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SEM Abou Rabah à la cérémonie de reconnaissance des femmes maliennes ‘‘Le Mali a besoin de cette force féminine pour réconcilier les âmes et les esprits de ce grand pays’’, affirme le Doyen
Publié le vendredi 31 janvier 2014  |  Le Zenith Bale




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Comme nous l’avions décrit dans notre dernière parution, le samedi 25 janvier 2014 restera gravé en lettres d’or dans les annales de la diplomatie malienne. C’est ce jour que les femmes du Mali reconnaissantes ont rendu les hommages mérités à SEM Abou Rabah, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la Palestine au Mali en fin de mission dans notre pays. Elles lui ont dit mille mercis pour 33 années au service de la paix au Mali.

Sur initiative de Mme Aminata Sidibé Diallo, ancienne ministre, la cérémonie a été organisée par la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille Mme Sangaré Oumou Bah, la Présidente Exécutive de la coordination des associations et organisations féminines (CAFO) Mme Oumou Touré, la Présidente du réseau des femmes anciennes ministres et parlementaires (REFAMF) Mme Sidibé Mariam Khaïdama Cissé, le groupe PIVOT, les Associations féminines du Mali. Ces hautes personnalités maliennes sont désormais détentrices du flambeau pour la paix en Palestine, en témoignent les écharpes qu’elles ont accepté de bien vouloir porter au coup, sur don de SEM Abou Rabah qui, auparavant, avait prononcé un discours historique. Lisez plutôt.

Madame la Présidente de la CAFO
Excellences Messieurs les Ambassadeurs
Mesdames et chères sœurs du Mali, tout protocole respecté,


Je voudrais avant tout vous remercier d’être tous présents en ce jour particulier.


C’est avec beaucoup d’émotions que je partage ce moment avec vous. C’est avec honneur et privilège que j’ai accepté votre invitation pour être parmi vous aujourd’hui à cette cérémonie que vous avez bien voulu organiser à l’occasion de la fin de ma mission en tant que premier Ambassadeur de l’Etat de Palestine auprès de la République du Mali depuis mon arrivée le 30 octobre 1980, c’est-à-dire 33 ans et 3 mois, et Doyen du Corps Diplomatique depuis juin 1987 (environ 27 ans).


Un tiers du siècle, c’est trop long, diront les gens, de passer au Mali, mais je vous dis, c’était passé pour moi comme cinq ou six ans, vu l’intensité du travail d’accompagner le Mali à travers ses dirigeants et leaders. C’était je dirais facile grâce aux femmes et hommes du Mali qui m’ont adopté et intégré parfaitement, où au fil du temps et des ans, c’est devenu normal et naturel sans barrières. C’était grâce à votre hospitalité légendaire, à vos sentiments de solidarité avec le peuple de Palestine dans sa lutte de libération, votre diatiguiya, votre noblesse de soutenir constamment et infailliblement cette lutte contre l’occupation et la colonisation israélienne de la terre palestinienne et de ses lieux saints, cette terre de révélations divines. C’était l’éthique et l’histoire, et le refus de l’injustice qui caractérisent le grand peuple du Mali, carrefour de civilisation dans le Sahel entre le Nord et le Sud du Sahara qui demeure un grand enjeu stratégique et géopolitique.


Aujourd’hui, je saisis cette circonstance où l’homme doit choisir la suite de sa vie après cinquante ans de militantisme et de vie politique, dont 40 ans de carrière diplomatique active entre le Nord et l’Ouest de l’Afrique, dont 33 ans au Mali ; pour rendre un hommage vibrant à la femme malienne et palestinienne dans leur lutte pour la liberté et la paix, et surtout contre l’occupation étrangère et la colonisation.


Qui plus que la femme souffre des affres de la guerre, de l’insécurité et des velléités coloniales ? C’est la femme qui paye le plus de sa chaire, de ses sentiments de l’injustice, de son exode ou exil, pour sauver ses enfants, pour sauver l’avenir du pays.


