Dans la ‘’Rue publique’’ de Kati, il avait juré la main sur le cœur de faire clouer le bec à la presse malienne. Pour ce faire avec ses hommes, il a réussi à effrayer, agresser et torturer de nombreuses têtes de proue de la presse privée malienne. El Hadj Saouti Labass Haidara de ‘’l’Indépendant’’, Abdrahamane Kéita de ‘’l’Aurore’’ et Birama Fall du ‘’Prétoire’’ ont tous laissé tomber des plumes sous ses pieds. Le vendredi 14 Février, Général Sidi Touré, car il s’agit bien de lui, a passé une nuit méritée de Saint Valentin dans la cellule du camp I de la gendarmerie de Bamako.
Les premières heures d’après putsch de Mars 2012 ont été fatidiques pour la majeure partie de la presse malienne. En plus de la crise larvée que cet événement anti démocratique l’a plongé, elle s’est trouvée sous l’emprise de la soldatesque de Kati. Le maître d’œuvre de cette couronne d’enfer n’était autre que le jeune nouveau directeur de la Sécurité d’Etat, le colonel Sidi Touré, bombardé Général de brigade après. Au moment où les deux tiers du pays étaient entre les mains des margouillats jihadistes et autres narcotrafiquants, la seule médaille de guerre qu’il exposait auprès de ses chefs était les ‘’tronches’’ des hommes de média, notamment les patrons de la presse privée écrite. Une situation qui a fini par jeter du froid dans le dos de nombreux ‘’scribouillards’’ de la place.
C’est pourquoi, les moins forts du milieu ne se sont pas fait prier pour accourir vers la jungle de Kati, créer des regroupements de soutien à la junte, entretenir une adversité contre les autres confrères, jugés ‘’apatrides’’ ou affidés du régime défunt. Dans la foulée, n’importe quel ‘’Haya-show’’ barrait la une de nombreux journaux et déchirait les ondes de certaines radios. L’une d’entre elles se donnait souvent le loisir de diffuser et rediffuser la ‘’Tolérance zéro’’ du capitaine Amadou Haya Sanogo à longueur de journée. Par la force de cette calomnie médiatique on fermait les yeux sur les bavures de l’homme fort de Kati et célébrait ses bobards. Surtout lorsqu’il affirma qu’ « aucun soldat étranger ne foulera le sol malien ».
Du coup, le responsable de la sécurité d’Etat s’est retrouvé sur un boulevard où certains journalistes et patrons de média étaient des saletés à balayer. On a brusquement assisté à la mise sur table des écoutes téléphoniques de tous les journalistes, mêmes culturels. Les filatures élaborées visaient plus ces ‘’griots’’ du temps moderne que les proches de ces islamistes qui ont mis le pays sur les genoux.
Des visites inopportunes des barbouzes s’effectuaient dans les sales de rédaction, des menaces étaient proférées au bout du fil contre des journalistes, des imprimeries dissuadées de produire certains journaux et des responsables de presse étaient couramment convoqués dans les locaux de la sécurité d’Etat. Au seul mobile de ne pas diffuser des informations mettant à nu certaines pratiques de la junte de Kati. Comme ce fut le cas pour le directeur de publication du bi-hebdo ‘’Prétoire’’, Birama Fall. Par ce que longtemps mis sous écoute et filé, il fut interpellé manu-militari à la S.E avant d’être dissuadé à publier l’information relative à la découverte d’un charnier à Diago.
Comme si cela ne suffisait pas, les services de la sécurité d’Etat sous la coupole du Général Sidi Touré ont changé de fusil d’épaule contre la presse. Et ce, en employant la méthode forte. A savoir : l’enlèvement et l’agression des journalistes peu importe leur rang. Ainsi, le rédacteur en chef de ‘’l’Aurore’’, Abdrahamane Kéita sera filé et physiquement agressé au niveau de la place CAN. Aux mêmes endroits un autre rédacteur en chef, celui de ‘’Nouvel Horizon’’ Daba Balla Kéita sera accidentellement agressé sur sa moto.
L’événement qui soulèvera la couverture sur le vrai visage de la Sécurité d’Etat contre la presse malienne est sans doute l’enlèvement suivi de l’agression du directeur de publication du quotidien ‘’l’Indépendant’’ El Hadj Saouti Labass Haidara.
En effet, ces signatures de l’ex patron de la SE a laissé des stigmates dans l’esprit de la presse malienne. C’est pourquoi son interpellation et son inculpation le vendredi 14 février dernier, pour enlèvement, assassinat, complicité d’enlèvement et d’assassinat dans l’affaire des bérets rouges, constitueront un motif de soulagement pour la presse privée de presse malienne.
‘’Quant tu ne touches pas à la presse, la presse te touchera ; quant tu touches à la presse, la justice te touchera’’, pouvait-on caricaturer ainsi.