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Libération des régions du Nord malien de l’occupation: La contagieuse détermination des mouvements de résistance armés
Publié le mardi 24 juillet 2012   |  L'Indépendant


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© Le Républicain
Véhicule rempli de munitions et d’armes


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Plusieurs mouvements armés de résistance viennent de montrer les biceps pour libérer le Nord malien occupé depuis bientôt cinq mois. Cette montée au créneau des leaders de Ganda-koy et groupes alliés devrait doper le moral des forces armées afin de lancer ensemble, dans les prochains jours, l’offensive de reconquête de la dignité du peuple malien. Les plus hautes autorités du pays ont-elles pris la juste mesure de cet appel à » la guerre avec le cœur » de Me Harouna Toureh et ses amis ?

Il n’est pas normalement du devoir des populations civiles, surtout des jeunes dont des adolescents de prendre les armes pour défendre le territoire national. Si l’Etat malien assiste aujourd’hui à une exaspération des Maliens en âge de se servir d’une arme, prêts à aller au front et combattre l’envahisseur, il y a matière à réflexion pour les plus hautes autorités du pays. Si une des missions régaliennes de l’Etat, qui est la puissance publique, la défense de la collectivité, échoit par défaitisme de celui-ci, à une couche de la population, il y a péril en la demeure.

En effet, lors de sa conférence de presse du samedi 21 juillet, la Coordination des forces patriotiques de résistance (FPR) avait violemment déploré l’inaction de l’Etat. Le président de cette coordination, Me Harouna Toureh, avait souligné le fait que « l’Etat malien s’embourbe dans l’inertie, rendant ainsi l’horizon d’une libération incertaine pour le court, voire le moyen terme. Pendant ce temps, la souffrance de nos compatriotes vivant dans la partie occupée s’aggrave de jour en jour et le désespoir s’installe « .

Constituées de Ganda-koy, Ganda-Izo, du Front de libération national (FLN), de l’Alliance des communautés de la région de Tombouctou (ACRT), de la Force armée contre l’occupation (FACO), du Cercle de réflexion et d’action (CRA), les FPR ont lancé un défi aux autorités maliennes afin qu’elles mettent rapidement l’armée nationale en ordre de bataille pour la libération effective des régions actuellement contrôlées par » les barbares du MNLA et les islamo-fascistes rétrogrades de AQMI, MUJAO, Ançardine et autres espèces sataniques du même acabit « , pour reprendre les termes du leader de Ganda-koy, Me Harouna Toureh.

Constitutionnellement, le président de la République est le chef suprême des armées. C’est donc au président de la transition, Pr Dioncounda Traoré, officiellement en convalescence à Paris, d’apprécier à sa juste valeur l’acte de détermination des mouvements armés pour enfin lancer cette grande offensive de reconquête de l’intégrité territoriale du pays. En ne saisissant pas cette balle au bond pour déclarer la guerre contre les ennemis communs, l’Etat malien ou du moins ceux qui en assument les hautes charges commettent une grave erreur qui pourra menacer leur autorité dans les régions reconquises.

En effet, si l’offensive venait à être lancée seulement par les milices armées des FPR, les populations affiliées aux combattants de ces groupes et ceux-ci mêmes se convaincront alors avoir été définitivement abandonnés par l’Etat. Ce qui constituera une dangereuse fissure dans le mur de l’unité de la nation malienne. Déjà, quand poussés à bout, Me Touré et les autres leaders des mouvements armés affirment ne pas avoir besoin d’une quelconque autorisation, fût-elle celle d’un Etat pour se défendre, défendre sa famille, ses terres, la cohésion nationale reçoit un coup qui entache l’appartenance à l’ensemble national.

Il faut souligner toutefois que Me Harouna Toureh et ses amis ont le mérite de sonner le tocsin à l’oreille des dirigeants et des responsables militaires. Par leur crédo » faire la guerre avec le cœur « , les responsables de Ganda-koy, Ganda-Izo et les autres font abstraction des récriminations portant sur le manque d’armements qui a justifié les nombreux replis tactiques et stratégiques sur le théâtre des opérations. Que Dieu entende les chefs des FPR assurant avec force et conviction que la guerre ne se remporte pas grâce aux armes dont on dispose ! » Nous avons les moyens. Ce sont les hommes. C’est leur courage, c’est le cœur, la bravoure, la détermination à en finir avec l’ennemi quel que soit son armement… « avait affirmé un des leaders des mouvements armés.

Me Toureh a pu se rappeler les combats héroïques livrés dans le passé par une centaine de jeunes avec trois kalachnikovs, qui, à force de courage et de résistance, ont dépossédé le camp ennemi de ses armes pour remporter la victoire. Et cet avocat originaire de Gao de rappeler que les occupants d’aujourd’hui se servent du matériel de guerre qui appartenait aux troupes loyalistes… Cette guerre, le président de Ganda-koy croit dur que le cœur la gagnera. Encore plus facilement si l’armée nationale s’y joint !

Par ailleurs, la question de la gestion ou de l’avenir de ces groupes armés se posera avec acuité après la libération des régions occupées. L’Etat malien pourra-t-il trouver un mécanisme approprié de réinsertion socioprofessionnelle de ces milliers de combattants qui s’entrainent rudement aujourd’hui -en formation militaire- à Sévaré et ses environs, prêts au sacrifice suprême pour libérer leur pays ? Au moment où on parle de conditions de vie difficiles des forces armées, l’Etat pourra-t-il se résoudre à intégrer tout ce beau monde dans la grande muette parce qu’ils se sont donnés pour relever le drapeau national tombé à Gao, Tombouctou et Kidal ? C’est cela aussi l’autre défi que les milices armées lancent à la puissance publique qui a failli.

Bruno D SEGBEDJI

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