Le communiqué daté du 20 juillet 2012 du département de la Défense et des Anciens combattants fait état déclare que suite aux multiples désertions constatées au sein des Forces armées et de sécurité, le ministre de tutelle a instruit à ses services spécialisés, notamment la Direction générale de la Gendarmerie nationale et la Direction de la sécurité militaire, de diligenter des procédures d’avis de recherche et de renseignements des militaires en absence non justifiée dans leurs unités respectives.
Les différents avis de recherche et de renseignements militaires demeurant infructueux, le ministre de la Défense et des Anciens combattants ordonne leur traduction devant des Conseils de discipline ou d’enquête. Il informe l’opinion nationale et internationale que tous les militaires concernés (officiers, sous-officiers et militaire du rang) ont été radiés du cadre des effectifs des Forces armées et de sécurité dans le strict respect des dispositions statutaires. Ils seront éventuellement recherchés et traduits devant les tribunaux militaires, conformément au Statut général des militaires et du Code de justice militaire. Ce communiqué continue de laisser les Maliens pantois car vouloir radier des militaires, surtout en ce moment crucial de l’histoire du pays, frise le ridicule et démontre que le ministre de tutelle semble se moquer de la stabilité et de la réconciliation nationale entre les enfants du pays. Ce qui démontre aussi la peur et surtout le manque de confiance en son entourage.
La situation de crise ambiante n’est pas sans rappeler celle de certains pays de la sous-région qui ont vu leur régimes s’effondrer du fait de la mauvaise gestion de la tension sociale. Conscient de ce péril, le ministre doit calmer le jeu plutôt que d’attiser le feu qui couve déjà sous les cendres, selon de nombreux observateurs car depuis le contrecoup des Bérets rouges, la stabilité du pays est restée incertaine, surtout que des militaires de cette unité sont encore dans la nature ainsi que d’autres éléments des autres corps de la défense et de la sécurité. En effet, selon ces derniers, la recomposition du leadership des forces armées du Mali suite au départ du pouvoir de l’ex-président ATT, a ainsi servi de tremplin pour dissoudre ce corps vieux de plus de 50 ans, sous le seul prétexte que ce corps n’a plus sa raison d’être.
En prenant cette initiative de radier ces hommes des rangs des forces de défense et de sécurité, le ministre de la Défense, le Colonel-major Yamoussa Camara, semble se mettre dans l’air du temps. Le schéma existe déjà dans la sous-région ouest- africaine, notamment en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Dans le premier cas, le défi est celui de la création d’une armée républicaine tenant compte de l’unité nationale dont le Président Ouattara se veut garant.
Le second cas est plutôt caractéristique de la fameuse « dictature éclairée » de Blaise Compaoré. Sauf malaise maîtrisé au sein de l’armée, le Mali n’est pas en situation d’après-guerre fratricide. Il ne reste donc plus que l’école burkinabè pour déterminer ce choix. Pour celui qui connaît le corps de la « Grande muette » pour la force, le présent contexte commande donc que l’entourage reste vigilant et surtout mette un terme à la souffrance des Maliens. Pour beaucoup d’observateurs, cet état de fait n’est pas sans relation avec l’agitation intérieure observée depuis plusieurs mois et surtout, l’actualité dans la sous-région ouest-africaine. En effet, après le coup de force du 22 mars dernier, les militaires du CNRDRE se heurtent depuis ces derniers mois à la persistance d’une tension permanente au sein des différentes couches du pays. Ainsi, de la classe politique aux partis politiques, les militaires se heurtent à une remise en cause régulière de ses décisions et de sa façon de vouloir s’immiscer dans la gestion des affaires du pays.
Après avoir usé à plusieurs reprises de ses pouvoirs exceptionnels suite au coup de force du 22 mars, le Capitaine Sanogo et ses hommes ne sont pas prêts à lâcher du lest pour faire revenir l’accalmie au sein des forces de sécurité et de défense du pays. Bien au contraire, ils veulent envenimer la situation de ni paix ni guerre que traverse le pays avec son corolaire de souffrances et de malheurs au sein de la population. Cette situation a mis à mal la gestion du pays ces derniers temps en mettant en lumière son déficit de confiance vis-à-vis des forces armées qui ne sont pas de même bord qu’eux. C’est d’ailleurs dans cette même logique que s’étaient inscrit les Présidents ivoirien, Alassane Dramane Ouattara et burkinabé, Blaise Compaoré en s’attribuant les portefeuilles ministériels de la Défense au sortir de 10 ans de crise aiguë en Côte d’Ivoire et d’une violente mutinerie au Burkina-Faso au cours des mois de mars et avril 2011. Dès lors, en procédant à sa nomination à la défense nationale, le Colonel Yamoussa Camara peine à laisser transparaître ses suspicions à l’endroit de ses frères d’armes.
Un coup d’épée dans l’eau
Si depuis sa nomination à ce poste, le ministre Colonel, bien qu’étant un élément du CNRDRE, plutôt que de jouer à l’apaisement, ne fait qu’obéir aveuglement à son Capitaine de Kati, alors qu’en la matière, c’est plutôt ce dernier qui devrait recevoir de lui des ordres. Ce qui démontre que le commandement au sein de nos forces de défense et de sécurité a pris un sérieux coup. Si le Premier ministre ne prend garde à ramener ce dernier à la raison, qu’il ne soit pas surpris de voir le pays basculer dans une escalade de violences que nous condamnons d’office car le plus urgent pour le pays, c’est sa réunification et non sa dislocation.