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Leurre et erreur : Quand le Chérif de Nioro se donne des auréoles
Publié le jeudi 30 janvier 2014  |  Le Prétoire




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Parce que le pouvoir en place n’applique pas à la lettre les règles et ordres qu’il lui dicte, le Chérif de Nioro, Mohamed Ould Cheicknè Hamaoula dit Bouyé, profère des menaces à son endroit. Le fait qu’un homme comme lui se prend pour le scénariste de tout un Etat constitue un grave égarement pour le Mali. Et l’erreur vient de loin.


Dans un pays où l’on gobe toute sorte de choses, où la naïveté, sinon la « moutonnerie » des hommes prime sur tout, tout devient possible. C’est le cas actuel du Mali. Nous voilà face à une situation qui ferait honte à toute nation qui se dit démocratique et laïque. Pire, une situation synonyme d’insulte même à l’intelligence humaine. Parce que soutenu et sur- humanisé par une catégorie de personnes ingénues et naïves, le Chérif de Nioro, Mohamed Ould Cheicknè Hamaoula dit Bouyé, se croit aux commandes du pays.

« Ce n’est pas parce qu’un parti est au pouvoir qu’il doit bénéficier de toutes les faveurs au détriment des autres Maliens. Si le RPM n’arrête pas d’être injuste envers les Maliens, je le combattrai plus fermement que je n’ai combattu l’ancien régime ! Je n’ai pas combattu ATT par simple détestation mais parce qu’il se montrait injuste envers le peuple! ».

C’est en ces termes qu’il a lancé ses menaces. Après quoi, il a annoncé que dans les semaines à venir, le peuple entendra parler de lui au plus haut sommet, et qu’il ne tolère plus de servir d’échelle aux assoiffés de pouvoir. D’abord bien malin qui connait exactement la profession qu’exerce ce gourou, en dehors de sa carrière de parrain d’une bonne partie de l’élite malienne. Toute cette rancœur vient du fait que certains de ses filleuls ou adeptes, ses pions en un mot, n’ont pas été calés aux places qui visaient pour eux. On en veut pour preuve sa sollicitation ouverte à IBK de mettre à la tête de la primature, au lieu d’Oumar Tatam Ly, un autre directeur de banque qui ne jure que par lui et qui l’encense à coût de dizaines de millions de francs CFA par mois. Mais aussi, c’est dû au fait que d’autres de ses hauts protégés, ses pupilles, ont été écroués, notamment l’exceptionnel général Amadou Haya Sanogo.

En regardant ce phénomène de près, on se rendra compte que le fabliau de ce personnage se disant descendant direct du Saint prophète Mohamed, paix et salut sur lui, vient de loin, même de très loin.



Du milieu de son règne dictatorial à sa fin, l’ancien président, Général Moussa Traoré et certains de ses proches le glorifieraient exagérément. Logiquement, à cette époque le maitre coranique vénéré par le pouvoir devenait automatique le référent spirituel public. Il semblerait que c’est de là que vient toute la mystification et la sacralisation qui l’entourent.
Ensuite, vint ATT, qui le mit au-dessus de tout. Durant plusieurs années, rares, voire inexistantes étaient les décisions qu’il prenait sans consulter « Kaou Bouyé », comme il aimait l’appeler. Le Chérif de Nioro était le conseiller, le père spirituel, le guide d’ATT. Cela lui a valu de ne payer ni taxes, ni impôts et d’être le plus propriétaire terrien de la région de Kayes et d’avoir un parc automobile plus que celui de la présidence même. Mais tout bascula entre lui et l’ancien président le jour où ce dernier, dans sa politique d’assainir les finances du pays, releva de son poste de DFM un de ses protégés, Youba Ba. Bouyé devint alors le pire ennemi d’ATT. D’aucuns se demandent même s’il n’a pas joué une partition dans la chute du pouvoir de celui-ci. Cependant les gros bonnets que ce dernier avait introduits dans sa sphère continuent toujours de le vénérer.



Nul n’ignore son idylle « papa fiston » avec le généralissime Amadou Haya Sanogo. Ce dernier, qu’il avait tellement endoctriné, alla même jusqu’à lui promettre qu’il combattra titans et dragons pour mettre à la tête de l’Etat, à l’issue des élections, la personne de son choix.
Quant à IBK, il est vrai qu’il est allé le voir avant le scrutin présidentiel. Sans doute, parce que son pouvoir d’influence et de mobilisation est sans égal. Il a dû écouter ses doléances et souhaits, certainement par courtoisie. Mais rien ne justifie qu’il lui ait promis quoi que ce soit. Même si ce n’est pas le cas, le Chérif, lui qui a déboursé plus d’une centaine de millions de francs CFA pour soutenir la campagne d’IBK et qui déclarait : « Nous devons opter pour le changement et IBK seul peut, aujourd’hui, nous l’apporter», n’est pas d’aplomb lorsqu’il dit : «Rien n’a changé depuis l’élection présidentielle. Au contraire, les ténors de l’ordre ancien restent en place ou refont surface alors que les partisans du changement sont jetés en prison ou exclus des affaires publiques ! ».


L’immixtion du Chérif de Nioro, qui se donne des auréoles de saint, dans la politique de l’Etat est de la faute de tous ceux qui le vénèrent. Dieu seul sait combien ils sont nombreux et puissants. Dans un Etat laïc, ce qui est dangereux, ce ne sont pas les mouvements religieux ni les sectes, mais les dérives fanatiques qui visent à mettre une personne au-dessus de tout.


Nouhoum DICKO

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