Affaire du détournement de 3 milliards FCFA au Fonds mondial de la santé : Non-lieu pour Dr Lasseni Konaté, Oumar Ibrahima Touré inculpé mais libre, Ousmane Diarra toujours en prison
Les enquêtes relatives au détournement de la faramineuse somme de 3 milliards FCFA au Fonds mondial de lutte contre la tuberculose, le paludisme et le sida, enclenchées depuis octobre 2009, viennent d’aboutir à un non-lieu pour l’ex-secrétaire général du ministère de la Santé, Dr Lasseni Konaté. Quant aux deux principaux suspects dans cette affaire, à savoir l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré et l’ex-Directeur administratif et financier (DAF) du département, Ousmane Diarra, ils demeurent toujours non fixés sur leur sort deux années pleines après leur inculpation.
C’est le 17 juillet dernier que le juge a rendu une ordonnance de non-lieu concernant Dr Lasseni Konaté, ancien secrétaire général du ministère de la Santé, dans l’affaire dite du Fonds mondial.
Cette décision intervient deux ans, jour pour jour, après que l’inculpé eût bénéficié d’une liberté provisoire. Dr Lasseni Konaté avait été arrêté le 21 décembre 2009 et n’avait bénéficié de la liberté provisoire qu’après avoir passé 193 jours à la maison centrale d’arrêt de Bamako, autrement dit la prison centrale.
Dr Lasseni Konaté a été Directeur national de la Santé à l’époque où l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé était ministre de la Santé.
Il fut ancien Inspecteur en Chef de la Santé, Zéïnab Mint Youba, ancien Secrétaire général du département sous Oumar Ibrahima Touré.
Un bref rappel des faits : convoqué au pôle économique, le 21 décembre 2009, pour y être entendu dans l’affaire du Fonds mondial, Dr Lasseni Konaté, qui exerce au Centre national pour l’éthique et les sciences de la Santé (CNESS) situé dans la cour du CNAM à Djicoroni-Para, il se rend à pied auprès de l’institution judiciaire, sise à l’ACI 2000, chargé de confondre notamment les délinquants financiers, les fossoyeurs de l’économie nationale et les sangsues à col blanc. Il y est retenu et aussitôt écroué à la maison centrale d’arrêt de Bamako-coura.
Il séjourna longtemps dans cet établissement avant de bénéficier d’une liberté provisoire. Après le non-lieu dont il vient de bénéficier, Dr Lasseni Konaté est désormais blanc comme neige dans une affaire qui a porté un grand préjudice à la crédibilité de l’Etat malien.
Après avoir envoyé une quinzaine d’agents et de cadres du département de la Santé en prison, parmi lesquels l’ex-directeur administratif et financier, Ousmane Diarra, la justice a inculpé, en juin 2010, l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré pour atteinte aux biens publics, détournement de deniers publics, faux et usage de faux, favoritisme…dans l’affaire du détournement de la somme de 3 milliards FCFA au Fonds mondial logé à la DAF du ministère de la Santé. Même si l’intéressé n’a jamais été inquiété, puisqu’il se la coule douce à la maison, il n’en demeure pas moins qu’il reste le principal suspect dans cette affaire qui, tôt ou tard, livrera tous ses secrets.
Surtout que l’Etat malien se trouve sous la pression des bailleurs de fonds, les partenaires techniques et financiers, qui ont lié la reprise de l’aide du Fonds mondial à l’aboutissement des enquêtes et à la tenue d’un procès afin que justice soit rendue au Fonds mondial.
Cela ne suffisant pas, le Fonds mondial a exigé de la partie malienne, c’est-à-dire du gouvernement, le remboursement intégral de la somme détournée, soit, de l’avis même des autorités, la somme de 3 milliards FCFA.
Cela fera deux ans dans quelques jours que les principaux suspects croupissent en prison.
En effet, c’est en août 2010 que l’ex-DAF, Ousmane Diarra et une quinzaine de compagnons d’infortune ont été obligés d’élire domicile à la prison centrale de Bamako. Et à la prison pour femmes de Bolé où croupit l’ex-coordinatrice du Programme national de lutte contre la tuberculose, Dr Diallo Halima Naco.
Avec le non-lieu dont vient de bénéficier l’ex-inculpé Dr Lasseni Konaté, il est à parier que la machine judiciaire ne tardera point à se réveiller afin que les autres personnes inculpées, dans ce scandale dit du siècle, puissent être également fixées sur leur sort.