Ces injustices et ces souffrances touchent la frange la plus fragile : la femme, l’enfant et la famille, car cible facile pour les inhumains.
Ça touche la femme en tant que source de la vie, la moitié de la société. C’est la femme qui donne l’enfant, lève et éduque la deuxième moitié de la société. Elle est la garantie de l’éthique et de l’histoire. Elle est le moteur réel de la société et de son bonheur.


Comment peut-on être sans la femme ? Elle est la mère, l’épouse, la sœur, l’éducatrice et la militante infatigable de la construction de la société et son guide et repère. Elle assume les plus grandes responsabilités dans la marche de construction au niveau de la famille, de la maison, de la société et de la patrie.


Je salue la femme, je lui rends un vibrant hommage, car elle est la mère qui porte l’enfant dans ses bras près de son cœur, ou sur son dos et laboure d’une main, et secoue le monde dans l’autre.

Durant ma vie au Mali, j’ai été témoin de la bravoure, de la force de la femme malienne qui a pu changer le cours de la vie dans certaines circonstances.


Aujourd’hui je vois la femme malienne labourant la terre, forgeant le fer, tissant les fils, conduisant les hommes dans les plus hautes sphères de l’Etat, ambassadeur, juge, administrateur, opérateur économique, professeur, médecin, ingénieur, avocat, député, médiateur, soldat et général militaire, ministre, qui s’affirme de plus en plus dans l’administration et la société.

Elles montrent de plus en plus leurs compétences en devenant les sœurs des hommes et l’égal des hommes. Je leur rends un vibrant hommage et de chaleureuses félicitations.


La solidarité entre la femme palestinienne et malienne s’est construite en 1986 lors de la visite au Mali d’une importante délégation de l’Union Générale des Femmes de Palestine conduite par une femme symbole de Palestine. Il s’agit de la première femme palestinienne prisonnière des geôles israéliennes en 1967 qui a conduit l’opération militaire contre l’occupation israélienne à Jérusalem. Après 10 ans, elle a été libérée par échange de prisonniers entre l’O.L.P et Israël. Elle s’appelle Mme Fatima Bernaoui. C’est une femme symbole, député, Général d’armée à la retraite. Elle a effectué plusieurs visites au Mali. A la suite de sa visite, plusieurs étudiantes maliennes ont été formées par le Centre de formation d’infirmiers palestinien (Falouja) au Caire. Ces maliennes étaient une exception dans ce centre car la formation était aux palestiniens exclusivement.


A l’échelle internationale, Maliennes et Palestiniennes menaient ensemble une solidarité agissante lors des rencontres et des conférences dans le monde.


Plusieurs femmes maliennes, dont des avocats et leaders politiques et dirigeantes des ONG et des droits de l’Homme, n’ont jamais cessé de soutenir la lutte de la femme palestinienne lors des rencontres internationales et régionales. Je voudrai nommer particulièrement Soyata Maïga, Feu Me Demba Diallo, ancien Président de l’AMDH et Feue Me Mbam Diarra, ancien Médiateur de la République, et je vous prie de bien vouloir observer une minute de silence pour le repos de l’âme des disparus.


Chères sœurs et amies,
Le Mali a besoin de cette force féminine pour réconcilier les âmes et les esprits de ce grand pays, chargé d’histoire et de civilisation, pour sauver l’unité et l’intégrité de la terre malienne, et aider les autorités maliennes à trouver et conduire la sortie de crise pour la paix, l’unité, le développement, la prospérité et la démocratie du Mali.

Enfin je vous réitère mes sincères remerciements, ma gratitude et ma reconnaissance pour votre accompagnement constant, vos encouragements et surtout pour votre soutien et solidarité fraternelle et indéfectible.
Par reconnaissance, j’ai décidé avec mon épouse et fidèle compagne et nos enfants que nous avons conçus au Mali, de poursuivre notre vie de vieux parmi vous sur la terre du Mali, notre deuxième patrie. Qu’Allah bénisse le Mali : peuple et terre !
Merci, grand merci.
Par Mamadou DABO

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