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Lettre ouverte à IBK : Vérité pour la réconciliation
Publié le vendredi 31 janvier 2014  |  L’aube




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Notre compatriote résidant à Dakar et qui avait écrit la semaine dernière dans colonnes au Président sénégalais, Macky Sall, s’adresse cette fois-ci à IBK. Voici sa lettre ouverte

Stupéfaction et soulagement deux sentiments mitigés qui m’habitent et m’offrent l’opportunité de livrer la quintessence des raisons qui les sous-tendent.


STUPEFACTION, par l’acte posé par le communiqué du gouvernement qui veut traduire l’ancien chef d’Etat devant la Haute Cour de Justice sur la base d’une dénonciation. Des médias réputés sérieux ont estimé qu’il ne s’agit ni plus, ni moins que d’un règlement de compte, alors qu’au même moment l’intéressé s’est enfermé dans un mutisme obstiné et un silence de dignité pour ne pas déranger les nouvelles autorités et celles du pays d’accueil. Attitude pleine d’humilité et de courtoisie.



STUPEFACTION aussi, par l’attitude d’un gouvernement qui est installé à peine quelques mois, qui croule sous le poids des priorités (le problème du Nord, le panier de la ménagère, la cherté de la vie, l’emploi des jeunes etc.) et qui, au lieu de s’inscrire dans la recherche des solutions par un programme avec une thématique de développement durable et une thématique d’avenir, pose un acte dont l’urgence n’est pas avérée et qui ne contribue qu’à attiser la discorde au moment où la réconciliation doit être le leitmotiv et la clé de voûte de la reconstruction. Au moment où la sphère d’influence de l’Etat est amoindrie et où le spectre de la guerre existe encore dans le Nord, avec ses perspectives effrayantes, ne pas reconnaître l’inopportunité d’un tel acte, c’est faire preuve de myopie politico-intellectuelle.
Les enjeux qui nous interpellent sont colossaux, mais pas insurmontables à condition qu’on mette sous le boisseau, l’égoïsme, le culte du Moi, ou plutôt de mettre ce Moi au service de la mission collective.


N’acceptons pas l’effondrement sans précédent de nos valeurs identitaires de respect de la dignité humaine.



SOULAGEMENT, au moment où l’incompréhension et l’indignation s’emparent d’une très grande majorité de Maliens tant du pays que de la diaspora, j’aperçus une lumière dans la nuit noire des dénonciations, de la confusion et de l’injustice qui se dessine, une lumière qui jaillit de la bouche de Hama Ag Mahmoud dans son interview parue dans le Courrier du Sahara. Il fut, semble-t-il, l’un des ténors du MNLA en charge des affaires extérieures dans le Conseil Transitoire de l’Etat de l’AZAWAD. Le gouvernement autoproclamé du MNLA disait: « Oui, la France nous avait donné son feu vert pour l’indépendance de l’AZAWAD et quand vous regardez les images de Hollande à Tombouctou, vous ne voyez pas une seule personne blanche. Comparez l’arrivée de Hollande à Tombouctou avec celle de Chirac (où ATT était le Président de la République), vous allez voir la gaffe de l’armée française ».
Il poursuit en affirmant qu’il y avait un agenda caché. Au départ, on disait à la France : « C’est vous qui nous avez incités à revenir dans l’AZAWAD, vous nous avez demandé de faire déserter tous les combattants de l’AZAWAD qui étaient dans l’armée libyenne et bloquer le recrutement des libyens dans l’AZAWAD et dans l’Aïr au Niger ».


En contrepartie, elle nous a donnés son feu vert pour l’indépendance de l’AZAWAD. En conclusion, dit-il, l’objectif de la France était tout simplement d’affaiblir le gouvernement malien et faire une OPA sur les ressources de l’AZAWAD qui n’ont encore été ni exploitées ni explorées. Monsieur Mahmoud de poursuivre : « Le MNLA n’a jamais été pro islamiste, mais il a été infiltré au plus haut niveau par les pays qui financent le terrorisme. Je veux parler de l’Algérie mais aussi du Qatar. On a tous vu comment s’organisaient les distributions de ravitaillement et d’argent dans le Nord et qui était à l’origine ? Je n’exclue pas que les français et les américains soient aussi impliques». L’aveu étant la reine des preuves, une vérité aveuglante vient de nous éclairer.


Une telle explication qui ressemble à tout point de vue à un complot international contre le Mali et son intégrité territoriale a de quoi faire froid dans le dos et ne saurait impliquer ATT et son gouvernement qui en ont été les victimes.


