DAKAR - Des chefs d`Etat d`Afrique de l`Ouest ont dénoncé
l`attitude de "défiance" des deux juntes militaires au Mali et en
Guinée-Bissau, à l`ouverture jeudi à Dakar d`un sommet extraordinaire, le
second en une semaine, consacré aux crises qui déstabilisent ces deux pays et
la région.
"La situation n`évolue pas de manière positive dans les deux pays", a
déclaré le président sénégalais Macky Sall à l`ouverture du sommet, en
présence d`une dizaine de chefs d`Etat sur les quinze pays membres de la
Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao), dont l`Ivoirien
Alassane Ouattara et le Burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise
malienne.
Président en exercice de la Cédéao, M. Ouattara a dénoncé "l`attitude de
défiance des deux juntes" qui "nous amène à faire un pas supplémentaire vers
la mise en oeuvre des décisions de notre organisation".
Ce sommet se tient une semaine après celui du 26 avril à Abidjan, à l`issue
duquel la Cédéao avait décidé d`envoyer des troupes dans les deux pays et de
fixer à un an les périodes de transition avant la tenue d`élections
présidentielle et législatives.
"La région ne saurait tolérer cette défiance perpétuelle des militaires
bissau-guineens qui, au mépris des règles constitutionnelles, tentent
d`imposer leur volonté a leur peuple", a renchérit le président de la
commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo, en appelant à "d`avantage de
fermeté".
"Cette fermeté doit également être de mise dans le cas du Mali ou les
affrontements de ces dernieres 48 heures tentent non seulement de remettre en
cause le processus de transition mais aussi de détourner l`attention sur la
restauration de l`intégrite territoriale du pays", a-t-il ajouté.
Le président malien Amadou Toumani Touré (ATT), réfugié à Dakar, a été
renversé le 22 mars par une junte menée par le capitaine Amadou Haya Sanogo.
Ce dernier avait, sous la pression de la Cédéao, rapidement accepté de
rendre le pouvoir à des civils qui ont pris la tête d`organes de transition
pour un an, jusqu`à l`organisation d`élections présidentielle et législatives.
Mais le capitaine Sanogo et ses hommes n`ont jamais vraiment renoncé à leur
pouvoir et se sont comportés comme les maîtres de Bamako, procédant à de
nombreuses arrestations dans les milieux d`affaires, politiques et militaires,
visant des personnalités considérées comme proches d`ATT.
Le capitaine avait rejeté les décisions prises lors du sommet d`Abidjan le
26 avril.
Position ambiguë de la junte à Bissau
Lundi et mardi, des militaires restés fidèles à l`ancien président ont
vainement tenté de reprendre le contrôle de lieux stratégiques tenus à Bamako
par les ex-putschistes, aéroport, radio-télévision nationale (ORTM) et leur
quartier-général à Kati, près de la capitale, lors de combats qui ont fait au
moins une vingtaine de morts et des dizaines de blessés.
En Guinée-Bissau, pays secoué par des convulsions politiques et militaires
depuis son indépendance du Portugal en 1974 après une guerre de libération,
devenu une plaque tournante du trafic de drogue entre l`Amérique du Sud et
l`Europe, un nouveau coup d`Etat militaire a eu lieu le 12 avril.
Leurs auteurs, dont le chef d`état-major de l`armée Antonio Indjaï, ont
depuis eu une attitude ambiguë.
Il ont accepté dans un premier temps les décisions de la Cédéao prise à
Abidjan d`envoyer à Bissau une force militaire ouest-africaine et de mettre en
place une transition d`un an dirigée par les civils. Mais trois jours plus
tard, lors d`un réunion à Banjul, la Cédéao a décidé d`imposer des sanctions
contre la Guinée-Bissau affirmant que le général Indjaï avait tout refusé.
Et mardi la junte a dit accepter "toutes les exigences" de l`Afrique de
l`Ouest sur le retour du pouvoir aux civils, à l`exception du rétablissement
dans ses fonctions de président par intérim Raimundo Pereira.
Ce dernier avait été arrêté lors du coup d`Etat avec d`autres dirigeants du
pays, dont l`ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior, qui ont été libérés il y
a six jours et ont trouvé refuge à Abidjan.
L`UE a adopté jeudi des sanctions contre six responsables du coup d`Etat
dans ce pays, tout en demandant le "retour immédiat à l`ordre constitutionnel".
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