, dans ce domaine, le 1er soutien des autorités maliennes dans les régions du nord en favorisant le retour des services sociaux (écoles, bâtiments administratifs, centres de santé…).
Enfin, l’Union Européenne a mis à disposition plus de 50 milliards de FCFA dans le cadre de l’aide humanitaire. Cet argent permet de financer des programmes tels que « le Retour à l’école », « des initiatives en matière de santé ou d’aide alimentaire et nutritionnelle ».