Au regard de l’absence de forces de sécurité depuis la prise des régions du Nord par les rebelles et intégristes islamistes soutenus par les terroristes d’AQMI, les nouveaux maîtres de la partie septentrionale du pays n’ont rien trouvé de mieux que de créer leur propre police afin d’assurer la sécurité des populations restées sur place. Un événement qui doit encourager les autorités maliennes à agir vite pour la réunification du pays, sinon….
À Gao, ancien quartier général de l’ex-rébellion du MNLA, les habitants sont étonnés de voir la police des islamistes patrouiller dans la cité. Leur seule présence dans les rues relève donc d’un événement. Depuis la prise de la ville le 31 mars 2012, tous les policiers ont fui vers le Sud, et comme la nature a horreur du vide, les nouveaux maîtres des régions occupées ont décidé de mettre les institutions en place afin que leur république soit enfin en marche.
Symbole de désunion
La création de cette unité de police par les intégristes dans les régions sous leur contrôle est le symbole achevé de la division du pays par ces bandits armés. Le processus final du retour de l’administration publique dans ces zones sera donc pénible. Les policiers, gendarmes, militaires, douaniers, agents des eaux et forêts, qui seront redéployés dans les villes du Nord après la crise, auront du pain sur la planche
Mauvaise réputation
Dans la Cité des Askia, les bandits armés du MUJAO et d’Ançardine et certains de leurs acolytes n’ont pas bonne réputation. C’est l’ironie de l’histoire : en termes de racket des civils, d’impunité et de violations des droits humains, ces derniers en font pire que les policiers et gendarmes qui étaient dans la ville dont les exactions poussent les jeunes à les affronter chaque jour que Dieu fait. C’est bien le talon d’Achille des agents des forces de l’ordre et de sécurité, de cette police islamique dans les régions. Au fur et à mesure qu’on se bat au Sud pour des futilités, au Nord, les nouveaux maîtres veulent tourner une nouvelle page du pays. L’état d’esprit des forces de l’ordre est également révélateur du désastre que les régions du Nord du Mali a connu. La présence d’intégristes, kalachnikov en bandoulière et visibles un peu partout dans la ville est le signe que la paix n’est pas pour bientôt. C’est pourquoi, si l’on sait quand débute un conflit, il est très difficile de mesurer son impact et sa fin, dit-on.
