Non M. le ministre ! Les forces armées ne sont pas des chefs « FAMA » , mais des serviteurs ou ‘’Tondjon’’ en Bambara. A moins que vous chercheriez à préparer vos inconditionnels armés ?
Dans une société multiséculaire à la culture diverse et ample et à l’histoire riche et ancienne comme le Mali, dans un pays où la religion (musulmane comme chrétienne) est un choix déjà entériné par une majorité écrasante du peuple qui a toujours engendré des saint-hommes dont les descendants continuent d’entretenir la flamme, dans une République qui se dit laïque avec un système démocratique en construction de manière fastidieuse mais volontaire, c’est insulter la conscience des populations que de choisir comme sigle de ses Forces Armées, FAMA, qui signifie « CHEFS » en langue BAMBARA. Chef de qui ? Chef de quoi ? Chef en quoi ? Chef pourquoi ? Chef depuis quand ? Chef pour combien de temps ?
C’est également faire preuve d’un manque de compétence caractérisé que de ne pas pousser la réflexion et l’analyse au-delà de ce sigle chargé et de s’arrêter seulement à la facilité de la trouvaille. Une explication peu recevable dans le cas d’espèce, à moins qu’on ne cherche à insulter l’intelligence du ministre Boubèye. Surtout que lors d’une interview à l’émission « INTERVIEW DE LA SEMAINE » diffusée sur l’ORTM le 24 janvier 2014, notre confrère Yaya Koné a attiré son attention sur ce nouveau sigle « FAMA » et sa charge psychologique négative; ce qui n’émut point Boubèye qui, non seulement, n’a affiché ni surprise ni incompréhension, mais a assumé avec fierté sa « belle » trouvaille. Eh bien ! Boubèye semble être dans une stratégie irresponsable de soudoiement de la troupe, très lourde de dangers. Cette méthode qui consiste à caresser les militaires dans le sens du poil, est dangereuse pour notre société et sa jeune démocratie et est porteuse de germes de défiance de l’armée vis-à-vis de l’Etat et d’inconsidération à la l’endroit du peuple. C’est un mauvais service rendu à l’Etat qui ne reconnaît comme chef que le Président de la République qui, elle, n’est à la disposition que du peuple souverain. En République, il faut se méfier de la manipulation des symboles, car ils nous parlent à chaque instant.
Dans une République qui a opté pour le système démocratique, le militaire est toujours serviteur et n’est jamais chef. Mais dans une République aussi, les ministres passent, les Présidents de la République passent, mais l’armée républicaine reste et demeure au service du peuple. Cela est surtout valable pour le cas du Mali qui vient de sortir d’une crise sécuritaire violente; par conséquent ce sont ces principes de base qui doivent toujours être rappelés et réaffirmés afin que l’impact psychologique se produise et se maintienne chez tous les porteurs d’uniforme, quel que soit le grade.
Tout le reste n’est que pure manipulation, dangereusement orientée et susceptible de porter atteinte aux fondements de la République et à la sécurité précieuse des populations. Dans une République, celui qui cherche les faveurs de « forces armées » pour qu’elles soient à sa disposition, fut-il un ministre, doit payer et entretenir des rebelles et se battre en dehors de l’espace d’expression démocratique, comme le fait le MNLA. Il n’ya heureusement pas aucune autre voie en République.
Alors chers officiers, sous-officiers, soldats et hommes de troupe, votre sigle ne peut être « FAMA » parce que vous n’êtes pas des chefs mais des ‘’Tondjon’’. Vous êtes des serviteurs et devez en être fiers. Pourquoi pas le sigle « AMAL » (Agir en arabe) pour ‘les Armées du MALi’ !
HKB