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Le Républicain N° 4793 du 10/2/2014

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De quoi je me mêle : Des origines de la crise actuelle de pintades à Bamako
Publié le mardi 11 fevrier 2014  |  Le Républicain




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Je réfléchissais, l’autre soir, à mon avenir –ne riez pas !- Et tout ce que j’ai pu imaginer c’est la planque d’opposant avec la promesse d’un statut (voitures comme on l’a écrit un confrère, plus probablement les trois autres V, virement, vergers, voyages). Mais deux obstacles à franchir. Le premier : se proclamer député. Difficile mais pas impossible, les voies de la Cour constitutionnelle étant insondables. Deuxième obstacle : bousculer Soumi de cette position.

Là, ce n’est pas donné, sauf si quelqu’un m’aide à faire migrer ses députés. Je cogitais alors quand mon fiston entra en bourrasque dans ma chambre avec un projet dont le budget se montait à une petite centaine de milliers de nos francs. Il en était tout excité. Moi aussi, surtout à l’idée qu’il chantera moins à la maison et qu’il renoncerait à la menace suicidaire de se produire en public. En plein dans le mille. En une semaine, le fiston a renouvelé sa garde-robe et son look : son pantalon est devenu plus tombant, son piercing plus visible et ses baskets moins radioactifs. Avec 150 000 Cfa, il a acheté un premier lot de pintades revendues, chacune au triple du prix d’achat. Deuxième semaine : cinq fois le prix d’achat.

Le fiston devient la star qu’il n’a pu être avec le rap. Troisième semaine : il recrute des gros bras pour se frayer un passage dans le quartier. Jakarta neuve et plein de nouveaux copains qui l’adulent. Et puis comme il avait plus d’appétit en mangeant, il me confia qu’il allait marabouter Ibk. Pourquoi donc, lui demandé-je, choqué ? « Pour qu’il remanie le gouvernement le plus tard possible car j’ai encore un lot de pintades à écouler au prix fort ». Ah c’est ça la clé du trésor ? « Et oui, papa, Les anciens ministres pensent qu’un sacrifice de pintade leur permet de garder leur poste. Et les ministres postulants sont sûrs que la précieuse chair leur permet de chasser les anciens qui s’accrochent » Et pour ça, « 60 000 Cfa une pintade est un prix moyen ». Sans me mêler des affaires intérieures du fiston, je me demande si le rap n’est pas plus moral. Vous pensez pareil ?
Adam Thiam

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