L’occupation par les forces du mal, des 2/3 de notre pays, puis le secours apporté par la force Serval, les forces de la Cedeao et tchadienne, ainsi que la Communauté internationale pour nous tirer d’affaires, auraient pu servir de repères pour un nouveau départ. Cela aurait pu l’être si le processus de l’accord international signé à Ouagadougou le 18 juin 2013, et ayant permis la tenue des élections présidentielle et législatives, n’avait pas pris un coup d’arrêt.
De la faute du pouvoir d’aller aux pourparler que stipule l’accord international qui implique les Nations-Unies et toutes les parties prenantes maliennes, comme le gouvernement, les groupes armés rebelles et les groupes armés sédentaires.
Prévus dans les 60 jours après la mise en place d’un pouvoir élu, ces négociations pour un accord de paix peinent à voir le jour, cinq mois après que notre pays a été doté d’un pouvoir légitime. Toutes les parties prenantes, apparemment à l’exception du Président IBK, attendent aujourd’hui avec impatience la sortie de crise par le biais de ces négociations. Le Président tourne en rond, et ne semble intéressé qu’à faire et refaire sa valise entre deux avions, qu’à parler aux Maliens de l’extérieur, tentant visiblement de forcer leur estime, et qui en rigolent. Parce que tous voient clairement que le pays est dans une pente glissante, et que le plus tôt serait le mieux pour sauver la cohésion nationale, l’intégrité territoriale et la forme républicaine et laïque de l’Etat malien. Le pouvoir en a-t-il conscience ?
Au sortir des négociations de Ouagadougou en juin 2013, le MNLA, le HCUA, le MAA, tous avaient reconnu et s’étaient engagés pour l’intégrité territoriale du Mali. Après son élection, au lieu de s’attaquer à l’épineuse question, IBK a préféré le langage de la fermeté et on s’interroge si cela est la bonne formule, car ça lui rejaillit toujours à la figure.
Le président IBK a dit qu’il ne négocierait pas avec un groupé armé, qu’il n’accepterait pas que les groupes armés soient hissés à son niveau. Alors ce qu’au même titre que le Président, le MNLA a été reçu par les membres du Conseil de sécurité à Bamako. Ce qui a valu le coup de menton au président de la »Comode » et ancien président de l’Assemblée nationale, l’infatigable Professeur Ali Nouhoum Diallo, qui a laissé entendre dans l’Indépendant : «Il faut que l’ONU arrête de nous mettre sur le même pied d’égalité que les rebelles». Mais l’ONU n’était là que pour implorer sa Majesté le Président IBK à accepter de négocier. A qui la faute, si les rebelles sont aujourd’hui hissés au niveau d’IBK ?
Le vendredi 31 janvier 2014, le Roi Mohammed VI, a reçu en audience au Palais Royal de Marrakech, Bilal AG Cherif, secrétaire général du mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), accompagné du porte-parole du mouvement, Moussa AG Attaher. Les rebelles maliens hôtes du Roi, « présents à la prière du vendredi, à la mosquée d’Al Koutoubia de Marrakech, étaient assis, au premier rang. A droite du roi Mohammed VI, se trouvait Bilal Ag Cherif, le secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), alors que Moussa Ag Attaher, le porte-parole du mouvement était coincé entre Salaheddine Mezouar, le ministre des Affaires étrangère, et Mohamed Yassine Mansouri, le patron de la DGED », selon un site marocain, yabiladi.com.
Cette grande audience n’a certes pas été comprise par certains Maliens, mais là aussi, ils étaient venus demander au Roi, l’ami d’IBK qui le vénère, de bien vouloir s’impliquer pour ramener une paix définitive au Mali. N’est-il pas temps pour Bamako de se ressaisir et d’éviter que les rebelles ne soient hissés au dessus ? Nous pensons que c’est le moment, pour l’honneur du Mali et notre dignité de Maliens, aujourd’hui écornée.
B. Daou