Le grand débat attendu par les téléspectateurs de « France 2 » et de « TF1 » a tenu ses promesses ce mercredi soir. Au cours de ce face-face entre le candidat du Parti Socialiste, François Hollande et celui de l’UMP, Nicolas Sarkozy, plusieurs sujets ont été abordés. Sur le Mali, l’immigration, mais aussi et surtout la sécurité dans la bande sahélo-saharienne, étaient attendues.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) détient au total treize Européens dans le Sahel, dont six Français. Deux géologues, ont été enlevés le 24 novembre 2011 dans leur hôtel à Hombori dans le Nord de notre pays, entre Mopti et Gao. Les quatre autres, collaborateurs du groupe nucléaire public « Areva » et de son sous-traitant « Satom » ont été capturés au Niger le 16 septembre 2010.
« Risque d’un foyer terroriste au Sahel »
Interrogé sur la question ce mercredi, le candidat socialiste mesure tout l’enjeu sécuritaire dans cette zone. Pour François Hollande, « il faut aider le Mali et ses voisins du Niger et de la Mauritanie ». Que faut-il faire pour libérer ces otages ? Le candidat socialiste dit n’avoir pas tous les éléments en sa possession. Mais la nécessité d’obtenir leur libération en renforçant la coopération militaire avec ces pays pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé, est cruciale. Le risque principal étant l’installation d’un foyer terroriste durable dans le sahel.
Nicolas Sarkozy, qui est sur la même longueur d’onde, exige d’abord que le Mali organise des élections. « Le Mali est miné en ce moment. Il n’a pas, avec ses voisins, la stature d’un Etat pour faire face à la menace terroriste », a souligné Sarkozy, qui prône également la coopération militaire entre les différents Etats du sahel en partenariat avec la France. Le candidat de l’UMP, qui a déconseillé aux ressortissants français de se rendre dans cette zone, est revenu sur « la détermination » de son gouvernement à faire libérer les otages retenus par les ravisseurs.
« Le Mali et la question migratoire »
Au moment où Hollande propose « la maitrise de l’immigration », Sarkozy lui prône le durcissement des conditions d’entrée sur le sol français. Son discours rappelle aux Maliens le débat houleux sur les fameux « Accords de réadmission » relatifs à la gestion concertée des flux migratoires.
Initié par le gouvernement Sarkozy à l’endroit des pays africains, cet accord stipule que « chaque partie accepte de recevoir sur son territoire à la demande de l’autre partie et dans le respect de la dignité des droits fondamentaux des personnes, toute personne en situation irrégulière sur le territoire de l’autre partie ».
A ce jour, le Mali est le seul pays africain à ne pas avoir signé cet accord, malgré les nombreuses pressions exercées par Sarkozy à travers le Quai d‘Orsay. On estime à plus de 120.000 Maliens vivant en France, dont 60.000 en situation irrégulière. Selon le rapport Charles Milhaud sur « L’intégration économique des migrants et la valorisation de leur épargne », publié par la documentation française, les immigrés maliens vivant en France apporteraient par an à leur pays plus de 180 millions d’euros, soit 4,4% du Produit national brut (PNB).
Les Maliens vivant à l’extérieur apportent au pays 221 millions de dollars par an, soit le double de l’aide publique au développement estimée à 104 millions.