nous avons rencontré les dirigeants des Indépendantistes du nord-Mali à l’hôtel Plazza. De toute évidence, cette causerie, bien qu’elle fût quasi banale, a forcément tourné autour de l’épineuse question du Nord. Tous les différents commentaires nous conduisent à une seule et unique conclusion : un statut particulier est en passe d’être accordé principalement à la région de Kidal.
En nous gardant de spéculer sur les enjeux de cette décision qui, du reste, est à officialiser, limitons nous dans cette parution à évoquer quelques passages qui illustrent ce destin et l’assurance que montrent les uns et les autres à se retrouver au pire des cas avec un statut particulier de fédération. A notre arrivée, nous avons pris place dans le hall de l’Hôtel. Pendant que nous défilons notre répertoire pour prévenir nos hôtes de notre présence, voici soudainement Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, l’ancien vice-président du MNLA, qui traverse le hall pour se retrancher dans un petit salon, où il devait s’entretenir avec une «blanche asiatique». Du coup, nous l’interceptons et il nous «trimbale» vers ce fameux salon avant de nous dire qu’il doit recevoir de la visite. Rapidement, il nous commande à boire et sans transition, il se met à évoquer la crise en émettant des réserves sur ce qu’il appelle la multiplication des pays médiateurs. Sans que cela soit une mauvaise chose en soi, à son avis, le Mali aussi bien que les mouvements doivent faire preuve de vigilance.
Selon lui, cette multiplicité des pays médiateurs (évoquant l’entrée du Maroc dans la danse) risque de provoquer une diversification des enjeux qui conditionneront la paix. Toute chose qui pourrait soit précipiter vers une paix fragile et non durable, ou, alors, pousser les états dans un semblant de «guerre froide» qui ne dit pas son nom et qui sera orchestrée dans un climat de mauvaise politique. L’ancien Vice-président du MNLA a reconnu les inquiétudes de l’Algérie face à l’implication subite du Maroc dans les évènements, avant d’ajouter qu’ils trouveront le feeling nécessaire pour apaiser les soucis du pays de Bouteflika. Là-dessus, Ag Mohamed Assaleh nous a confié qu’il s’est même déjà entretenu avec l’Ambassadeur de l’Algérie au Mali et qu’une autre rencontre avec celui-ci était prévu le même jour en début de soirée. Au fil de la causerie, l’actuel vice-président Djéry Maiga nous rejoint et les argumentaires de la causerie s’enrichissent. Mais, à un moment donné, voilà l’invitée «blanche asiatique» de Ibrahim qui viendra nous interrompre. Nous suspendons la causerie (qui, pourtant devenait très intéressant du fait des propos toujours pas forcément similaires de l’ancien et du nouveau vice-président) et Djéry nous conduit tout droit dans sa chambre.
Déjà, dans l’ascenseur, Djery a commencé à se plaindre de notre confrère (Abdoulaye Diakité) qu’il avait rencontré la veille mais qui, selon lui, ne s’est pas montré fidèle à ses propos.
Après nous avoir installés dans sa chambre, le vice-président du MNLA s’empresse de bondir sur les rumeurs du déchargement de Ouagadougou du dossier du Nord.
Pour lui, toute tentative d’écarter le Burkina du dossier pourrait être préjudiciable à l’atteinte d’une paix définitive. Parce que, souligne-t-il, la question n’est plus de négocier pour négocier comme par le passé, mais il s’agit de clôturer ce différend pour de bon. Pour ce faire, inutile de chercher des solutions miracles, restons sur celle qui a déjà fait ses preuves et grâce à laquelle nous sommes à ce stade très avancé des pourparlers. Pour Djéry, le souci de trouver un dénouement à cette crise anime tous les mouvements, il faut tout simplement un préalable à respecter.
Dans un premier temps, les négociations doivent aller se tenir dans un pays neutre et pour le choix de ce pays, aucune préférence n’a été émise par qui que ce soit. Dans un second temps, nous admettrons toutes les concessions; mais, ne nous saurions nullement aller en dessous du statut de fédération. Pour être clair, au pire des cas, ils se retrouveront avec au moins un état malien fédéré avec l’Azawad. «Ceci n’est pas négociable», a-t-il insisté.
Après près d’une heure de causerie, nous avons décidé de continuer les échanges dans le hall et voir également si Ibrahim a terminé avec son invitée. Nous étions arrêtés devant l’ascenseur quand celui-ci s’ouvre et voici Adghaimar Ag Alhousseyni (membre de la commission mixte de sécurité) qui y sort. Il nous conduit à son tour dans chambre, nous installe et nous confie qu’il était sorti pour aller régler certaines affaires personnelles à lui. Dans les discutions que nous avons eu avec cet ancien colonel de la Garde Nationale, tous ses propos étaient axés sur l’opinion publique malienne et la mauvaise appréciation que fait celle-ci de leur démarche. Pour lui, il n’y a aucun différend entre les peuples maliens mais plutôt entre certains peuples et l’Etat central, c’est-à-dire les autorités politiques du Mali. Une autorité manquant de volonté politique dont le choix (depuis les premières rebellions) de diviser les peuples en dressant certains contre les autres est seule responsable de tous les problèmes que traverse le Mali.
En début de soirée, une réunion à huid-clos s’improvise et nous étions obligés de dire au revoir aux controversés indépendantistes. Nous nous sommes plus revus. Mais le jeudi soir, c’est-à-dire la vielle de leur départ pour Ouagadougou, (aux environs de 00h), Djery nous appelle au téléphone pour revenir encore une fois sur sa fameuse interview parue sur le net. En soulignant ceci : «n’oubliez pas de dire à votre confrère qu’il m’a calomnié, mais je ne laisserai jamais. Il va me payer cette insolence. Mon éducation ne me permet même pas d’insulter une banale personne à fortiori un Président de la République…. ». Nous faisons économie du reste de ses propos qui indiquent tout nettement son indignation mais inopportune à publier.