Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



Dernières dépêches



Comment

Société

Le Professeur Samba Diallo à propos de la crise du pays : « Il faut agir avec la raison et non la passion…l’heure n’est plus à l’exclusion mais plutôt à l’union »
Publié le mercredi 25 juillet 2012   |  Le Flambeau


Le
© Autre presse
Le Professeur Samba Diallo


Vos outils
height=28

PARTAGEZ


La situation que connait actuellement le Mali interpelle toutes les consciences, surtout celles des hommes de médias qui sont censés éclairer les lanternes et porter le fardeau de la liberté d’expression de tous les citoyens. Le Flambeau, et pour des raisons purement citoyennes et déontologiques, a orienté sa ligne éditoriale vers une approche constructive.

En d’autres termes, apporter sa modeste contribution pour la résolution des problèmes, la préservation de la paix et de la stabilité nationale, le recouvrement de l’intégrité du pays…tout en restant fidèle à ses missions d’information, de formation et de sensibilisation. L’apport des universitaires, dans cette logique, peut être d’une importance capitale d’où la réalisation d’entretiens avec les acteurs de l’Université et la publication de réflexions des chercheurs.

Nous avons profité d’une visite rendue au Doyen de la Faculté d’Histoire et Géographie, pour recueillir ses impressions sur l’actualité du pays. Un entretien à lire absolument…
Qui est le Professeur Samba Diallo ?

Le Professeur Diallo est Docteur en Géographie et Doyen de la Faculté d’Histoire et de Géographie de l’Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako. Je suis Appui – conseil du Recteur et ancien Directeur Général du CESB. J’ai eu à occuper les responsabilités de Conseiller et Chef de Cabinet au Ministère des Mines et de l’Energie ; Chargé de Mission et Chef de Cabinet du Président de la République Alpha Oumar Konaré et Premier Vice président de la CENI.

Quels regards portez-vous sur la situation actuelle du Nord ?

La situation actuelle dans le Nord de notre pays est affligeante et interpelle toutes les consciences. Cependant elle résulte de l’absence de vision de nos politiques tant aux plans sécuritaire que du développement ; singulièrement ces dix dernières années qui ont consacré la forme la plus achevée de la théâtralisation du pouvoir où la fourberie le dispute à la duplicité et à l’incompétence ; le tout enrobé dans un consensus politique assimilable à la loi de l’omerta.

Quelles solutions proposez-vous pour la résolution de cette crise ?

Il n’y aura pas de solution au Nord sans une certaine stabilité au Sud. Donc il faut à la fois une solution politique et militaire. Unis autour d’une vision largement partagée, les maliens peuvent envisager une solution militaire avec succès. Toute précipitation dans les conditions actuelles pourrait se révéler délicate. Il nous faut agir maintenant avec la tête (la raison) et non avec le cœur (les sentiments primaires comme l’orgueil ou la passion). En clair il faut agir sur les fronts politique et militaire tout en privilégiant le politique dans un premier temps.

Quels doivent être selon vous les rôles des institutions africaines et de la communauté internationale dans cette crise ?

Elles doivent aider les maliens à retrouver la sérénité, la vertu du dialogue et la capacité d’écoute d’autrui. J’ai le sentiment que ces vertus essentielles pour des êtres qui veulent vivre ensemble nous ont quittés en l’espace d’une crise. Par ailleurs le concours des partenaires régionaux et internationaux est essentiel sur le plan militaire et sécuritaire. Nous ne devons pas nous en priver.

5°) Vos impressions sur le gouvernement actuel ?

Un gouvernement doit refléter le fait majoritaire. Or celui qui est en place ne semble pas respecter ce critère. Les hommes et les femmes qui la composent, si je m’en tiens à ce que j’entends ça et là n’incarnent pas assez l’image de la société malienne. Certains y perçoivent la revanche d’une partie des maliens sur une autre. Cette perception est-elle liée aux conditions particulières de son installation ?

A l’insuffisance de communication sur l’équipe et les critères qui ont présidé au choix des hommes qui la composent ? Le sentiment dominant est qu’il n’est pas assez inclusif. Aussi est il indispensable de le réajuster sur la base de critères éthiques, moraux et politiques partagés par une large majorité.

Que vous inspirent la classe politique, la société civile et les institutions depuis le coup d’état du 22 mars ?

Nous avons le sentiment que nous devons repenser toutes ces questions si nous voulons bâtir une démocratie semblable à celle des autres dans laquelle tous les acteurs feraient des choix responsables et les assumeraient pleinement dans le strict respect de la morale et de l’éthique. Nous insistons sur ces mots car l’action publique ces dernières années avait tourné le dos aux valeurs morales qui fondent la vie en société.

Quelle est votre analyse sur la situation actuelle du Mali sur les plans politique, économique, social, culturel et démocratique ?

Sur tous ces sujets que vous évoquez le Mali connait une grave crise qui est à la fois politique, sociale, morale, etc. ; bref une véritable crise de société. Là-dessus nous avons très peu entendu ceux qui peuvent nous aider à retrouver le bon chemin. Nous voulons parler du philosophe et non d’un philosophe, de l’historien, du sociologue, etc. Les sciences sociales et humaines doivent être largement mises à contribution. Ce serait une erreur grave comme en 1992 de ramener toutes ces quêtes pour plus de justice, pour plus d’égalité de traitement…, à une simple question d’état de droit qui tournera vite en un « état du droit ».

Vos impressions sur ‘’Le Flambeau’’.

Une revue à encourager, mais qui devra à l’avenir centrer davantage sa ligne éditoriale sur le monde scolaire dans sa globalité et non sur l’enseignement supérieur ; sur ses crises, mais aussi ses succès.

Votre dernier mot Professeur :

Les maliens doivent se convaincre désormais que seules l’unité et la cohésion peuvent nous sortir de la situation cauchemardesque que nous vivons. L’heure n’est pas à l’exclusion, mais à l’union. Nous sommes au regret de constater que malgré la gravité de la situation, toutes les personnes ressources de la nation ne soient pas exploitées. Est-ce par calcul des gouvernants ? Par orgueil ? Ou par ignorance ?

Une fois que nous aurons recouvré l’intégrité du territoire national, nous devrons envisager, dans le cadre d’une large concertation, relire nos textes fondamentaux pour les adapter à la vision partagée que nous aurons adoptée.

Propos recueillis par

Fousseyni Maiga et Idrissa Kantao

LIENS PROMOTIONNELS