Tchèè ! On n’a fait que quatre jours de jeûne mais personne ne se plaindrait que le réformateur Attaturk fasse irruption chez nous pour décréter le carême de sept jours, pas plus. Sinon mille coups de fouet.
Ouais, le cœur n’y est pas cette année. Et sûr, le cousinage à plaisanterie n’a pas été inventé pendant le mois de ramadan. En tout cas pas un mois comme celui-ci où tu as tout sur le marché, les dattes noires, les dattes mauves, le riz, le sucre, la viande, les produits Pam, les paquets des croix rouges algérienne et qatari. Tout sauf l’essentiel, c'est-à-dire le fric. Même notre Dirpub qui aimait les beaux bazins vient maintenant au bureau en « kobla niebla ». Il a dit que c’est pour éviter, sur la route, la même femme qui depuis deux ans fait tous les carrefours de la ville avec l’ordonnance chiffonnée et jaunie portant en objet les trois médicaments sans lesquels sa fille n’a pas de chance de vivre. Or un gars de la rédaction qui demande l’anonymat croit avoir vu plusieurs ordonnances et des billets perdants du Pmu dans la poche du patron entre un petit morceau de kola et un étui vide de chewing gum.
On ne peut pas lui en vouloir. Il faut vivre.
Il paraît que même le Diarraké de la Primature veille à remplir le cahier de bord pour vérifier l’utilisation du carburant alors que le patron d’une célèbre chaîne d’hôtels a mis en vente quelques unes de ses chemises griffées MB. Et puis il n’y qu’à voir les quantités cette année : mes deux beaux-fils m’ont apporté du sucre comme de coutume pendant ce mois mais c’est le contenu d’un verre 8 que j’envoie moi aussi à mes beaux parents. Que voulez-vous, je ne veux pas me mêler des affaires des Yankees mais il n’y a qu’eux qui ont le fric dans les coffres du Mca. Or ils ont tout mis sous scellés jusqu’à l’élection du futur président. Ce qu’ils ne savent pas c’est qu’avec cette galère, il n’est même plus sûr d’avoir un candidat.
Adam Thiam