Des faux–fuyants comme le dépôt, devant la CPI, d’une plainte contre les destructeurs des mausolées – plutôt que de porter courageusement plainte contre l’Emirat du Qatar- ou l’exigence d’un gouvernement élargi remodelé ne sont guère de nature à rassurer les ressortissants du Nord rongeant désormais leurs freins de rage et d’impatience devant un ‘’laxisme coupable’’, une ‘’frilosité intolérable’’ de la part de l’équipe Cheick Modibo Diarra, visiblement éreinté par le poids des défis et la majesté des charges qui l’accablent au quotidien.
« Un jour viendra où notre peuple cherchera légitimement à comprendre comment et pourquoi un tel drame s’est joué chez nous ». Quel heureux ne présage que celui du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Sadio Lamine Sow, au cours de son premier vrai face à face avec le corps diplomatique et les représentants des institutions internationales présentes dans notre pays ! Mais pour l’instant, reconnait le responsable en chef de cette diplomatie de crise « notre combat est de rétablir en priorité, ici et maintenant, l’autorité inaliénable de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire national. » Un chantier difficile certes, mais qui n’est sans doute pas au-dessus de la volonté et de la détermination de son gouvernement, plus que jamais confronté à une sévère bataille de l’opinion, pour faire avaliser ses idées et ses propositions.
Si le principe de mise en place d’un gouvernement d’union nationale est désormais inéluctable, peu de sceptiques perçoivent en réalité un lien étroitement tangible et indissociable entre la satisfaction de cette exigence de dernière minute de la CEDEAO (elle-même engluée depuis un certain temps dans ses propres contradictions et atermoiements autour de la question malienne) et une belle victoire militaire et sécuritaire au Nord-Mali.
Peu rompu aux difficiles arcanes de la haute administration publique !
La multiplication de faux–fuyants comme le dépôt, devant la CPI, d’une plainte contre les destructeurs de mausolées, plutôt que de porter courageusement plainte contre l’Emirat du Qatar, ou l’exigence d’un gouvernement élargi, remodelé (peu importe la sémantique) ne sont plus guère de nature à rassurer davantage de nombreux ressortissants du Nord qui rongent désormais leurs freins de rage et d’impatience, devant ce qu’ils considèrent–à tort ou à raison–comme un laxisme coupable, une frilosité intolérable de la part du gouvernement dirigé par Cheick Modibo Diarra, visiblement éreinté par le poids des défis et la majesté des charges qui l’accablent au quotidien. Du coup, pas la moindre période de grâce ne sera accordée à cette sommité internationale du monde scientifique, hélas peu rompue aux arcanes de la gestion méticuleuse et soignée de la haute administration publique en cette douloureuse période de crise sécuritaire la plus grave de l’histoire du Mali.
Mais, en réalité, ce que certains « radicalistes » ne savent pas, ou plutôt doivent garder à l’esprit, c’’est de savoir que le cas du Mali, ce n’est pas simplement le problème de la CEDEAO, c’est le problème de toute l’Afrique. « Au fond, la question n’est pas de savoir si la CEDEAO est prête, mais si le continent est prêt. Personne n’a intérêt à ce qu’un nouvel Afghanistan s’installe là-bas » reconnaissait, il y a quelques jours seulement le président guinéen, Alpha Condé (un grand ami du Mali). En d’autres termes un recours aux bons offices ou aux résolutions de l’Union africaine dans ce dossier éminemment complexe s’avère naturellement indispensable pour faire évoluer positivement certaines positions, ou de circonscrire progressivement de vaines réticences.
Le Tchad : une expérience inégalée des opérations militairesau Sahara !
Tous les spécialistes de la région savent que le Tchad, à travers sa propre histoire, a aujourd’hui une expérience inégalée des opérations militaires en milieu saharien et qui serait fort utile pour déloger les islamistes du Nord. Lors d’un entretien téléphonique que le président français, François Hollande, a eu en début du mois avec Idriss Deby Itno, il lui a surtout fait part du souhait de la France, ainsi que les pays de la CEDEAO de voir un contingent de l’armée tchadienne participer à la force d’intervention au Mali. Mais le président tchadien qui peste encore contre l’intervention française en Libye, lui a répondu qu’il n’avait pas été associé aux décisions de la CEDEAO sur le Mali et que le cadre de cette organisation régionale lui semblait trop restreint pour fournir une réponse appropriée à la crise. D’ou son choix d’une intervention sous la double houlette de l’Union africaine et de l’ONU avec l’aide logistique et financière des puissances occidentales concernées du type Amissom en Somalie.
Quid de l’Algérie ?
Cette puissance régionale est incontournable, comme disent de lui les militaires et autres experts français. Tout le monde sait désormais que l’un des principaux facteurs de blocage du Mali pour (ré) conquérir le Nord-Mali reste l’Algérie craignant à son tour « les retours de bâtons terroristes à domicile », ainsi que la présence de troupes françaises aux confins du Sahara. Toutefois, ce pays continue de dérouter plus d’un observateur depuis l’ouverture des hostilités. Aux dernières nouvelles, la déroute récente à Gao des combattants Touaregs du MNLA a été plutôt bien accueillie par certains experts militaires algériens qui voient là une belle occasion de rapprochement avec l’armée malienne. Ce scenario privilégié par certains officiels au plus haut niveau se dessine donc. Un renversement d’alliances est désormais possible. Il est évident que cette stratégie a surtout pour but d’isoler systématiquement le mouvement islamiste Ançardine et toute cette nébuleuse de djihadistes qui l’accompagne.