Celui qu’on nomme le grand ‘’Boudha’’ de la musique malienne, Cheick Tidiane Seck non moins parrain de la dixième édition du festival sur le Niger n’a pas fait une langue de bois par rapport à l’occupation de la région de Kidal dans le nord du Mali. Un véritable coup de gueule qu’il a bien fait au micro de notre reporter à Segou. Lisez plutôt.
Tjikan : Monsieur Cheick Tidiane, en tant que parrain du festival sur le Niger de cette année, quelles sont vos impressions par rapport au déroulement des choses ?
Cheick Tidiane Seck : Mes impressions sont que le Mali a besoin de réjouissance, de cette communion sacrée autour d’un acte fédérateur, il n’ya pas mieux que ce festival pour atteindre ce but là. On sentait que les gens étaient confinés dans la terreur, et que là ils ont envie de se retrouver toutes ethnies comprises pour célébrer enfin une vraie cohésion sociale retrouvée.
Au-delà de cet aspect fédérateur que ce festival produit, en tant que sommité de la musique malienne et internationale quelles sont vos attentes par rapport aux prestations programmées dans le cadre de ce festival ?
CTS :J’attends du très haut niveau toujours que les artistes offrent au public présent une prestation de belle facture. Car, le festival sur le Niger est un festival majeur à travers l’Afrique et pourquoi pas du monde. On est pas sans savoir qu’en matière de festival, beaucoup n’ont pas pu résister en raison de beaucoup de facteurs, celui-là, il a tenu dix ans durant . La guerre a failli avoir raison de lui, le détruire à jamais. On renait donc de nos cendres. Moi, je suis doublement ému, quand je viens ici. D’abord en tant que parrain du festival pour cette année, mais aussi par le fait qu’il s’agit de la ville qui m’a vu naître. Ce festival pour moi est un oasis de paix et de communion pour toute la sous-région.
Personnellement quels sont vos projets ?
C.T.S : mes projets dans l’immédiat c’est la réalisation d’une musique de film pour un long métrage réalisé par son excellence Cheick Oumar Cissoko. Je dois aussi travailler sur l’album de deux divas bien connues de la musique malienne. Personnellement, je dois effectuer des tournées en Amérique Latine, au Canada, aux Etats Unis, aux iles de la Réunion. Mon calendrier est un peu chargé, je ne pourrai pas les citer tous maintenant. Quand cela arrive toujours, depuis 30 ans sinon 40 ans de carrière, je dis merci au bon Dieu d’avoir permis que la bénédiction des ancêtres m’atteigne, par ce que sans cela je ne serai rien.
Dans la mouvance de ce 10ème festival sur le Niger avez-vous un coup de gueule particulier ?
C.T.S : mon coup de gueule concerne la situation au nord du Mali. Ne nous disons pas que nous sommes libres tant qu’on n’aura pas la région de Kidal en plus de toutes les régions du Mali. Ne discutons pas avec des gens qui sont là pour semer seulement le chaos chez nous. Soit, ils déposent les armes on discute en bons frères, sinon s’ils ont les armes on ne pourra pas discuter. Ceux qui ne sont pas de la communauté du Mali, il faut les bouter dehors. Tous ceux qui n’ont pas compris ce message-là n’ont pas le droit d’exister sur notre territoire. Aucune minorité ne sera primée, les Touaregs, les Tamacheks, les arabes, les Malinkés … Je veux dire qu’aucune ethnie ne sera favorisée par rapport à une autre ethnie. On n’acceptera donc pas que des petits bandits viennent hypothéquer ce qui est de plus sacré chez nous, la cohésion sociale, du malien au malien.
Propos recueillis par Moustapha Diawara