Et j’ajouterai quant à moi et pour ce que je sais, en Octobre 2011, l’auteur Hama Ag Mahmoud et quelques cadres touaregs ont quitté précipitamment le Mali en toute clandestinité et ont ouvert un bureau du MNLA en Mauritanie. A l’époque, la direction politique du MNLA travaillait à partir de Nouakchott. Mahmoud était acteur et décideur pour avoir accepté la promesse de la France de faire de l’AZAWAD un Etat indépendant. Cette promesse non tenue créa chez lui un état d’âme mais qui aurait au moins permis de connaître tout le déroulement de ce vaste complot et on comprend mieux dés lors comment ces colonnes de véhicules aient pu échapper aux renseignements des stations de l’OTAN. C’est parce que tout simplement, toutes les facilités leur ont été accordées. Et en complicité avec des déserteurs touaregs de l’armée et quelques militaires véreux, ils ont accompli l’acte ignoble en devenant les fossoyeurs de la démocratie acquise au prix du sacrifice de nos enfants morts sur les artères rougies de leur sang.


Afin de lever toute équivoque, en deux magistratures, je n’ai jamais eu l’occasion de serrer la main à ATT, encore moins d’avoir le privilège d’une audience avec lui. Je dis souvent que la vérité n’a ni frontière, ni culture, car elle est la culture. Elle est l’expression de ce que nous dicte notre conscience sans à priori encore moins de parti pris.



Monsieur le Président, l’impression que votre frère cadet ATT a toujours donné pendant ses deux magistratures, c’est son humilité et sa simplicité, mais derrière lesquelles se cache un homme d’une grande ténacité et d’une grande intransigeance dans ses opinions quand il s’agit des intérêts supérieurs du Mali. L’on se souvient que les divergences entre le gouvernement de ATT et le gouvernement de Sarkozy n’étaient rien d’autre que le refus.
De signer le protocole de l’immigration qui permettait au gouvernement français d’expulser les ressortissants maliens vers le Mali, mais ATT exigeait la régularisation des Maliens qui remplissaient les conditions et refusa ainsi d’accorder un chèque à blanc au ministère français chargé de l’immigration.


La position du Mali vis-à-vis de la Libye. Le Mali représentant l’Afrique de l’Ouest dans le comité des cinq (05) chefs d’Etat chargés par l’UA de trouver une solution négociée à la crise. A titre de rappel, l’Afrique australe représentée par le Sud africain Jacob Zuma, l’Afrique de l’Est par Museveni de l’Ouganda, l’Afrique centrale par Denis Sassou N’Guesso, le Maghreb par Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie. A l’époque, il refusa de prendre une position systématique contre la Libye eu égard à sa lecture propre et sa présence dans le comité de médiation de l’UA.

Son refus de l’installation d’une base militaire française au Mali et qui avait été supprimée en 1961 par feu le Président Modibo Kéïta. Le sit-in des femmes, la tête couverte de foulard rouge lors de la mise en place de l’assemblée nationale pour dénoncer et réclamer justice suite aux viols dont elles ont été victimes sous l’œil concupiscent et passif de certains qui doivent y siéger n’est pas une manifestation anonyme et anodine, mais spontanée démontre à suffisance l’idée qu’il y avait bel et bien le ver dans le fruit et que cela pourrait concerner d’autres sphères de l’Etat. Ajoutons à cela l’aveu de Hama Ag Mahmoud, on se rend aisément compte que l’ancien président ATT a bien été victime d’un complot ourdi tant par des éléments intérieurs que par une coalition internationale.


Monsieur le Président,
Etant de la même génération que vous, je vous tiendrai des propos intergénérationnels plus propres et plus couverts du manteau de la vérité, que tous ces laudateurs qui dans leur guerre de positionnement se complaisent dans la délation, le panégyrique, la dénonciation, toujours plus enclin, aux orientations vindicatives au lieu de la recherche de la paix des cœurs pour la réconciliation, et n’hésitent pas à renier tout ce qui a fait d’eux des Maliens à savoir leur dignité et leur honneur.



Cher frère Président, n’ouvrons pas la boite de pandore qui a la particularité de laisser s’envoler tous les biens et les maux retombés sur nous avec l’espérance, la réconciliation et la paix des cœurs restés au fond de la jarre.
Et c’est encore l’occasion pour moi de vous dire, cher frère Président, vous qui exercez l’autorité souveraine, envoyez chercher votre frère cadet et ce sera un acte de grandeur pour un grand peuple. C’est la voie de la sagesse plus conforme à nos valeurs traditionnelles de respect de la dignité humaine.



Je ne saurai terminer, cher frère Président, sans vous inciter à la vigilance. La France-Afrique a cessé d’exister d’après certaines déclarations, mais tel un phénix, elle renait de ses cendres sous la forme d’un caméléon qui change de couleur selon l’environnement pour mieux capturer sa proie. Sans préjuger de certaines relations, je voudrais rappeler les propos pleins de cynisme mais combien d’actualité du Général De Gaulle qui disait : « Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ».


Que Dieu protège et bénisse le Mali.


Pilote Commandant de Bord Air Sénégal à la retraite
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