Les examens scolaires les plus mises en joue, se sont tenus mais avec ceci de particulier : une session ordinaire pour les candidats des régions du sud et ceux du Nord qui sont dans la capacité de composer, une autre dite spéciale qui se tiendra en octobre à l’intention des candidats restés au Nord et ceux qui se sont déplacés dans les pays limitrophes. Voilà pour les précisions à titre d’entrée en matière. Aussi faut-il relever que cette décision fait suite à la crise sociopolitique dans laquelle le pays baigne depuis quelque temps, et qui en est presque même arrivée à devenir une espèce d’auberge dont on a du mal à sortir.
Il y a tout de même ce premier constat : le gros des témoignages qui se sont étalés dans les colonnes des journaux atteste le bon déroulement de ces différents examens ‘’nationaux’’. Sauf qu’il est très important, au regard de certaines circonstances, de se demander ce que l’on entend par bon déroulement. Les surveillants à la mine serrée, silence de cimetière dans lequel on entendait les mouches vrombir, les coups de boutoir dans le dos, tirage de bout de chemise, appels insistants…et la pluie matinale qui s’y mêlait le plus souvent. C’est tout ?
Non. Pour ma part, lorsqu’un ami enseignant m’a demandé mon avis sur le déroulement de l’examen du DEF, j’ai répondu sans réfléchir et avec beaucoup de sévérité que ce qui est à déplorer, c’est qu’on en est toujours à cette étape où dans les salles d’examen, les candidats, des bons à la queue de la classe, escomptent un coup de main, fût-il providentiel. C’est-à-dire que, parfois, c’est le corrigé des sujets qui était distribué entre les candidats avec l’enthousiaste complicité des surveillants. C’est aussi pourquoi, il est de bon ton de se laisser rager sur ce qui se dit par certains enseignants. Ecoutons cet enseignant.
Pour lui « ce n’est pas facile d’être dur avec ces enfants (les candidats), parce qu’à la longue on finit par s’éprendre de pitié pour eux, et donc de lâcher prise. Ils n’ont rien dans la caboche ». Ce qui est absolument faux. La vraie raison, c’est qu’en laissant la liberté à ces enfants de copier, ces enseignants aussi espèrent glisser dans leur poche une modique somme de cinq mille francs à la fin de l’heure. Voilà ce qui est vrai. Tout cela conduit à dire tout simplement que les centres d’examen sont devenus le bastion de la lèpre de la corruption qui a presque empoisonné jusqu’à l’âme les candidats eux-mêmes.
Venons-en maintenant à un autre examen, celui qui a le plus d’enjeu, notamment le baccalauréat. Pour cette année _ en tout cas à ma connaissance_ aucun bruit faisant cas d’une fuite de sujet n’a pas ou presque couru, au contraire des autres années où le sujet circulait dans les salons, rues, téléphones la veille de l’épreuve. Et il n’était demandé à personne de rendre des comptes à ce sujet, le refus de l’impunité n’étant ni originalité, ni une réalité.
Mais on constatera tout de même que les réseaux d’affairisme ont gagné en ampleur. A dire vrai, il s’agit d’un groupe constitué d’enseignants, d’étudiants…qui dressent une liste de candidats à qui ils envoient par téléphone le corrigé du sujet en récompense d’une coquette somme d’argent. C’est ce qui est au goût du moment. Et là encore, les surveillants sont interpellés. Car j’avoue, sans aller jusqu’à dire que c’est impossible, qu’il est difficile qu’un candidat abuse de son téléphone à l’insu des surveillants.
Il fut effectivement un temps où l’admission à ces examens scolaires se méritaient (n’allez surtout pas penser que les admis aujourd’hui ne sont pas méritants). Mais, ce qu’il faut dire, c’est que ces examens sont vidés de leur sens aujourd’hui. Au DEF, dans certains centres d’examen, ne redoublent que ceux qui ont de la peine à écrire leur propre nom. Ce qui est la der des ders ! Que dire du CAP et du BT qui souffrent toujours d’enjeux, par rapport aux autres examens. Disons, pour faire court à plus de bavardages, que ce sont les enfants du même père et de la même mère (notamment le système éducatif malien et la nation malienne).
Ainsi, pour comprendre toutes ces jérémiades, il suffit de partir du principe selon lequel ces enfants sont ceux qui feront l’histoire de notre pays. Ils sont notre vieillesse, et auront aussi à éduquer d’autres enfants qui sont les leurs. C’est uniquement en ce sens qu’on se rendra compte du tort qu’on leur cause. Alors, surement il se trouvera forcement des gens qui, en réaction à cet article me prendront pour un ennemi acharné de ces candidats. Cela revient à faire fasse route. Et il ne faut pas non plus pousser la naïveté, comme le font ces enseignants, jusqu’à dire que c’est par pitié qu’on laisse la liberté à ces enfants de tricher ou voler. C’est en réalité faire preuve de citoyen de bas étage. Bonne chance à tous les candidats.