Le Mujao refait parler de lui au Mali. Il y a une semaine, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest a revendiqué l’enlèvement samedi 8 février d’une équipe du CICR entre Kidal et Gao avant de s’attribuer des tirs de roquettes en direction de l’aéroport de Gao. Est-ce un retour en force du mouvement jihadiste ?
Enlèvement, tirs d’obus, le Mujao ne veut pas tomber dans l’oubli. Officiellement islamistes, ces moudjahidines, comme on les appelle couramment à Gao, sont avant tout des narcotrafiquants qui sont entrés dans la lutte armée pour protéger leur territoire et leur business. Après leur éviction de Gao, début 2013, nombre des leaders souvent sahraouis ont rejoint Mokhtar Belmokhtar, pour créer un nouveau mouvement terroriste, Al-Mourabitoune.
Mais à l’ombre de ces terroristes, des chefs locaux, majoritairement issus de la communauté arabe du Telemsi près de Bourem, sont restés dans la zone de Gao. En décembre dernier, l’un d’eux, Aliou Touré, commissaire islamique de la ville a été arrêté prés de Gossi par l’armée malienne. Aujourd’hui, c’est l’un de ses complices, Yoro Abdousalam qui revendique l’enlèvement des personnels du CICR.
La prise d’otage est une façon pour eux de dire qu’ils existent, et qu’il ne faut pas les sous-estimer, assure un bon connaisseur du nord du Mali. Contrairement à d’autres groupes islamistes comme le HCUA, les combattants du Mujao ont été exclus de toute discussion avec la partie malienne : aucune offre de désarmement et réinsertion ne leur a été proposée.
La plupart des combattants du Mujao sont pourtant des Maliens, des jeunes peuls, songhaïs, ou touaregs à la dérive. Aujourd’hui, faute de porte de sortie, ces combattants tentent de se réorganiser et de montrer leur capacité de nuisance.