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Artisanat, culture et tourisme : Mme le ministre renvoie les gardiens
Publié le mardi 24 juillet 2012   |  L'Indicateur Renouveau




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Une dizaine de vigiles en poste dans l’immeuble du département de l’Artisanat, de la Culture et du Tourisme viennent d’être mis à porte en toute impunité par la nouvelle patronne des lieux, sans explication et dans l’indifférence générale. Les pauvres ne savent plus à quel saint se vouer.

S’il y a un ministre dans l’équipe gouvernementale Cheick Modibo Diarra qui fait beaucoup parler d’elle, c’est sans doute celle chargée de l’artisanat, de la culture et du tourisme, Mme Diallo Fadima Touré. Alors qu’il y a quelques semaines ses larmes de crocodile au Sommet de l’UNESCO à Saint-Pétersbourg faisaient le tour du monde après la destruction des mausolées de Tombouctou, Mme le ministre vient de faire parler d’elle. En toute impunité, elle vient de jeter dans la rue une dizaine de gardiens pour, dit-elle, « faute grave ».

Les faits remontent au mercredi 9 mai dernier, où la situation sécuritaire à Bamako était des plus tendues. Ce mercredi, suite à une fausse alerte qui a fait le tour de la ville et venue quelques jours seulement après les évènements du « contrecoup d’Etat » du 30 avril, le Premier ministre décide de libérer tous les travailleurs de l’administration publique dès le matin. Ce, jusqu’au lendemain. Ce jour là, le traditionnel Conseil des ministres n’a pu avoir lieu à cause de la situation sécuritaire jugée très précaire.

Mme le ministre sur ses grands chevaux

Le jeudi, les travailleurs de l’Etat ainsi que ceux du secteur privé se sont rendus au travail au compte-goutte. C’est dans cette situation que Mme le ministre de l’artisanat, de la culture et du tourisme arrive à son bureau où elle trouve que la porte d’entrée qui lui est réservée était fermée, et que le gardien en charge n’était pas sur place.

Mme Diallo Fadima Touré, qui était venue elle-même ce jour dans un véhicule banalisé, a donc accédé à son bureau en rentrant par la porte principale réservée au grand public. Il n’en fallait pas moins pour provoquer la colère noire de celle que les travailleurs du département nomment désormais « la Margaret Thatcher », faisant allusion à la dame de fer, ex Premier ministre britannique.

Le lendemain, elle instruit à son Directeur du matériel et des finances, DFM (en son temps Mody Sall), de mettre fin aux contrats desdits gardiens. Cela, sans préavis et en violation des dispositions élémentaires en matière de Code du travail. Pis, Mme le ministre a oublié que ces gardiens sont des agents de sociétés de gardiennage liées au ministère par un contrat. Et qu’une telle résiliation du contrat peut conduire à des poursuites judicaires pour rupture irrégulière.

Le hic est que l’absence des gardiens, ce jeudi 10 mai, se justifie au même titre que celle de l’écrasante majorité des travailleurs à Bamako du secteur public ainsi du privé. En prenant la décision de renvoyer des chefs de familles au chômage pour un motif aussi fantaisiste, Mme Diallo Fadima Touré exprime son mépris pour les valeurs d’humanisme et de tolérance qui caractérisent notre culture, qu’elle est sensée promouvoir.

« Ce jour là, les transports en commun n’ont pas commencé à sortir tôt à cause de la situation qui prévaut à Bamako. C’est ainsi que nous sommes arrivés au ministère très tardivement. Nous avons présenté nos excuses », explique un des gardiens licenciés. Qui constate que malgré la décision de Mme ministre, la garde de l’immeuble n’a pas été confiée à quelqu’un d’autre.

Ce qui explique, renchérit-il, que nous sommes toujours responsables en cas de dégâts intervenus dans le département. « A ce jour, nous sommes à plus de deux mois d’arriérés de salaires. Et les petits cadeaux que nous obtenons grâce au lavage des véhicules et motos des travailleurs ne tombent plus », pleurniche cet autre vigile. Qui appelle à l’indulgence de Mme le ministre.

Bref, depuis plus de deux mois ces gardiens ne savent plus quel saint se vouer, et interpellent les bonnes volontés pour amener Mme le ministre à revoir sa décision. Mais face à une ministre venue en revanchard, difficile de s’attendre à un compromis. Pour combien de temps Mme Diallo Fadima va-t-elle continuer à régler ses comptes ?

Issa Fakaba Sissoko

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