La polémique autour du médiateur des prochaines négociations entre Bamako et les groupes armés a pris une nouvelle tournure le week-end dernier quand le roi du Maroc a reçu deux responsables du MNLA à Marrakech. Au centre des débats, il y avait naturellement la résolution pacifique et définitive de la crise malienne. Ceci intervient après que le Mali ait sollicité la médiation algérienne, car estime t-on, celle de Ouaga a montré ses limites.
Le premier médiateur de la crise au Mali est bien le Burkina Faso. Ouaga a par ailleurs, en dehors de la crise malienne, mené plusieurs médiations au sein de l’espace Cédéao. Chose qui a valu au président Blaise Compaoré le surnom de Monsieur médiateur de la Cédéao, l’estime de l’Occident et aussi d’avoir le dossier bouillant du Mali entre les mains à une période où la démocratie malienne montrait ses limites.
Cependant, la médiation burkinabé a montré ses limites et Blaise fut accusé un moment de comploter avec les rebelles pour cautionner la partition du pays. Ceci entraina un manque de confiance entre les nouvelles autorités maliennes et le médiateur de la Cédéao, d’où la suspension des pourparlers et la sollicitation par IBK des services d’Alger. C’est aussi la brèche trouvée par Alger pour s’engouffrer dans la course et de peser de tout son poids après, un silence curieux durant les treize mois de l’occupation, pour reprendre les choses en main et redevenir de nouveau le maitre du Sahel. Chose qu’il avait en partie perdu au profit de l’organisation ouest africaine durant les derniers mois de la crise malienne.
En effet, l’Algérie a toujours été devant la scène quand il s’agissait de résoudre la rébellion malienne. Elle avait parrainé le pacte national, les accords de Tamanrasset et ceux d’Alger.
Mais cette fois, ce rôle lui a été volé par la Cédéao qui, après le coup porté à la démocratie malienne, s’est tout de suite précipitée à Bamako pour obtenir un retour à l’ordre constitutionnel et ensuite l’accord préliminaire de Ouaga.
L’Algérie s’est vue ainsi écartée de la gestion d’un dossier qu’elle a toujours géré et s’est terrée dans un silence suspect. Il a fallu aux autorités algériennes de voir le roi Mohamed VI aux côtés du tout frais président de la République du Mali en septembre dernier pour essayer de se remettre dans la course en recevant notamment certains représentants des groupes armés, à l’exception du Mnla qui se dit ne pas être concerné. Par ailleurs, il semblerait que la médiation algérienne ait aussi montré ses limites. Car les solutions jusque-là trouvées par Alger n’ont servi qu’à apaiser temporairement les hostilités.
Quant au Maroc, il a décidé de s’intéresser aux questions du Sahel après un long moment d’absence. Cela commence également avec la crise malienne où le royaume chérifien a apporté un soutien de taille au Mali à un moment où le voisin algérien se murait dans son silence. Le Maroc a également signé des accords de partenariat intéressants avec le Mali et il avait installé un hôpital militaire dans notre pays.
En tout cas, tout laisse à croire que les deux puissances du Sahel veulent s’engager dans un bras de fer pour avoir la maitrise des questions sahéliennes.