Tout en insistant sur la nécessité d’un dialogue national inclusif, les membres de la mission reconnaissent que la solution ne peut être que malienne
Les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont débuté hier une visite de deux jours dans notre pays. C’est par Mopti que les visiteurs ont commencé leur mission. Aussitôt arrivée dans la « Venise malienne », la délégation onusienne a rencontré les autorités administratives au gouvernorat. Pour l’occasion, trois membres du gouvernement avaient fait le déplacement : Sada Samaké (Sécurité), Zahabi Sidi Ould Mohamed (Affaires étrangères et Coopération internationale), Moussa Sinko Coulibaly (Administration territoriale). Le chef de la Minusma, Albert Koenders, était également présent.
Les rencontres avec les membres de la société civile, les militaires de la Minusma se sont déroulées à huis-clos. Parmi les représentants de la société civile, l’on notait la présence de l’imam de la Grande mosquée de Tombouctou, ainsi que celui de Gao.
Des dispositions sécuritaires particulières avaient été prises pour cette mission. Ainsi, l’on pouvait apercevoir deux hélicoptères survolant en permanence la ville tant disque des militaires lourdement armés montaient la garde sur les grandes artères et points stratégiques. Des militaires en poste à Gao étaient venus renforcer le dispositif sécuritaire à Mopti.
Sept mois après le déploiement de la Minusma au Mali, la visite de la délégation du Conseil de sécurité avait pour objectif de soutenir la stabilisation de notre pays et l’action de la Mission des Nations unies. La mission est venue s’enquérir de l’état des négociations entre le gouvernement et les groupes qui sévissent à Kidal.
int mopti« Les Casques bleus se déploient dans des conditions très difficiles au Nord. Nous voulions donc avoir toutes les informations nécessaires à ce sujet. Après le plein rétablissement de l’ordre constitutionnel, les membres du Conseil de sécurité souhaitaient appuyer la mise en place dès que possible, d’un dialogue national inclusif pour une solution durable au nord du Mali. Une solution qui ne peut être que malienne, décidée par les Maliens et pour le Mali », a déclaré Gérard Araud, le représentant permanent de la France auprès des Nations unies et co-leader de la délégation onusienne.
« Les groupes armés doivent être désarmés. Au Mali, il ne peut pas y voir d’autres forces armées que celles du Mali », a martelé Gérard Araud suggérant que les groupes armés se transforment en partis politiques pour participer à la vie politique du pays.
Mais pour lui, cela suppose que des garanties soient données « aux populations du Nord pour que leurs voix soit entendues » sous la forme d’une large décentralisation. « C’est aux autorités maliennes de le décider », a-t-il estimé, avant de rappeler que la résolution du Conseil de sécurité créant la Minusma prévoyait le déploiement de 12.640 membres du personnel en uniforme, dont 11 200 soldats et 1440 policiers. Sept mois plus tard, il n’y a que la moitié du personnel sur place.
Le conseiller aux affaires économiques et financières du gouvernorat de Mopti, Moumouni Damango a fait le point de la situation sécuritaire dans la Région de Mopti à travers une projection. La situation sécuritaire est marquée par la reconquête effective des trois cercles précédemment occupés (Douentza, Ténenkou et Youwarou) ; le retour de l’administration et des forces armées et de sécurités maliennes ; la présence des forces de la Minusma.
Malgré cette présence des forces armées et de sécurité, un banditisme résiduel persiste dans la région. Cela se caractérise par des braquages, des vols à mains armées, des assassinats crapuleux, des règlements de compte, des enlèvements de bétail. La psychose de réseaux jihadistes dormant règne aussi. Ces facteurs menacent la quiétude, la libre circulation des personnes et des biens et la relance de l’économie.
Moumouni Damango a aussi relevé qu’il existe des poches d’insécurité sur le triangle Douentza-Hombori-Bambara Maoudé. Tout comme dans le secteur de Mondoro, la forêt de Boulkéssi et la frontière avec le Burkina Faso et la bande à cheval entre Youwarou-Ténenkou (ventre mou du Delta intérieur du Niger en période de décrue) et la frontière avec la Mauritanie vers Fassala (jonction forêt du Ouagadou).
La sécurité, la paix et le développement étant indissociables pour construire l’avenir, les autorités de Mopti recommandent d’assurer une sécurisation durable dans la région à travers un climat de paix en neutralisant les bandes armées, les coupeurs de route et autres bandits de grand chemin. Pour cela, il convient de renforcer les capacités opérationnelles et de mouvements des forces armées et de sécurité sur l’ensemble de la Région et développer davantage la synergie et la coordination entre les forces armées maliennes et celles de la Minusma.
Pour le conseiller aux affaires économiques et financières du gouvernorat de Mopti, avant de parler de développement, il est impératif de remplir un certain nombre de préalables : récupérer les armes de guerre ; instaurer le dialogue, la vérité et la réconciliation ; réduire la vulnérabilité des populations ; redémarrer les grands chantiers de construction (routes, infrastructures hydro-agricoles et sociales de base etc.…). Ces mesures vont sécuriser et relancer les secteurs du tourisme et de l’artisanat grands pourvoyeurs d’emplois.
C’est aujourd’hui que la mission des membres du Conseil du conseil de sécurités des Nations unies prend fin. Plusieurs rencontres sont prévues dans la capitale.