Sa Majesté le Roi Mohammed VI entame une visite dan notre pays du 18 au 22 septembre 2014. Une seconde du Souverain Chérifien en moins de 5 mois après sa présence remarquée à la cérémonie d’investiture de Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République le 19 septembre 2013 au Stade du 26 Mars. Cette visite, au-delà de son caractère officiel cache bien des enjeux au moment où la monarchie semble disputer, avec son voisin algérien le monopole des initiatives du dialogue inter-malien.
Cette visite du roi au Mali est la première étape d’une tournée africaine qui va conduire le monarque marocain en Guinée Conakry, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Pour la presse marocaine, ce nouveau déplacement du Souverain marocain en terre malienne atteste de la forte volonté du Maroc à dynamiser et à consolider les relations de coopération entre deux pays amis, unis par des relations économiques ancestrales et une histoire commune sur le plan familial et culturel. Mais, au-delà de ce discours officiel, ce n’est un secret pour personne que c’est la question de la résolution de la crise sécuritaire au nord du Mali qui va dominer les débats entre le chef de l’Etat et le Roi Mohamed VI.
Est-il nécessaire de préciser que selon certains observateurs « le souci constant du Royaume Chérifien est de préserver l’unité territoriale et la stabilité du Mali, ainsi que la nécessité de contribuer à une solution et un compromis qui va permettre de lutter contre les mouvements intégristes et terroristes qui menacent aussi bien les pays du Maghreb que toute la région du Sahel et du Sahara ».
En tout cas, pour le citoyen malien, la visite du monarque constitue une occasion d’être édifié sur le choix du médiateur dans la résolution de cette crise par nos autorités actuelles. Surtout quand on sait que cette question est devenue un enjeu entre les pays du Maghreb et la Cédéao. Pour mémoire, il faut dire que l’organisation sous-régionale avait choisi le Burkina-Faso comme médiateur dans la crise malienne. Mais, l’implication controversée de l’Algérie et tout récemment du Maroc montre bien que le choix du médiateur n’est pas encore réglé.
Et le choix des médiateurs divise toujours aussi les rebelles que la classe politique malienne. Si certains groupes armés comme le MAA et le HCUA ont accordé leur confiance à la médiation algérienne en se rendant à Alger le 16 janvier 2014, ce n’est pas le cas du Mnla qui a préféré une implication du roi du Maroc. Cette attitude des groupes rebelles est venue remettre en cause la médiation burkinabè qui avait pourtant permis la signature de l’accord du 18 juin 2013. Un accord qui a permis l’organisation des élections présidentielles et législatives en 2013.
Au cours d’une conférence de presse le 12 février dernier, le ministre chargé de la réconciliation et du développement des régions du nord a laissé entendre que « le Mali n’a pas été associé au choix du Burkina-Faso comme médiateur ».
Ajouter à cela les nombreuses déclarations de la diplomatie malienne laissant entendre que toutes les initiatives sont les bienvenues dans la sortie de crise, on se rend compte que la question du médiateur reste entière. Alors, à qui de ces trois pays ci-dessus cités reviendra l’honneur d’assurer la médiation ? C’est là toute la question. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Maroc va avec la bénédiction des autorités maliennes pour établir des contacts préliminaires entre les deux parties en vue de la signature de l’accord final à Bamako.
Abdoulaye Ouattara
Youssouf Z. Keïta