Une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies a effectué une mission de deux jours au Mali. La mission avait pour objet de trouver les voies et moyens permettant de relancer le dialogue entre les autorités maliennes et les groupes armés du Nord. C’est sur une note optimiste que la délégation que conduisait le représentant permanent de la France auprès des Nations unies, Gérard Araud, a quitté Bamako lundi soir.
Gérard AraudArrivés le 1er février 2014, les représentants des 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies, menés par la France et le Tchad, étaient au Mali pour relancer les discussions en cours pour la paix, entre l’Etat malien et les groupes armés présents dans le Nord du pays. Des discussions qui doivent porter sur le statut des régions du Nord du Mali, qui auraient dû s’ouvrir en novembre et qui n’ont toujours pas commencé.
La délégation onusienne s’est rendue le lendemain de son arrivée à Mopti, ville tampon entre le Nord et le Sud et qui est susceptible d’accueillir les futures négociations entre les deux parties. Après une visite-éclair dans les locaux du gouvernorat et sur le camp de la mission des Nations unies, puis des rencontres avec des représentants de la société civile, la délégation s’est rendue dans l’après-midi à Bamako pour rencontrer le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK).
Au cours des échanges, le chef de l’Etat a réaffirmé aux représentants de l’ONU sa volonté d’aller vers un dialogue inclusif avec l’ensemble du peuple malien. Le lundi 3 janvier 2014, la mission onusienne a rencontré les représentants des groupes armés qui ont fait le déplacement à Bamako.
Les mouvements armés du Nord ont aussi réaffirmé leur volonté d’aller au dialogue, mais qui doit se tenir, selon eux, sur un terrain neutre. Les groupes armés, à défaut d’une indépendance, s’accrochent à une autonomie. Nous réclamons pour l’Azawad un statut particulier, une autonomie car la décentralisation a montré ses limites, a déclaré Ould Ramadane, qui a cependant affirmé que les groupes armés reconnaissaient l’intégrité territoriale du Mali.
Dans le communiqué final de la mission, la délégation onusienne souligne qu’il y a une volonté manifeste de tous acteurs maliens de trouver une solution à la crise qui n’a que trop duré. La délégation a salué les avancées significatives dans l’application de l’accord de Ouagadougou. Mais elle a regretté de constater un ralentissement dans les pourparlers.
Le communiqué final indique que suite aux rencontres de la délégation du Conseil de sécurité avec les autorités maliennes, il a été constaté une réelle volonté d’aller de l’avant. Cependant, les représentants du Conseil de sécurité exigent la reprise des négociations, sans délai et avec un calendrier précis.
Ce cadre politique est nécessaire, ajoute le communiqué, pour consolider les acquis sécuritaires et pour accélérer le processus de cantonnement et de désarmement des groupes armés. La délégation du Conseil de sécurité assure de soutenir tous les efforts des partenaires bilatéraux et multilatéraux qui contribuent à cette fin.
« L’absence d’un cadre politique inclusif risque d’être exploité par les fauteurs de trouble », souligne le communiqué. Aussi, la délégation des Nations unies encourage le gouvernement malien à déployer rapidement l’administration dans les régions affectées par la crise, afin de rétablir les services sociaux de base.
Selon Gérard Araud, qui a animé une conférence de presse le lundi soir, la première leçon tirée des différentes rencontres avec les autorités maliennes et les représentants des groupes armés, c’est la volonté d’aller de l’avant, la volonté de négocier pour résoudre cette crise. La deuxième leçon, c’est un sentiment d’urgence de résoudre cette crise le plus rapidement possible. Car, un retard dans la résolution de la crise, dit-il, peut entraîner un risque de radicalisation des groupes armés.
« Nous repartons de Bamako, impressionnés de la dignité du peuple malien et de la vitalité des institutions ; le Mali a des institutions légitimes, constitutionnelles et légales. C’est à ces institutions de gérer le processus de réconciliation et nous sommes rassurés, car, nous avons noté de part et d’autre qu’il y a une vraie volonté de parvenir à une vraie réconciliation qui permettra la réunification du Mali », a affirmé le chef de la délégation, Gérard Araud. Avant d’ajouter que le plus important, c’est que toutes les parties sont d’accord pour négocier.
A en croire M. Araud, tous les groupes armés se replacent dans le cadre de la souveraineté et de l’unité du Mali. Mais il a insisté sur le respect de l’accord du 18 juin lequel contient selon lui, une logique de réconciliation. Par rapport aux lieux des négociations, il assure que les négociations pour l’accord final se feront à Bamako. « Le sort du Mali sera réglé à Bamako », a dit le conférencier.
Le désarmement, dira-t-il, des groupes armés est obligatoire. « Il ne peut pas exister avec des groupes armés. C’est une évidence. L’accord de Ouagadougou est cohérent sur la question », a-t-il conclu.
Abdoulaye Diakité