L’affectation du secrétaire général du comité syndical de Gabriel Touré à la direction de la pharmacie et du médicament est le sujet qui fâche. A raison, disent les syndicalistes. A tort, soutient le département de la Santé
Les militants du Syndicat national de la santé, de l’action sociale et de la promotion féminine (SNS-AS-PF), du Syndicat des cadres médicaux (SYNACAM) et du Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA), observent depuis hier une grève de protestation de 48 heures dans les établissements de soins.
Ils disent ainsi réagir contre « les violations des textes qui régissent la liberté syndicale », notamment les conventions 87, 98, 135 et 151 de l’Organisation internationale du travail qui protègent les responsables syndicaux et la liberté syndicale. Ils évoquent aussi le respect de la recommandation 143 de la même organisation qui définit les préjudices à ne pas faire subir aux syndicalistes. Il s’agit, entre autres, de la mauvaise notation, du blocage dans l’avancement, de la mutation, du sous-emploi et, pire, du licenciement.
Au delà de ces textes, la Constitution malienne garantit la liberté syndicale de même que la loi sur le statut général des fonctionnaires, arguent-ils.
Pourquoi cette colère syndicale ? L’élément déclencheur est une décision d’affection du secrétaire général du comité syndical de Gabriel Touré, le Dr Loseni Bengaly, à la Direction de la pharmacie et du médicament. Les grévistes réclament l’abrogation de cette décision de mutation.
En quoi la liberté syndicale a-t-elle été réellement entravée ? Le secrétaire général adjoint du bureau exécutif du SNS-AS-PF, Issoufi Maïga, explique que les syndicalistes ont épuisé les voies de recours avant d’observer un arrêt de travail. Il invite le ministère de la Santé à abroger la décision pour ne pas compromettre la paix sociale dans nos établissements de soins.
Les négociations entre les deux parties n’ont pas abouti. Le secrétaire général adjoint du SNS-AS-PF relève que face à leurs arguments juridiques, le ministère a simplement opposé le respect de l’autorité de l’Etat. Les syndicalistes, dit-il, tireront les enseignements des deux jours de grève pour décider de la suite à donner à leur mouvement.
Pour le secrétaire général du département de la Santé et de l’Hygiène publique, il n’y a pas de violation de la liberté syndicale. « Au département, nous avons procédé à une analyse de la situation. Nous avons pensé que pour le bien de l’hôpital Gabriel Touré et des usagers qu’il fallait prendre des mesures d’apaisement du climat social. Les mesures administratives prises s’inscrivent dans ce cadre. Il faut aussi retenir que le ministre a l’autorité pour disposer de ses agents où il le souhaite ». Pour le Pr Ousmane Doumbia ce n’est un combat contre personne mais simplement une décision de responsables qui pensent que le malade qui va par exemple à Gabriel Touré doit bénéficier d’un service adéquat. Le département a investi un peu plus de 1,5 milliard Fcfa à Gabriel Touré en moins d’un mois et demi pour l’intérêt des patients. « Gabriel Touré est le miroir de notre système de santé et il est bon que l’on puisse travailler dans un climat serein à ce niveau. Nous sommes des responsables et prendrons toutes les décisions allant dans le sens de l’amélioration des prestations et des services », explique le Pr Ousmane Doumbia.
La grève a été bien suivie dans les Centres hospitalo-universitaires et les Centres de santé de référence de Bamako. Il suffisait de faire un tour dans ces structures de soins pour s’en rendre compte. Mais dans ces différents établissements, les dispositions ont été prises pour assurer le service minimum.
Au centre national d’odontostomatologie, un médecin chirurgien a été consigné pour prendre en charge les éventuelles urgences chirurgicales. Des équipes de garde étaient aussi sur place pour assurer l’effectivité du service minimum.... suite de l'article sur L’Essor