Cela fait maintenant trois semaines que les membres de cette famille sont dans la rue avec leurs bagages à Daoudabougou, près de l’ASACODA. Ce sont cinq frères, tous chefs de familles qui ont été expulsés de force de leur maison qu’ils ont construite de la sueur de leur front, depuis une vingtaine d’années. Les familles voisines restent solidaires en attendant le dénouement de l’affaire. Présentement, la maison est gardée par une demi-douzaine d’éléments de la garde nationale et quatre loubards. A notre passage, le fils de celui qui a procédé à l’expulsion était là en train de faire du thé et riait à gorge déployée des victimes de son père.
Rappelons que ce litige foncier a débuté il y a trois ans quand un beau jour, un homme se présente avec une assignation en justice à la famille Togola, arguant que sa maison occupe un terrain qui lui appartient alors que celle-ci ne se doutait de rien. C’est alors qu’il s’est avéré que l’original du permis d’occuper de la parcelle (N°L Y 6) n’avait pas été transféré au nom de l’acquéreur, feu Bourama Togola. Car, le sieur Adama Doumbia aurait déclaré avoir perdu ce précieux document entre Bagadadji et Missira. C’est dans ce contexte que celui à qui le terrain appartenait, monsieur Bassoum, fera établir un duplicata pour la famille Togola. Près de vingt ans après, un individu se présente pour réclamer ce même lot. N’y a-t-il pas là anguille sous roche ? En plus, le permis que le sieur Abdou Cissé utilisait pour réclamer la parcelle porte le numéro L.A6, différent de celui du terrain de la famille Togola. Malgré cette incohérence, le tribunal de la commune V aurait accepté de déclarer recevable la plainte du sieur Cissé. Pire, demandant aux victimes que le procès se ferait désormais sur la base du numéro réel de la parcelle et non celui présenté par le demandeur, du moins selon la version du fils aîné de la famille Siaka Togola. N’y a-t-il pas là ‘’deux poids deux mesures ?’’.
Comment ce même dossier a pu être diligenté pour jeter une famille de près d’une cinquantaine de membres sans que ni un juge ni procureur ou leur envoyé n’ait mis les pieds sur les lieux pour s’en quérir de la réalité ? Le sieur Cissé devrait-il être un bras long pour agir de la sorte eu égard aux tournures de l’affaire.
Nous nous sommes rendus sur les lieux le lundi dernier dans l’après-midi. Jusqu’ici, c’est la désolation totale qu’on constate sur les visages. La majeure partie des bagages, selon les propriétaires, ont été confiés aux familles voisines. Mais les membres de ladite famille demeurent dans la rue. Selon les informations recueillies çà et là, celui qui est soupçonné d’avoir fomenté ce coup n’est autre que le sieur Adama Doumbia.
Signalons que c’est le 17 janvier dernier, sans avertissement que la famille Togola a été humiliée devant Dieu et les hommes. Une confusion totale pour cette famille qui, depuis les années quatre-vingt, occupe cette maison payée par leur père à Amadou Bassoum à travers un vieux répondant au nom d’Adama Doumbia, tous deux demeurant en vie. Rappelons que c’est Amadou Bassoum qui a remis le permis authentique de la parcelle à Adama Doumbia pour le nouvel acquéreur feu Bréhima Togola. Mais, le sieur Doumbia indique qu’il a perdu le papier. Le vendeur A. Bassoum fut obligé d’établir un duplicata pour le désormais propriétaire, aux dires de Siaka Togola, fils héritier, un commerçant au grand marché de Bamako. Or, celui-là qui a mis les occupants de ladite maison est le fils à l’ami du sieur Doumbia qui dit avoir perdu les papiers originaux de la maison.
En effet, certains vieux du quartier, depuis le jour de l’expulsion, n’ont pas baissé les bras. Ils multiplient les tractations afin que la famille Togola retrouve son patrimoine.
Il faut dire, par ailleurs, que les jeunes de la localité appelée ‘’Daoudabougou Koda’’ menacent de descendre sur les éléments de la garde nationale et les loubards qui protègent la maison contre ses propriétaires. Mais les frères Togola s’opposent à toute forme de violence et demandent aux jeunes de respecter la décision de la justice. Pour eux, ce n’est qu’un début, car le bout du tunnel pourrait être bien loin.