Certains syndicats du secteur de la santé menacent de déclencher une grève de 48 heures à partir du 19 février 2014 pour, disent-ils, tordre la main au Ministre de la Santé et lui faire ravaler sa décision de muter un de leurs dirigeants. Il s’agit en occurrence du secrétaire général du syndicat de l'Hôpital Gabriel Touré.
Si déclencher un mouvement de grève est un droit syndical reconnu par la Constitution du Mali, encore faudrait-il que ce soit pour une cause juste et défendable où une compromission, à ce niveau, pourrait constituer une entrave à l’exercice de ce droit syndical, au bien-être ou aux conditions de travail des travailleurs. Or, tel ne semble apparemment pas être le cas pour la grève programmée pour les 19 et 20 février courant, dans la mesure où la mutation du secrétaire général du Syndicat de l’Hôpital Gabriel Touré à la Direction de la pharmacie et du médicament n’entrave en rien sa position syndicale, encore moins le droit des syndiqués. A moins que les initiateurs de cette grève de 48 heures en préparation n’apportent la preuve du contraire. Ce qu’ils n’ont jusqu’ici pu faire, se contentant seulement de l’argument vaste et évasif qui consiste à dire que le Mali est signataire des Conventions de l’OIT (Organisation Internationale du Travail), lesquelles, affirment-ils, banniraient les mutations de syndicalistes. Mauvaise lecture ou faux-fuyants ?
Les spécialistes des droits au Ministère de la Santé et d’autres experts en dehors dudit Ministère sont pourtant formels : dans le cas de la mutation concernée, il n’y aurait aucune violation de textes de la part du Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique. Le Dr. Lanseny Bengaly, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas été muté hors de ses champs d’action syndicale, et reste toujours le secrétaire général du Syndicat de l’Hôpital Gabriel Touré. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle d’autres syndicats du secteur de la Santé ont déjà annoncé qu’ils ne prendront pas part à cette grève de 48 heures programmée, pour absence de motif valable.
Et comment ne pas leur donner raison, quand les initiateurs de ladite grève, menés par le principal concerné par la décision de mutation, à savoir le Dr. Lanseny Bengaly en personne, se disent déterminer à paralyser les services de la santé si le Ministre ne revenait pas sur sa décision ? Le rôle d’un syndicat est-il de paralyser, à dessein, un secteur aussi sensible que celui de la santé ?
Basculer du syndicalisme à de l’anarchie serait une gifle administrée à la démocratie, elle qui garantie la liberté syndicale et toutes les libertés, tout comme les droits humains de tous les citoyens maliens. Quelles seraient les conséquences de cette grève de 48 heures, si elle a lieu, pour les usagers des hôpitaux, disons les plus pauvres, les nantis ayant déserté nos hôpitaux au profit des cliniques privées ? Des morts qui pourraient être évitées ? Des complications qui pourraient être prévenues ? Nul ne saurait en déterminer avec certitude. Les malades et les pauvres sont-ils réduits en des exutoires pour des révendications coorporatistes? Les consciences sont interpellées !