Des hommes armés ont débarqué récemment à Taoudéni (environ 850 à 900 km de Tombouctou) pour proférer des menaces contre les travailleurs des mines de sel gemme. Ces individus, selon toute vraisemblance, des djihadistes, ont intimé aux habitants de la localité de quitter les lieux dans les plus brefs délais, annonçant qu’ils comptent y installer leur base.
Les menaces ont été prises très au sérieux par les saliniers qui ont tôt fait de déguerpir sans demander leur reste. C’est ainsi que le 18 février dernier, un premier convoi de camions est arrivé à proximité à Attila, 15 km de Tombouctou, transportant une soixantaine de passagers qui louèrent ensuite des véhicules 4x4 pour regagner la ville.
La nouvelle du déguerpissement des mines de sel gemme par un groupe armé s’est répandue comme une trainée de poudre dans la ville de Tombouctou depuis la semaine dernière. Selon un témoin qui travaille dans la mine depuis 1985, c’est la première fois que des hommes armés s’en prennent aux mineurs, leur ordonnant de faire place nette.
Notre interlocuteur raconte qu’il y a environ une semaine, vers la mi-journée, deux individus armés et habillés en tenue militaire, sont arrivés dans la vaste carrière, demandant à parler au chef des saliniers. Puisqu’il n’y avait pas de chef, ils ont conduit le plus vieux des mineurs chez leur patron. Celui-ci se chargera de notifier sa décision de chasser les occupants des mines. Il leur a donné tout juste 3 jours pour disparaître de sa vue. L’annonce fut accompagnée de menaces et de gestes d’humiliation à l’égard du vieux. Les individus armés étaient au nombre de 8 personnes dont 4 jeunes.
Malgré l’arrogance des intrus, le représentant des mineurs Hamdi Al Abd Ben Barka dit Amaida s’emploiera à les convaincre d’accorder un délai plus long pour permettre aux et aux autres de bien se préparer à quitter les lieux. Apparemment sensibles aux suppliques, les sbires consentirent à accorder un peu plus de temps aux mineurs pour quitter Taoudéni en bon ordre.
Informés de la décision des nouveaux maîtres des lieux, les mineurs ne se la feront pas dire deux fois. Les plus nantis ont affrété un camion sur place pour y charger leurs affaires. D’autres ont dû emprunter de l’argent pour payer les frais de transport. Mais tous n’ont pas encore réussi à quitter les lieux.
A Tombouctou, l’inquiétude est grande chez les parents des mineurs restés à Taoudéni. Ceux-ci sont en train de s’organiser pour trouver une solution de rapatriement à leurs proches. Le voyage n’est pas donné car un véhicule 4x4 se loue à 600.000 Fcfa et un camion à 1 500.000 Fcfa.
Combien de saliniers y avait-il à Taoudéni ? Nombre interlocuteur n’en connait pas le nombre exact mais avance une fourchette de 1.000 à 1.500. Selon lui, la plupart vivaient dans une précarité extrême. Nombreux étaient ceux qui travaillaient pour des gens auprès desquels ils avaient contracté des dettes à Tombouctou avant de partir.
Affaire à suivre !
Source : Amap